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Non à la rentabilisation sur le dos des voyageurs et des cheminots !


Ci-dessous l’éditorial des bulletins d’entreprise L’Etincelle publiés à la SNCF le 12 décembre 2012. L’éditorial du 12 décembre 2012 pour les autres entreprises est disponible ici


La semaine dernière, des usagers en colère ont envahi plusieurs gares, dont celle de Blois, et d’autres ont bloqué des trains lundi matin pour protester contre les nouveaux horaires. Ces changements, décidés arbitrairement par une poignée de technocrates, vont bouleverser la vie quotidienne d’une bonne partie des voyageurs et aggraver les conditions de travail des cheminots. Des mères de famille n’auront plus le temps de déposer leurs enfants à la crèche, des salariés devront se lever une ou deux heures plus tôt pour arriver à l’heure au travail, pour rentrer ensuite beaucoup plus tard chez eux… s’ils ont encore un train ! Et, pour nous cheminots, le SA 2012 est l’occasion pour le patron d’augmenter encore la charge de travail, sans augmenter les effectifs ou en les diminuant. Et derrière tout cela, l’objectif ne serait-il pas de préparer les sillons des trains du privé ?

Pépy redoute la colère des usagers, alors qu’il ose prétendre accorder « une priorité absolue à ses 4 millions de clients  ». Ces derniers jours, de nombreux collègues ont été assaillis de courriers, messages, SMS nous demandant « d’aider et informer nos clients »… même quand notre métier est purement technique et ne nous met pas en contact avec eux.

De qui se moque-t-on, alors qu’on ne cesse de supprimer des postes d’accueil et de fermer des guichets ? Les conducteurs devraient-ils descendre de leur cabine pour guider les voyageurs et les collègues des technicentres faire du rab sur les quais après leur service ?

La « médiation » confiée à Nicole Notat, ex dirigeante syndicaliste devenue femme d’affaires, n’est pas moins ridicule. Encore une de ces opérations de communication inutiles et coûteuses dont nos patrons sont friands… Il est probable aussi que les médias vont essayer comme d’habitude de détourner la colère des usagers contre les cheminots, présentés comme des privilégiés, alors que nous sommes nous aussi victimes du SA 2012.

Ces changements d’horaires montrent une fois de plus où a mené la politique de rentabilisation à outrance de la SNCF. La dégradation de l’état des lignes oblige maintenant à faire des travaux d’urgence, de nuit, sous la pression de RFF. Ces travaux sont confiés à des sociétés privées, pas toujours qualifiées, qui opèrent souvent dans des conditions dangereuses : trois ouvriers d’Alsthom l’ont payé de leur vie le 1er décembre. Les trains sont détournés des zones de travaux, avec tout ce que cela implique pour les cheminots et les voyageurs. Le caractère aberrant de la division de 1997 avec RFF est de plus en plus évident.

La circulation de trains gérés par plusieurs compagnies différentes entraîne des doublonnages d’activités absurdes, alors qu’on manque de personnel.

Les moyens techniques qui permettraient de bénéficier de transports publics de qualité et de conditions de travail satisfaisantes existent. Mais tout progrès technique, par exemple l’informatique, que ce soit le système Sirius, les ventes de billets par Internet ou les Postes d’Aiguillage Informatisés, est immédiatement utilisé pour réduire le personnel et augmenter son rythme de travail. L’anarchie de la concurrence et le dumping social ne profitent qu’à nos patrons, qu’ils appartiennent au public ou au privé. Au moment où l’on parle beaucoup de l’Europe, c’est à l’échelle européenne qu’il faudrait planifier l’organisation de services de transport publics, dans l’intérêt des voyageurs et des cheminots et non plus du profit. Mais, pour cela, nous ne pouvons pas compter sur les gouvernements européens de droite ou de gauche, seule la force des travailleurs, cheminots et voyageurs unis, pourra l’imposer. Le fonctionnement de la SNCF est à l’image de celui de l’ensemble de la société capitaliste, et c’est cette société qu’il faut changer avant qu’elle détruise nos vies et nos santés.

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