Les menteurs
3 décembre 2012 Éditorial des bulletins L’Étincelle
« Le gouvernement nous a menti tout au long »… « Traitres »… « On est écœurés. Montebourg doit partir, il a baissé sa culotte ! »… « On peut être le cauchemar de ce gouvernement comme on a été celui de Sarkozy »... « Le combat va monter en intensité. S’il faut cracher du feu dans la vallée, pour sauver les hauts-fourneaux, on le fera »…
Voilà comment s’exprimaient vendredi soir la colère et l’écœurement des ouvriers de Florange, suite à la déclaration du premier ministre qui désavouait publiquement les promesses d’Arnaud Montebourg. Donc ni nationalisation, même provisoire, ni cession du site de Florange à un repreneur… introuvable.
A la place, l’acceptation par le gouvernement des conditions de Mittal, enrobées d’un vague lot de consolation : « reclassement » de 630 salariés, mais toujours un plan de suppressions d’emplois avec « départs volontaires », cette nouvelle arnaque juridique pour déguiser les licenciements ; rien pour les intérimaires et ceux de la sous-traitance ; pas de remplacements de postes pour les départs en retraite. Sans compter, dimanche dernier, cette fuite venant de la direction annonçant l’extinction programmée des hauts fourneaux, qui a fait redoubler la colère d’Edouard Martin, le délégué CFDT de Florange, accusant l’Etat de « haute trahison ».
Sous Hollande, comme sous Sarkozy
En 2008, Sarkozy avait promis : « Avec ou sans Mittal, l’Etat investira à Gandrange ». Un an plus tard, l’usine Arcelor de Gandrange fermait, laissant 600 travailleurs sur le carreau. Aujourd’hui, le gouvernement se partage les rôles : le bonimenteur Montebourg apporte des croissants aux ouvriers de Florange qui campent devant Bercy, et Ayrault s’arrange avec Mittal, qui se dit très satisfait de l’accord passé avec le gouvernement ! Comme hier, la bonne vieille méthode d’enfumage : agiter un leurre comme celui d’une « nationalisation » (provisoire !), en fait un rachat partiel à prix d’or d’une entreprise par l‘Etat, qui ne s’engage même pas à maintenir l’emploi. Alors que la seule méthode efficace à l’encontre d’un patron voyou dont la fortune personnelle s’élève à 16 milliards de dollars et qui s’est servi l’an dernier 2,3 milliards d’euros de dividendes, serait la confiscation pure et simple de l’entreprise, et sans indemnités, sous contrôle des salariés.
Menteurs… et maîtres chanteurs
Un peu partout des patrons voyous, d’ici ou d’ailleurs, ferment des usines ou annoncent des licenciements. Comme à PSA, avec la famille Peugeot !
Dans le même temps, on nous fait le chantage à l’emploi sous couvert « d’accords de compétitivité », comme chez Renault, ou en menaçant de renoncer à des investissements, comme chez Arkema. Le tout pour flexibiliser et précariser l’emploi, baisser les salaires, augmenter la charge de travail ou imposer du chômage partiel, tout en facilitant les licenciements par une remise en cause du Code du travail. Autant de reculs que le gouvernement voudrait généraliser et faire avaler aux confédérations syndicales, qui se prêtent au jeu truqué du « dialogue social ».
Florange, PSA, SFR, Sanofi, Arkema… et tous les autres, dans le privé comme dans le public, même combat !
Les réactions d’amertume des ouvriers sidérurgistes de Florange qui se sentent « trahis » rejoignent, dans une même colère, celles de tous les autres salariés confrontés aux mêmes mensonges, aux mêmes chantages, aux mêmes plans de casse de l’emploi, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Un peu partout en France, des salariés luttent pour les salaires ou contre les suppressions d’effectifs ; d‘autres se battent le dos au mur pour empêcher la fermeture de leur entreprise. Ce n’est qu’en nous unissant tous ensemble dans un puissant mouvement de lutte dépassant le cadre d’une seule entreprise que nous pourrons imposer nos exigences. On voudra bien alors apporter quelques croissants à des patrons se concertant en urgence avec leurs sous-fifres ministériels, contraints de lâcher une partie de leurs milliards de dividendes… en faveur des salariés cette fois.