Mais qu’est-ce qui fait trembler un premier ministre ?
9 mars 2015 Éditorial des bulletins L’Étincelle
Pauvre Manuel Valls, qui fait une crise d’angoisse à la veille des élections départementales du 22 mars. Notre premier ministre a déclaré qu’il avait « peur » des scores du Front national ! Voilà donc le PS, au gouvernement, qui essaie de se refaire un électorat en se présentant comme un rempart contre l’extrême-droite. Mais c’est tout le contraire qui est vrai.
L’angoisse des fins de mois des familles populaires ne préoccupe pas le ministre. Sa politique d’austérité, de coupes budgétaires dans les services publics, son soutien sans faille aux grands groupes qui suppriment des emplois par milliers ou dizaines de milliers : voilà ce qui crée le terreau électoral de l’extrême-droite. Cette tendance exprime souvent une colère bien légitime, grossièrement détournée par le FN dont l’arrivée au pouvoir ne changerait rien, bien au contraire, au sort des travailleurs.
Le poison raciste et xénophobe
En réalité, Manuel Valls pratique lui aussi la démagogie xénophobe.
Qui s’en est pris aux Roms, parmi les pauvres les plus vulnérables et ne représentant qu’à peine 20 000 personnes dans le pays, non seulement verbalement mais en les expulsant brutalement de leurs campements ?
Qui, aujourd’hui, coupe les budgets de l’Aide sociale à l’enfance, en jetant du même coup à la rue les jeunes mineurs étrangers ayant fui les guerres civiles d’Afrique ou du Moyen-Orient où l’impérialisme français a sa part de responsabilité ?
Qui continue à pratiquer la démagogie sécuritaire et la politique du chiffre dans la police (dont les policiers sont les premiers à se plaindre), contribuant aux contrôles au faciès ?
Qui n’accueille, dans notre pays de 66 millions d’habitants, que quelques centaines de réfugiés de Syrie quand, entre autres, le petit Liban de 4 millions d’habitants en accueille un million ?
Quand les meilleurs menuisiers en remontrent aux démagogues…
Alors, parfois, il y a une petite exception rapportée par les media, mais qui en dit long : Armando Curri, un sans-papier albanais, a été sacré meilleur apprenti de France en menuiserie. Qu’un travailleur étranger soit un travailleur comme les autres, capable d’exceller dans son domaine, voilà qui a de quoi en remontrer à ceux qui cherchent à monter les travailleurs les uns contre les autres au prétexte de leur nationalité, leur religion ou leur couleur de peau… Et les reportages télé s’en sont félicités. Mais il faut tout de même signaler quelques accrocs dans l’événement : « C’est révoltant » a hurlé Marine Le Pen tandis que Gérard Larcher, président du Sénat, refusait dans un premier temps de décerner la distinction à ce jeune de 19 ans. Quant au gouvernement, il s’est contenté de lui accorder royalement un permis de séjour… de trois mois. Finalement c’est Armando qui a remis les choses au point en déclarant que bien d’autres jeunes travailleurs comme lui attendaient toujours leurs papiers.
… et aux fortunés
Pour en revenir au FN, parle-t-il d’interdiction des licenciements quand le patronat renvoie à tour de bras ? Parle-t-il d’augmenter les salaires ? Non, car combattre sur ce terrain-là serait combattre les profits de la bourgeoisie dont les Le Pen sont issus. Avec une fortune estimée à plusieurs millions d’euros, sans compter un patrimoine immobilier hors-du-commun, ils ont choisi de diviser les travailleurs par un discours raciste : les riches pourraient se partager le gâteau plus tranquillement si les pauvres se battaient entre eux.
Ripostons par ce qui nous unit
À tout cela, les travailleurs doivent répondre ensemble sur ce qui les unit. C’est par le chemin des luttes qu’il nous faut, tous ensemble, revendiquer l’augmentation des salaires, l’interdiction des licenciements et le contrôle de tous ces profits qui vont toujours aux mêmes.