Le 23 septembre et après : gagner le bras de fer des retraites
13 septembre 2010 Éditorial des bulletins L’Étincelle
La mobilisation du mardi 7 septembre contre la casse des retraites a été un énorme succès : des taux de grévistes importants, dans le public comme dans le privé, et entre 2,4 et 3 millions de personnes dans la rue. L’ambiance témoignait de la colère ressentie par tous. Dans les cortèges, le mot d’ordre de retrait pur et simple du projet de loi l’emportait sur les autres. Et la majorité de la population partage ce point de vue. Il s’agit désormais de stopper l’attaque du gouvernement, pas d’espérer en atténuer les effets en croyant arracher quelques concessions par des négociations bidon.
Des concessions ? Les quelques modifications évoquées par Fillon Woerth et Sarkozy au lendemain de la grève sont dérisoires. Par exemple, la baisse de 20 à 10 % du taux d’invalidité ouvrant droit à une éventuelle retraite anticipée concernerait non plus 10 000 personnes... mais 30 000. Autant dire pas grand monde !
Un ras-le-bol plus large s’est aussi invité dans les rues ce mardi 7 septembre, qu’il s’agisse des suppressions d’emplois massives dans le public, des licenciements dans le privé, des salaires trop bas – qui sont les vraies causes du déficit des caisses de retraite, en diminuant le montant des cotisations – et des conditions de travail dégradées partout. Sans compter l’indignation qui s’est faite entendre ici et là contre la politique sécuritaire et anti-immigrés du gouvernement.
Alors, battons le fer quand il est chaud et ne comptons surtout pas sur les promesses électorales. Ségolène royal, du Parti socialiste, a annoncé que si elle était élue aux présidentielles de 2012, elle rétablirait l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, mais en se gardant bien de parler du retour au 37 annuités et demie de cotisation. La ficelle est un peu usée : le PS a non seulement maintenu en 1997, en violation de ses promesses, la réforme Balladur de 1993 qui imposait 40 annuités de cotisation aux salariés du privé, mais il a préparé son élargissement aux salariés du public. Finalement, il n’a dû qu’à sa défaite électorale de 2002 de laisser à la droite le soin de la mener à terme ! En fait, le PS est d’accord avec l’UMP pour nous faire cotiser plus longtemps. Or pour nous, le problème n’est pas seulement d’avoir « le droit » de partir à 60 ans – avec une retraite de misère ! –, mais de ne pas voir nos pensions amputées par les décotes sous prétexte que nous n’avons pas travaillé non stop depuis l’âge de 18 ans ! Nous voulons l’annulation de toutes les réformes précédentes, à commencer par le retour aux 37 ans et demie d’annuités.
Et pour cela, nous ne pouvons compter que sur nos forces, sur nos luttes. C’est dès maintenant que nous devons faire reculer le gouvernement. La loi va passer le 15 septembre, avec la majorité UMP ? Et alors ! La majorité des salariés peut annuler leur loi. Après tout, c’est ainsi qu’en tenant bon et en élargissant leur mobilisation, les jeunes ont contraint le gouvernement à renoncer à la loi sur le CPE en 2006. C’est ainsi qu’en 1995, une grande grève qui menaçait de tourner à la grève générale a fait remballer sa réforme à un ministre qui se voulait « droit dans ses bottes ».
Les confédérations syndicales appellent à une nouvelle journée de grève et de manifestation le jeudi 23 septembre. Il faut en faire un succès, plus large que le mardi 7 si possible. Et d’ici là, tout ce qui peut renforcer la mobilisation et préparer la suite : rassemblements, départs de grèves, etc. est bon à prendre.
Car c’est dès maintenant qu’il s’agit de préparer la suite. Des journées de manifestations, même massives, ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement. Elles ne porteront leurs fruits que si leur montée en puissance débouche sur la multiplication de grèves reconductibles, en un mot sur une grève générale capable de susciter la panique chez nos adversaires. Le test de la mobilisation du 7 septembre est plus que positif. La meilleure façon de transformer l’essai, ce serait de ne pas reprendre le travail le 24 septembre.