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Accueil > Éditos de bulletins > 2013 > octobre > 7

La politique des barbelés

Plus de 300 Somaliens et Erythréens engloutis au large de Lampedusa, aux marges d’une Europe de 500 millions d’habitants, qui déploie des moyens ultramodernes pour refouler ceux qui fuient la misère, la guerre et les dictatures. 17 000 Roms pourchassés de bidonville en bidonville dans une France de 65 millions d’habitants. 150 Syriens fuyant le régime d’Assad, traqués par la police à Calais… Et tant d’autres se fracassant aux barbelés de ces forteresses impérialistes, lesquelles ont construit la richesse de leurs industriels sur le pillage d’autres continents et l’exploitation des immigrés des générations précédentes.

La France, terre d’accueil ?

Mais si, la France est une terre d’accueil, un havre de paix, ouverte sur le monde. Prenez le milliardaire Rifaat el-Assad, par exemple, l’oncle du dictateur syrien. Il possède un hôtel particulier de 7 étages près des Champs Elysées, plus quelques appartements dans les beaux quartiers parisiens et autres demeures... On l’a vu à la télévision ces jours-ci. Et combien de ses pareils ? Aucun problème de papiers pour les monarques du Golfe, les oligarques russes, les milliardaires américains, les dictateurs d’Afrique ou d’ailleurs et autres amis de la France des affaires. Pour ces gens-là, les portes sont grandes ouvertes ! Avec cérémonies et tapis rouges.

Tenez : le 30 septembre, Hollande était à Cherbourg aux côtés du président du Mozambique. Ce dictateur a acheté six navires militaires. Un contrat chiffré en millions d’euros. Une réussite pour les marchands d’armes français… mais un poids bien lourd sur la population de ce pays dévasté, où les plus désespérés iront tenter leur chance ailleurs au péril de leur vie.

La traque pour les plus pauvres

Pour ceux qui fuient les tortionnaires ou la misère, l’Europe, à commencer par la France, n’a rien d’un refuge. Depuis 1988, 20 000 personnes sont mortes en tentant d’atteindre les côtes européennes. Le plus souvent, en silence. Le naufrage de Lampedusa n’en est que le dernier épisode.

Nos dirigeants versent cette fois quelques larmes de crocodile. Mais ce sont eux, les premiers coupables. Eux qui ont mis en place une surveillance des frontières digne d’un temps de guerre, avec patrouilles maritimes et aériennes, et même satellites. Cette véritable traque à l’homme pousse les émigrants à prendre de plus en plus de risques. Ce sont nos dirigeants qui ont édicté des lois crapuleuses aux conséquences dramatiques. Des pêcheurs italiens qui avaient simplement porté secours à des bateaux en difficulté se sont retrouvés ces dernières années traduits devant des tribunaux, accusés « d’aide à l’immigration clandestine » !

Des lois d’autant plus odieuses et hypocrites, qu’elles permettent au patronat de surexploiter sans entraves les rescapés qu’on préfère « clandestins ».

L’humanitaire de la matraque et des expulsions

Hollande voulait faire de « l’humanitaire » en Syrie. Par des bombardements ? Il y a plus de deux millions de réfugiés syriens, dont 760 000 dans le seul Liban, un petit pays de 4,5 millions d’habitants, et presqu’autant en Jordanie (6 millions d’habitants). Mais seuls 700 ont été admis en France en 2013. L’humanitaire de Hollande s’est réduit à cette intervention policière à Calais contre une poignée d’entre eux.

Pourtant citoyens européens, les Roms de Roumanie et de Bulgarie se retrouvent aujourd’hui les premiers boucs émissaires de la démagogie politicienne. Valls en a rajouté sur les Guéant et les Le Pen, et pas seulement en paroles. Hollande lui a donné son approbation tacite. On ne compte que 17 000 Roms en France. Et ce serait là le problème ? Vraiment ? Un million de Pieds-noirs venus d’Algérie en 1962 ont été intégrés sans problème en à peine deux ans…

« On ne peut accueillir toute la misère du monde », nous répète-t-on, à tout propos, tout en accueillant tous les riches prédateurs qui se présentent... Les capitalistes savent surtout en créer, de la misère, partout dans le monde.

Ne nous trompons pas : les véritables frontières, ce sont les frontières de classes, celles qui séparent exploiteurs et exploités.

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