La rentrée du gouvernement... et la nôtre
3 septembre 2012 Éditorial des bulletins L’Étincelle
Hollande, en visite à la foire de Châlons-en-Champagne vendredi dernier, s’est vu interpeller par des syndicalistes armés de banderoles : « Le changement, c’est pour quand ? » Quelques mètres plus loin, des salariés de Sodimédical qui n’ont pas touché leur salaire depuis 11 mois malgré la condamnation de leur groupe, l’attendaient eux aussi de pied ferme.
Nombreux sont les salariés qui lui rappellent ses promesses de campagne, les Fralib et bien d’autres.
Car même les dérisoires promesses électorales ne sont pas tenues.
A croire que la priorité gouvernementale en cette rentrée c’est l’évacuation policière des camps de Roms, de façon aussi odieuse que sous Sarkozy ! Concernant l’emploi, sujet vital pour des centaines de milliers de travailleurs dont les emplois sont menacés, la porte- parole du gouvernement a déclaré « Ce que je peux assurer, c’est que nous allons travailler sur une loi pour la reprise des sites industriels rentables… mais pour le reste, ce n’est pas dans l’immédiat ». Pas question donc d’interdire aux patrons de licencier, même quand leurs entreprises font des profits. 150 000 “Contrats d’avenir” devraient être créés, concernant les jeunes sans qualification. Mais il pourrait s’agir, selon le ministre du travail Michel Sapin de “CDI”... à durée déterminée de un à trois ans ! Rien de bien nouveau donc : en guise d’avenir, des contrats précaires, financés par l’État.
Ventre à terre au devant du Medef
Le même gouvernement a mis beaucoup d’empressement à aller rencontrer les patrons rassemblés à l’université d’été du Medef : une dizaine de ministres présents, dont le Premier d’entre eux, leur déclarant qu’il comprend leurs inquiétudes ! Que de célérité à se mettre à leur service, comme Montebourg, ministre du Redressement productif qui appelait les syndicats de PSA à la « responsabilité » lors d’une interview télé le 26 août dernier : il ne faut pas risquer « d’ affaiblir Peugeot » pour ne pas compromettre l’avenir des salariés qui ne seront pas licenciés. Quel cynisme ! De quoi achever de convaincre les salariés d’Aulnay-sous-Bois qu’ils ne pourront compter que sur leurs propres forces.
Concernant les logements sociaux le gouvernement dit vouloir en construire 150 000 par an, contre 120 000 actuellement, ce qui est très loin de répondre aux besoins, même les plus urgents.
Le gouvernement parle d’une réforme du secteur bancaire. En attendant, on constate que même sur l’augmentation du plafond livret A, dont les fonds servent à construire les logements sociaux, le gouvernement a revu sa copie à la baisse “pour ne pas déstabiliser les banques”. Alors qu’il avait promis de doubler ce plafond, il n’est plus prévu que de l’augmenter de 50% d’ici la fin de l’année. Et ceci ne concerne de toute façon que la toute petite minorité dont le montant dépasse 15 300 euros (8% des livrets A)... La moitié étant créditée de moins de 150 euros. Pas de problème en revanche pour se ruer de nouveau au chevet d’une banque, le Crédit immobilier de France.
Et pour nous, la rentrée c’est quand ?
Le gouvernement a fait sa rentrée. Pour nous il y a urgence à préparer la nôtre. Parce que les licenciements, c’est maintenant, la baisse de notre pouvoir d’achat et la dégradation de nos conditions de vie, c’est maintenant !
Il faudra bien entrer en lutte pour nos revendications essentielles. Nos objectifs à nous, ce sont :
- Des revenus qui nous permettent de vivre, c’est-à dire au minimum 1700 euros nets par mois
- Une augmentation pour tous les salaires, retraites, allocations de chômage de 300 euros par mois, avec bien entendu la garantie que ces revenus suivront de façon automatique et immédiate la hausse des prix.
- L’interdiction des licenciements
- Le contrôle des travailleurs sur les entreprises.
Pour cela, il nous reste à prendre conscience de notre force, à coordonner nos luttes, et à mettre fin à ce paradoxe : dans cette société ce sont ceux qui créent tous les biens qui, périodiquement, sont condamnés à la paupérisation, pendant qu’une minorité continue à s’enrichir.