Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2015 > mai > 11

Le « modèle anglais » de Cameron : un modèle anti-ouvrier !

La City de Londres a salué d’une hausse de ses indices la large victoire du Premier ministre conservateur britannique Cameron. Après une législature, le parti de ce dernier dispose désormais de la majorité absolue au Parlement. Des deux côtés de la Manche, les réactionnaires exultent, vantant le « modèle anglais » : taux de chômage de 5,5 %, 2 millions d’emplois privés créés depuis 2010 pour 743 000 emplois publics supprimés – les chiffres du « succès » sont répétés en boucle…

Les 743 000 emplois supprimés dans le public sont bien une réalité : coupes sombres dans l’Éducation, dont le budget a diminué de 13 %, avec 156 000 postes d’enseignants supprimés. Coupes sombres dans les services sociaux de santé des collectivités locales, en baisse de 21 %.

Explosion de la précarité

Par contre, il faut voir ce que sont les 2 millions d’emplois créés dans le privé ! Contrats « zéro heure » qui lient, parfois de façon exclusive, un travailleur à une entreprise, sans que cette dernière ait d’obligation en termes d’emploi ou de minimum de salaire. 700 000 personnes auraient travaillé ainsi d’octobre à décembre derniers, en moyenne 25 heures par semaine : on est loin du retour à l’emploi. Mais, surtout, plus encore qu’ici, il y a eu une explosion du nombre d’« auto-entrepreneurs », main d’œuvre officiellement à son compte, en réalité surexploitée, à qui rien n’est dû, ni cotisation retraite, ni congés payés, obligée d’accepter des conditions de travail d’un autre âge pour pouvoir « emporter un marché », c’est-à-dire gagner quelques sous contre un travail souvent harassant…

Toute la politique de Cameron est de la même eau. Contrôles renforcés contre les chômeurs contraints de pointer quotidiennement et d’accepter n’importe quelle « tâche d’intérêt collectif » en contrepartie de leur indemnité de chômage – Cameron n’est pas loin de réinventer les sinistres « maisons de travail » du XIXe siècle ! –, baisse des allocations familiales, comme ici liées aux conditions de ressources, augmentation de l’âge de départ à la retraite…

Un « modèle » dirigé contre les travailleurs

La politique « économique » de Cameron n’a même pas eu pour conséquence, ni pour but d’ailleurs, de restaurer les performances industrielles : de l’aveu même de la revue The Economist, la productivité du travail en Grande-Bretagne est plus faible que dans les pays équivalents, preuve que les prétendus succès économiques s’appuient sur la surexploitation des travailleurs et non sur l’investissement productif.

Mais, dans un contexte de crise, peu importe aux patrons que le travail ne soit pas « productif » s’il est bon marché. Revenir sur tous les avantages des travailleurs est un objectif immédiat qui leur suffit et qui est partagé par tous les gouvernements européens.

À quoi rêvent les riches…

Voilà donc ce qui fait rêver les nantis : une société où les travailleurs n’auraient plus guère de droits, qui serait débarrassée des « contraintes » du salaire minimum, des cotisations sociales, une société où tout est organisé pour que les riches puissent niaisement étaler leurs Rollex ou se pavaner dans leurs gros SUV, au prix d’un appauvrissement des autres.

C’est tout l’avenir qu’ils nous souhaitent, c’est d’ailleurs déjà le présent. Avec des variantes, c’est partout la même politique anti-ouvrière. Mais, à niveler la situation des travailleurs en Europe et dans le monde, ils créent les bases d’une unification des luttes, redonnant tout son sens à l’appel de Karl Marx : « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! »

Les réactionnaires ont gagné les élections en Grande-Bretagne sur fond, comme ici, de dégoût des travailleurs pour les simagrées d’une gauche gouvernementale tout aussi veule là-bas qu’ici. Ce n’est pas réjouissant, mais ce ne sont que des élections ! Sur le terrain, celui des luttes sociales, il est encore possible de remettre les pendules à l’heure. En tout cas, c’est une nécessité !

Imprimer Imprimer cet article