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Accueil > Éditos de bulletins > 2011 > juin > 6

En Grèce : de « l’indignation » à la révolte ?

Quand le remède aggrave le mal, doublez la dose ! Telle est la recette de l’Union européenne et du FMI pour résoudre les difficultés de financement que rencontre la Grèce.

Contre un nouveau prêt de plus 60 milliards d’euros destiné à payer les intérêts des précédents, l’État grec s’est engagé à augmenter la TVA, réduire encore plus le nombre de fonctionnaires et surtout accélérer les privatisations : ports, aéroports, postes, chemins de fer, puis tout ce qui peut être rentable pour des capitaux privés doivent y passer. Et tant pis si les privatisations, loin d’aider à résoudre le déficit public, privent l’État de ses revenus !

Prendre aux pauvres pour donner aux riches

Car l’objectif n’est pas de résoudre la « crise grecque », qui n’est que l’une des facettes de la crise économique mondiale. Cette crise, dont les banques, les grands patrons et les spéculateurs en tout genre sont responsables, les gouvernements sont bien incapables de la résoudre. Leur seule solution est de la faire payer aux travailleurs pour préserver les profits des plus riches. En témoigne le maintien du budget militaire de la Grèce, seul budget épargné, pour préserver les 2,5 milliards d’euros de contrats que la Grèce a signé avec les industriels de l’armement français et allemands.

Peu après un premier plan d’austérité assassin, l’Union européenne et le FMI, avec l’aide du gouvernement grec, rallongent donc la sauce. Certains avaient voulu nous faire croire, comme pour dédouaner Dominique Strauss-Kahn du viol dont il est accusé, que ce dernier aurait changé le FMI, lui donnant un visage plus humain, voire social. Mais la réalité est bien là, les recettes sont toujours les mêmes : privatisations, destruction des services publics, avec pour conséquence bien connue un accroissement des inégalités sociales.

« Tant que rien ne changera, nous ne partirons pas »

La population a décidé de ne pas se laisser faire. Depuis le 25 mai, les rassemblements se multiplient dans les grandes villes du pays, réunissant à nouveau plus de 50 000 manifestants dimanche à Athènes.

Ces travailleurs, jeunes ou moins jeunes, en ont assez du chômage, de la précarité et des salaires de misère. Ils ont rejoint massivement ce mouvement des « indignés », à l’image de l’Espagne, pour protester contre les mesures d’austérité et exiger le départ de ce gouvernement qui se dit « socialiste ».

Nombreux sont ceux qui campent depuis plusieurs jours à Athènes sur la place du Parlement, déterminés à y rester jusqu’à obtenir gain de cause.

Samedi dernier, les deux principaux syndicats, du public et du privé, ont eux aussi appelé à une manifestation... rencontrant peu de succès, avec à peine un millier de participants. Loin d’une baisse de la mobilisation, cela traduit la défiance des travailleurs vis-à-vis de leurs directions syndicales, très liées aux socialistes au pouvoir et qui n’ont pas aidé, jusque là, à construire la riposte nécessaire aux attaques gouvernementales. Ces directions syndicales se sont contentées de demander que les travailleurs ne soient pas les seuls à payer la crise et que les efforts soient « partagés »... Sous la pression des mobilisations, leur attitude peut changer et une nouvelle journée de grève générale a été appelée pour le 15 juin.

S’il est souhaitable que les milliers de travailleurs qui manifestent aux côtés des jeunes et des chômeurs se saisissent de cette journée, ils ont bien raison de ne pas attendre et de descendre dans la rue dès à présent pour exprimer leur colère. Ce n’est que par une lutte d’ampleur et déterminée que les travailleurs de Grèce, d’Espagne et d’ailleurs feront reculer leurs gouvernements et les mesures d’austérité qu’ils imposent.

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