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2011 : qui l’emportera, de leur crise ou de nos révoltes ?

C’est la nouvelle année, bonne santé, meilleurs vœux… mais poursuite de l’austérité par ceux qui profitent et gouvernent. Sarkozy prépare 2012, sacro-sainte année électorale. Même chose pour les leaders de la gauche qui épinglent des « injustices » sans dire qu’elles sont les éléments d’une bataille rangée contre les classes populaires… menée en France par Sarkozy mais en Espagne, Portugal ou Grèce par leurs amis socialistes. Et tant pis pour les ravages. Tant pis pour les hausses de prix tandis que les salaires patinent. Tant pis pour les économies de personnels sur le dos des enfants dans les écoles, des patients dans les hôpitaux, des usagers dans les transports. Tant pis pour les travailleurs et les pauvres qui n’ont pas les moyens de payer, et au bonheur des riches !

Les ravages irradient dans le monde, en particulier pour ce qui nous concerne de près en Côte d’Ivoire. Ni Sarkozy ni Aubry n’en disent long. Mais dans cette ancienne colonie, la France maintient ses réseaux politiques voire mafieux, sa base militaire, ses trusts, banques et hommes d’affaires qui exploitent sur place les services d’eau et d’électricité (Bouygues), le port d’Abidjan (Bolloré, auquel Gbagbo a récemment offert la concession), la commercialisation des richesses du pays, dont le cacao et le café. Elle y maintient bec et ongles une présence qui assure le contrôle et le drainage d’une vaste zone incluant le Mali et le Burkina Faso, pays enclavés dont la Côte d’Ivoire est la principale porte de sortie.

Or là-bas en ce moment, les deux principaux rivaux de l’élection présidentielle se proclament tous deux élus : d’un côté Alassane Ouattara avec la bénédiction de l’ONU, des USA, d’une coalition d’Etat africains à la solde des premiers, et derrière de Sarkozy ; de l’autre Laurent Gbagbo, président sortant en place depuis 10 ans, étiqueté socialiste, avec son propre culot et l’appui de militaires, officiels ou mercenaires, qui autant qu’on puisse en juger gardent la main sur le sud du pays et la capitale Abidjan.

Le suspens entre les deux camps tiendrait de la farce : ultimatums et rodomontades des caïds rivaux, gesticulations de leurs protecteurs impérialistes. Sans parler des embrouilles au PS entre les anciens et les toujours amis de Laurent Gbagbo… dont ce Roland Dumas, vieil ami de Mitterrand qui fait l’estafette auprès du président sortant. Mais la farce est sinistre car la menace pèse que la confrontation entre Ouattara et Gbagbo, sortis du même tonneau, serviteurs des mêmes intérêts impérialistes, ne déclenche des affrontements ethniques sanglants.

Depuis la mort en 1993 d’Houphouet Boigny, vieux dictateur et ami des impérialistes français qui a régné sur les 30 premières années d’indépendance du pays, les candidats à la succession ont choisi pour asseoir leur pouvoir d’aviver les divisions ethniques. Pour mieux pourfendre un Ouattara et lui interdire d’être candidat en 1995 (lui qui fut premier ministre de Houphouet et vice-président du FMI), ses concurrents Bédié puis Gbagbo ont créé le mythe de l’« ivoirité »… Identité nationale et patriotisme !

D’où une crise de près de 20 ans, ponctuée de ratonnades contre les « gens du nord » prétendus étrangers peuplant les quartiers pauvres d’Abidjan, d’une guerre entre clans militaires du Nord et du Sud au début des années 2000, exacerbée par la crise mondiale qui a fait chuter les prix du cacao et du café. Les 27 % de travailleurs burkinabés, maliens, guinéens, nigériens, ghanéens, exploités depuis longtemps dans les plantations, les usines, les chantiers et les ports, sont devenus des boucs émissaires potentiels. La Côte d’Ivoire pourrait-elle se transformer en un nouveau Rwanda où les machettes scintilleraient ? Les travailleurs et eux seuls pourraient l’empêcher, unis tous ensemble pour leurs intérêts communs.

Car la crise aujourd’hui dans le monde n’a pas fini de susciter des révoltes. Certaines ont éclaté en 2008, dites « de la faim », entre autres au Burkina, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Elles ont essaimé dans le monde. Les coups de colère ouvrière et estudiantine, les grèves, ont gagné aussi l’Europe. Contre les politiques d’austérité. Faisons en sorte que le petit calendrier 2011 des affameurs de la planète, en particulier de nos petits affameurs français préparant 2012, soit vite dépassé !

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