Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2009 > octobre > 19

De fiston à papa

La semaine dernière, par dérision, quelques jeunes sont allés à l’Élysée demander solennellement à Sarkozy de bien vouloir les adopter, « parce que c’est plus facile quand on s’appelle Sarkozy… d’obtenir un emploi à temps plein ! », au vu du traitement réservé au « prince Jean » catapulté à la tête de l’Epad (L’ Etablissement Public d’Aménagement de la Défense).

Un boulot cash

Alors que le taux de chômage des 18-25 ans approche les 25 % et leur taux de pauvreté les 20 %, quand des milliers de bac + 5 galèrent pour trouver des stages à 300 € par mois, l’Epad, en Sarkoland, c’est sympa ! Certes le job n’est pas officiellement rémunéré. Mais les 1,5 millions de mètres carrés de bureaux gérés par cet organisme dans le richissime quartier d’affaires de la Défense vont générer des milliards d’euros de droits à construire. De quoi se faire rembourser quelques petites notes de frais, voire plus si affinités. Et puis, une telle poule aux œufs d’or donne l’occasion de se faire plein d’amis dans le monde des affaires comme dans les circuits politiques. Ce qui peut être utile pour la suite de la carrière.

Évidemment, il s’est trouvé des aigris pour dire que ce n’était pas du jeu. Jusque dans les beaux quartiers de Neuilly, où Jean Sarkozy a ses « racines », comme il dit, et où on a vu de jeunes minets interviewés se dire un peu troublés par le fait que le petit prodige du 9-2, avec quatre ans de retard dans ses études, n’en soit encore qu’à sa deuxième année de fac de droit. Même ceux qui sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche peuvent estimer que les privilèges, c’est encore plus classe quand c’est plus discret !

Devant la bronca dans l’opinion, la cour de Sarkozy père s’est donc livrée à un concours de léchage de bottes géant, qui a encore ajouté une petite touche de grotesque au tableau déjà chargé. Tel notable a expliqué que «  Jean Sarkozy est le fils d’un génie politique, il n’est pas étonnant qu’il soit précoce  » : les Hauts-de-Seine de la flagornerie, en quelque sorte. Tel autre ministre a accusé la presse de se livrer à rien moins qu’«  une chasse à l’homme  » : sache-le, Jean Sarkozy, ce monde est sans pitié pour les jeunes de banlieue, même chic !

Neuilly et Gandrange

Toutes les chasses à l’homme du monde ne devaient cependant pas empêcher les bateleurs de bateler, et Sarkozy père de refaire cette semaine le voyage pour Arcelor-Gandrange. Début 2008 déjà, il était allé jouer les défenseurs de l’emploi dans cette usine menacée de fermeture. Il avait promis l’aide de l’État, une « politique de lutte contre la désindustrialisation » et toutes ces sortes de choses. Un an et demi plus tard, le site a fermé et ses 600 travailleurs se retrouvent à la rue. Pas de quoi empêcher Sarkozy d’y retourner pour y répéter les mêmes discours, mais prudemment, en visite surprise à la mairie, pas à l’usine, de peur de l’accueil des ouvriers !

Au-delà de l’anecdote, ce télescopage de l’affaire du fiston et de la visite du père à Gandrange témoigne de l’immense cynisme de ce gouvernement. Cela fait des années que Sarkozy et sa bande nous répètent que ce qui est blanc est noir, qu’ils sont les défenseurs de « la France qui travaille », mais que telle ou telle catégorie de salariés sont privilégiés, que les comptes de la Sécu sont minés par les assurés-profiteurs, que les chômeurs sont des assistés…

Face à cela, les aventures de Sarkozy junior au pays des quartiers d’affaires sont comme un rappel brutal de la réalité des prix : celle de toute cette coterie au service des industriels et des banquiers, dont font partie ces fameux « gestionnaires » du quartier de la Défense, qu’ils soient ou non pistonnés par papa ; celle des nouveaux records de profits pour les banques perfusées à l’argent public, pendant que des milliers de travailleurs sont licenciés chaque semaine. La réalité du fric et des privilèges du monde capitaliste, dont les Sarkozy père, fils ou Saint-Esprit ne sont que les obscènes fonctionnaires en exercice. La réalité, c’est le cynisme et l’étalage de richesses d’un côté, le chômage, la surexploitation et le désespoir individuel de l’autre, en attendant la grande révolte collective.

Imprimer Imprimer cet article