La seule relance qui changera la donne, c’est celle de la lutte des travailleurs
18 août 2014 Éditorial des bulletins L’Étincelle
« La rentrée sera difficile », voilà ce qu’à osé déclarer Valls à Toulon le 15 août lors du énième show militariste de l’été.
Après les boniments de Hollande sur la relance imminente dans son discours du 14 juillet, son gouvernement révise un mois plus tard les chiffres de la croissance à la baisse. Mais Valls persiste et signe : il ne changera pas de politique. Les aides en toute sorte au patronat n’ont pas abouti à réduire le chômage ou à « relancer » l’économie ? Mais le gouvernement continue sur sa lancée et s’apprête à faire passer un « pacte de responsabilité » qui n’impose aucune obligation aux patrons et n’aura pas les effets promis. Pour sceller ce pacte de dupes, le premier ministre se rendra servilement la semaine prochaine à l’université d’été du Medef où Pierre Gattaz ne manquera pas de crier encore famine...
Milliards pour les uns, chômage pour les autres
Pourtant ce sont plus de 50 milliards d’euros, dont 20 au titre du crédit d’impôt, qui sont offerts aux entreprises, sans aucune contrepartie comme de bien entendu. Toutes les aides récentes n’ont eu pour résultat que d’aller grossir les profits des entreprises du CAC 40 qui ont augmenté de 18% au premier semestre 2014. La contrepartie, ce sont les couches populaires qui la paieront puisque le gouvernement s’apprête à imposer 50 milliards d’économies en trois ans en rognant au maximum sur les services publics, le budget des collectivités locales, bref toute une mise en coupe réglée des services les plus indispensables à la population.
Cette politique menée depuis plus de trente ans par les gouvernements de droite et de gauche qui consiste à arroser le patronat en promettant des créations d’emploi est un écran de fumée destiné à nous tenir en haleine. Le résultat est invariablement le même : une aggravation de l’exploitation et du chômage qui a encore augmenté de 4% cette année.
Miettes, mensonges et show militaire
Hollande n’a eu de cesse de parader dans des cérémonies militaires pour se redorer le blason, ses ministres de verser de rares larmes de crocodile sur les populations bombardées de Gaza, d’Ukraine et d’Irak, et le gouvernement d’asséner des mensonges, de souffler le chaud et le froid en annonçant tantôt la relance, tantôt l’austérité. Mais le mécontentement va croissant.
Pour y répondre, Valls dit réfléchir à un geste fiscal en faveur des ménages les plus modestes. Ce geste - rien que le terme utilisé en dit long, s’il existe, il ne sera que symbolique – est destiné à faire oublier que la seule mesure un tant soit peu favorable aux travailleurs dans le pacte de responsabilité, la baisse des cotisations pour les salariés payés entre une fois et 1,3 fois le smic, a été jugée inéquitable par le conseil constitutionnel. Les vénérables personnages de cette institution croulante jugent par contre tout à fait équitable que le patronat ne paye plus aucune cotisation sur ces salaires !
A nous de voir rouge
Les travailleurs de l’abattoir Gad de Josselin n’ont pas attendu les déclarations du gouvernement pour savoir que « la rentrée sera difficile » : dès le 7 août, leur patron annonçait la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise après les avoir lanterné pendant sept mois pour mieux faire accepter la fermeture du site de Lampaul. La lutte pour sauver leurs emplois, ils l’ont déjà commencée en manifestant dès le 9 août à Lorient. Gageons qu’ils voient aussi rouge que les travailleurs bretons l’année dernière et sortent de leur isolement pour se battre. Car comme eux, des millions de salariés devront tôt ou tard mettre un frein à la rapacité patronale.