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Accueil > Éditos de bulletins > 2014 > juin > 9

Le Mondial de la contestation

Cette semaine s’ouvre la Coupe du monde de football dont les exploits sportifs feront vibrer et discuter un large pan de l’humanité. Les projecteurs se sont posés au « pays du football », le Brésil, titré à cinq reprises. Mais une grande partie de la population brésilienne développe son jeu sur son propre terrain depuis des mois. Les étudiants, les paysans et les travailleurs brésiliens profitent de l’événement pour avancer leurs revendications et dénoncer le coût exorbitant de l’opération.

Le revers de la médaille

Les commentateurs parlent du « miracle économique » du Brésil. Pourtant, à l’image des luttes des travailleurs d’Afrique du Sud lors du dernier Mondial, les mobilisations de la population brésilienne dévoilent l’envers du décor. Ni la classe ouvrière, ni la population pauvre n’ont profité des importants profits des grandes entreprises brésiliennes. Au contraire, les inégalités sociales se creusent. L’inflation, en pleine reprise, croque le pouvoir d’achat alors que les salaires stagnent.

On mesure d’autant mieux l’écœurement de la population face aux 11 milliards de dollars versés par l’État brésilien pour financer la compétition que les dépenses publiques ont été réduites de 6 milliards. Et en parallèle des coupes dans les prestations sociales, les prix s’envolent à cause des dépenses somptuaires du tournoi.

Et pas question de laisser les favelas « gâcher » la compétition. Il faut faire place nette pour accueillir les touristes. D’où le déplacement quasiment sans compensation de dizaines de milliers de Brésiliens. Entre-temps, les patrons se sont gavés d’argent public en facturant la construction, la rénovation et l’exploitation des infrastructures de la coupe à des tarifs prohibitifs. 415 millions d’euros ont été déboursés par l’État pour rénover un unique stade ! L’organisation d’un championnat de cette ampleur est l’occasion pour les États de céder des marchés publics aux multinationales qu’ils protègent.

Quand FIFA rime avec Mafia

Dès le choix du pays d’accueil, ce tournoi est une histoire de gros sous. L’attribution de la coupe est un moment privilégié pour les gouvernements des pays riches : ils marchandent l’événement avec les puissances émergentes ou financières. En témoigne l’octroi du Mondial 2022 au Qatar en dépit du bon sens. Le principal dirigeant de la Fifa a d’ailleurs dénoncé une erreur commise sous les pressions politiques de la France et de l’Allemagne. Ça ne serait que leur sale cuisine capitaliste s’il n’y avait pas déjà plus de mille jeunes ouvriers décédés dans les camps de travail qataris que sont les chantiers des stades.

« Coupe sans le peuple, nous revoilà dans la rue ! »

De son côté, la population brésilienne a sifflé le coup d’envoi de la contestation : en juin 2013, un million de Brésiliens ont défilé contre l’arnaque financière du Mondial. Depuis, les coups de colère se sont multipliés : manifestations des paysans sans terre, grève des profs, des étudiants, des conducteurs de bus. La semaine dernière, la grève des employés du métro de São Paulo pour des augmentations de salaire (ils ont gagné près de 10% de hausse) a provoqué plus de 200 km de bouchons : un avant-goût de ce que pourraient entraîner les mobilisations des travailleurs brésiliens lors de la compétition...

Devant une flopée de caméras internationales, la population brésilienne pave la voie à suivre : de la Coupe du monde de foot au tour du monde des contestations.

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