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La barbarie en Côte d’Ivoire ou la vérité du capitalisme français

On nous annonçait donc lundi que Laurent Gbagbo avait été arrêté. Par les forces françaises disaient ses partisans, par celles d’Alassane Ouattara, affirmaient les partisans de celui-ci. Toujours est-il que depuis une dizaine de jours, les forces militaires françaises, de plus de 1500 hommes, accompagnées de 9 000 casques bleus de l’ONU, participaient à des combats de plus en plus violents en Côte d’Ivoire, jusqu’à tirer des missiles sur le palais présidentiel à Abidjan.

Ici, le ministre de l’Intérieur français, ce va-t-en guerre Claude Guéant qui accumule les déclarations anti-immigrés et étrangers, s’est empressé d’annoncer que la Côte d’Ivoire allait « enfin connaître la paix ». Rien n’est moins sûr, justement. En 2002, l’armée française avait fait le choix inverse et soutenu Laurent Gbagbo contre le coup d’Etat d’Alassane Ouattara. S’en était suivi des années de guerre civile et la partition de fait du pays entre le nord et le sud. Et cette fois-ci, à peine enclenchée, l’offensive militaire du camp Ouattara soutenue par l’armée française, s’est accompagnée la semaine dernière du massacre par des partisans de Ouattara d’« au moins 800 personnes » dans la ville de Duékoué. Ces victimes s’ajoutaient au déjà lourd bilan officiel de plus de 400 morts depuis les élections contestées… auquel s’ajoutent maintenant les innombrables victimes des bombardements et règlements de compte de cette dernière semaine.

C’était évidemment un sinistre mensonge de Sarkozy que de prétendre protéger la population en bombardant ! Ce que Sarkozy veut protéger, ce sont les intérêts des entreprises françaises, les Bolloré, Bouygues, Total, Orange, Sagem et autres BNP-Paribas, qui pillent les ressources naturelles et humaines du pays, en se garantissant le monopole du marché ivoirien, grâce à tous les dictateurs « élus » qu’elle a mis en place : Houphouët-Boigny, Bédié, Gbagbo, puis Ouattara. Car ces deux derniers sont tous deux serviteurs des intérêts impérialistes dans la région. Si, comme le prétendent les dirigeants occidentaux, Ouattara a été élu président « par les urnes » (lui l’auteur du coup d’Etat militaire raté en 2002 !), le voilà au pouvoir par la force des armes. Et épaulé aujourd’hui par une opération militaire concoctée par des conseillers français et américains présents sur place.

Cela fait près de dix ans que la population ivoirienne subit deux bandes armées à la fois. Rackettée, terrorisée, voire massacrée des deux côtés, pendant que le chômage s’accroît et que la misère devient insupportable.

Depuis des années, ni Gbagbo ni Ouattara n’ont hésité à utiliser une démagogie de plus en plus violente contre les ethnies sur lesquelles s’appuie leur rival. Une haine ethnique diffusée d’en haut sous le regard bienveillant de la France, destinée à opposer les pauvres entre eux. La barbarie raciste qu’ils véhiculent n’est pas propre à l’Afrique. C’est ce même type de haine que Sarkozy et ses ministres distillent ici même en France, contre les travailleurs immigrés.

En Côte d’Ivoire, les Gbagbo et les Ouattara ont, ou ont eu, partie intimement liée avec les dirigeants politiques français : Ouattara, ex-haut responsable au FMI, est un grand ami de Sarkozy, tandis que Gbagbo est lié aux dirigeants du Parti Socialiste, et les deux aux différents gouvernements français. Et la situation là-bas commence à rappeler le Rwanda, ses centaines de milliers de morts et ses massacres ethniques - dont l’impérialisme français était déjà complice.

Des dirigeants qui spéculent sur le racisme avec la complicité des grandes puissances, des trusts qui règnent en maîtres, une population pauvre, pressurée et terrorisée. C’est la vérité du capitalisme, en l’occurrence français. Il faudra bien qu’un jour les exploités de tous les pays, de toutes les cultures, ici comme là-bas, se serrent les coudes pour en finir avec leurs véritables ennemis, ceux qui les exploitent et les oppriment, et tentent de les diviser pour mieux régner.

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