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Accueil > Éditos de bulletins > 2013 > mai > 13

Somptueux cadeaux entre amis

Samedi dernier, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Notre-Dame-des-Landes contre le projet de construction d’un aéroport. Ce dernier est sans intérêt pour la population vu qu’il existe déjà un aéroport près de Nantes dont le trafic maximal est loin d’être atteint. « L’Ayraultport », comme l’ont surnommé les opposants, porte bien son nom !

C’est le Premier ministre, hier maire de Nantes, qui en est un des instigateurs. La construction et la gestion reviennent à Vinci, trust français du béton, maître en captation de fonds et marchés publics : autoroutes, parkings, aéroports, lignes à grande vitesse, services de propreté des villes... Le contribuable financera au minimum près du quart du chantier de Notre-Dame-des-Landes ; les collectivités locales ont voté un prêt au groupe de plus de 115 millions d’euros remboursable si... Vinci fait plus de profits que prévu. Évidemment, il a vu large ! Pour couronner le tout, Vinci tirera bénéfice de l’exploitation du site pour les 55 ans à venir.

Les paradis de Vinci et Veolia

L’Ayraultport n’est ni une exception, ni une spécificité française ; c’est la règle dans ce système capitaliste. Bouygues, Eiffage et bien d’autres se partagent le gâteau.

Sans oublier les géants de l’eau – Veolia, Suez et La Lyonnaise des Eaux – qui gèrent les réseaux d’eau de l’écrasante majorité des villes. Jouissant de leur situation de quasi-monopole, ils transforment l’eau en surprofit en rançonnant la population. Pourtant, préserver une gestion publique de l’eau serait bien moins coûteux pour les usagers et les municipalités. Mais il s’agit là de cadeaux aux grands groupes capitalistes, qu’ils soient offerts par de petits notables de conseil municipal ou de grands valets de ministère. Le capital dévore les services publics, grâce aux liens étroits (légaux et illégaux) entre potentats politiques et trusts industriels.

Et ce, au-delà des frontières. Vinci sévit en Russie où il construit un axe routier dans une zone occupée par des contestataires à la manière de Notre-Dame-des-Landes. Comme dans le cas nantais, le bétonneur bénéficie de la police nationale pour réprimer les opposants.

De même, Veolia opère dans 77 pays et se sert des flics de ces différents pays pour étouffer les révoltes locales contre ses tarifs prohibitifs. En leur cédant des bouts de services publics tout en les subventionnant, les États transfèrent chaque année une grande part des richesses des mains de la population à celles des grands actionnaires qui possèdent ces entreprises.

Les milliards pour quelques-uns, les licenciements, suppressions de postes et attaques contre les retraites pour tous les autres

Pour se justifier, les politiciens n’ont qu’un mot à la bouche : l’emploi. Mais l’Ayraultport n’offrira pas plus d’emplois que l’actuel aéroport nantais. Et on ne compte plus les plans de licenciements dans des entreprises subventionnées et repues de marchés publics. Veolia a annoncé la suppression de 1 500 emplois en France ; les ouvriers de Citroën Aulnay en grève contre la fermeture de leur usine n’ont droit qu’aux gaz lacrymogènes quand l’État garantit 7 milliards d’euros à leur patron licencieur.

Ayrault a osé déclarer que l’austérité est une « une invention de propagande » ; pour les infirmières et aides-soignantes qui ont battu le pavé parisien dimanche dernier, l’austérité pue l’odeur bien réelle des suppressions de postes et de lits d’hôpitaux ainsi que des fermetures d’hôpitaux de proximité.

D’un côté des milliards de cadeaux sous forme de contrats scélérats, de subventions et de dégrèvements fiscaux ; de l’autre des suppressions de postes dévastateurs pour les services publics, le feu vert aux plans de licenciements et une nouvelle attaque en vue contre nos retraites. Tout se tient. Il faudra bien se mettre tous ensemble pour riposter.

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