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Accueil > Éditos de bulletins > 2011 > février > 28

De l’autre côté de la Méditerranée, la révolution s’étend et ne désarme pas

La semaine dernière, alors que Kadhafi lançait ses chars et son aviation contre les manifestants qui réclamaient son départ, que ses mercenaires tuaient au hasard dans les rues de Benghazi et de Tripoli, les dirigeants des pays impérialistes se sont contentés d’appeler à « faire preuve de retenue dans l’usage de la force  ». Il faut dire qu’ils soutenaient et armaient depuis des années le dictateur libyen qui, en plus de leur fournir du pétrole, servait de garde-chiourme à l’Union européenne contre les migrants africains qu’il parquait dans des camps aux conditions inhumaines. Mais tandis que la dictature de Kadhafi vit peut-être ses derniers instants, l’onde de choc des révolutions tunisienne et égyptienne continue de s’étendre à l’ensemble du monde arabe, en Algérie, au Yémen, au Bahreïn, en Irak, en Iran ou au Maroc, et de s’approfondir, en particulier en Tunisie.

En Tunisie, la révolution continue

Vendredi dernier, à Tunis, c’est une foule immense, bien plus imposante que celle qui mit fin au régime de Ben Ali le 14 janvier, qui réclamait le départ du gouvernement de transition et scandait : « Non à la confiscation de la révolution ». Les combats avec la police se sont poursuivis toute la journée de samedi. Le lendemain, Mohammed Ghannouchi annonçait sa démission.

Un mois et demi après la chute de Ben Ali, les travailleurs et la jeunesse tunisienne ont pu se convaincre que si le dictateur était bel et bien parti, l’appareil de la dictature restait en place. Après Ben Ali dégage, Ghannouchi dégage, à tout le système de dégager ! En Tunisie, mais aussi en Egypte où après le départ de Moubarak, l’Etat major de l’armée s’en prend désormais aux travailleurs qui font grève, pendant que la jeunesse continue de se mobiliser au Caire.

Les révolutions des pays arabophones ont commencé, mais ce n’est qu’un début. Non seulement parce qu’elles ont un écho dans le monde entier, de la Chine aux Etats-Unis (où de grandes manifestations ouvrières contre le gouverneur viennent d’avoir lieu dans l’Etat du Wisconsin) en passant par l’Europe, mais parce que les exploités et les opprimés qui se soulèvent ne se contentent plus de ravalement de façade et veulent changer tout le système.


Après les retraites, les salaires !

Les ministres ont réponse à tout. Le prix de l’essence s’envole ? C’est la faute à la révolution libyenne. La hausse des prix des vêtements ? La faute à l’explosion du marché chinois. Les hausses de prix programmées des produits alimentaires (pain, sucre, café, viande…) ? C’est le réchauffement climatique ! Et l’eau ? Le gaz ? L’électricité ? Le loyer ?

En attendant, les bourses des matières premières et des produits alimentaires sont euphoriques. Les grands actionnaires planent au-dessus de « la crise ». Les PDG ont dégagé 85 milliards d’euros de profits pour 2010 dont près de la moitié, loin de partir en investissements, va venir gonfler la fortune des gros actionnaires. .

Ce que nous n’avons plus dans nos poches sont dans les leurs. Ils augmentent les prix en même temps qu’ils gèlent ou baissent nos salaires. Epaulés par l’Etat, Ils licencient. Aujourd’hui, ils imposent aux travailleurs des plans de rigueur, vastes opérations de privatisation et de baisse des salaires et des pensions.

Grèves et débrayages pour le pouvoir d’achat

A geler les salaires et à augmenter les prix, ils jouent un jeu risqué. Les travailleurs grecs ont répliqué par une journée de grève générale la semaine dernière. En France, ces derniers jours, les secteurs de l’industrie, du transport, de la fonction publique, de la presse ont connu des débrayages, des blocages et des grèves locales. Des travailleurs de plusieurs sites de Renault, où le PDG Ghosn vient d’empocher 9 millions d’euros, ont débrayé pour des augmentations de salaire décentes. Même histoire pour les travailleurs en lutte de chez PSA, Thalès, L’Oréal ou Saint-Gobain.

La vague de grève sur les retraites de l’automne dernier n’était qu’une première manche. Ce printemps pourrait bien se révéler encore plus chaud. D’autant que les révolutions de l’autre côté de la Méditerranée nous donnent des idées !

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