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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 62, mars-avril 2009 > DOSSIER : L’arnaque des plans de relance

DOSSIER : L’arnaque des plans de relance

Le plan anticrise d’Obama : Yes we cash !

Mis en ligne le 7 mars 2009 Convergences Monde

« C’est le début de la fin », a dit Obama le 17 février, en signant son plan de relance à 850 milliards de dollars (675 milliards d’euros). Son secrétaire au trésor, Tim Geithner, était resté plus prudent le 10 février en dévoilant un nouveau plan de sauvetage de la finance de 2 000 milliards : celui-ci pourrait nécessiter des « ressources supplémentaires   » , avait-il indiqué aux sénateurs. Ajoutée aux aides déjà accordées dans le cadre du plan Paulson, l’addition monte pour l’instant à près de 3 000 milliards de dollars, un cinquième du PIB des USA.

Nouveau Président, vieilles méthodes

Obama a présenté son plan de relance comme un moyen de lutter contre le chômage. L’économie américaine a perdu 3,6 millions d’emploi en 2008, dont deux millions durant les quatre derniers mois. Mais il ne s’agit pas de stopper l’hémorragie en interdisant les licenciements. Les aides au secteur automobile, à Chrysler, Ford et General Motors, qui atteignent déjà les vingt-cinq milliards, versées sur les fonds du plan Paulson avec l’accord du nouveau Président, ne sont assorties que de l’engagement d’un retour à la «  rentabilité financière  ». Le gouvernement encourage toutes les mesures de « compression des coûts »  : donc les licenciements des intérimaires, plans sociaux, baisses de salaires et coupes sombres dans la protection sociale (qui est directement financée par l’entreprise aux États-Unis). Le syndicat de l’automobile UAW soutient ces plans et œuvre auprès des salariés pour justifier tous les sacrifices. C’est ça l’avantage d’un président se disant proche des travailleurs !

Crédits d’impôts surtout pour les entreprises

Premier volet : des crédits d’impôts pour les particuliers. Mais comme l’État fédéral a revu à la baisse les transferts de fonds qu’il envisage vers les États au bord de la faillite comme la Californie, ceux-ci ne manqueront pas d’augmenter les impôts locaux, frappant tous les foyers. À l’inverse, pas question de revenir sur les baisses d’impôts spectaculaires accordées par Bush aux plus riches (un « bouclier fiscal » à l’américaine), alors que c’était une promesse du candidat Obama.

Les crédits d’impôts pour les entreprises sont bien plus spectaculaires : déductions fiscales sur les plus-values, aide pour éponger les dettes, aide pour investir dans des équipements et, cerise sur le gâteau, possibilité pour les entreprises faisant moins de quinze millions de chiffre d’affaire de répartir les pertes de 2008 sur les cinq années précédentes et donc d’obtenir... le remboursement des impôts déjà payés ! Ces deux premiers volets du plan représentent 40 % des 850 milliards du plan. Le reste se décompose en 10 % pour le logement et 50 % dits « d’investissement ».

Un plan de relance des profits...

Plus de trois millions de ménages américains se sont retrouvés à la rue l’an dernier, faute de pouvoir rembourser leur crédit. Pour ces familles, dont certaines ont planté leurs tentes dans les villes américaines, rien. C’est pour les quatre millions de ménages encore dans leurs murs mais menacés de saisie que l’État s’est engagé, pour un montant maximum de 75 milliards, à payer les remboursements hypothécaires. Vu les crédits sous lesquels croulent les familles pauvres, cette somme ne règlera pas le problème pendant longtemps. Le plan s’accompagne d’un doublement du soutien de l’État fédéral aux organismes de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, qui va passer de 200 à 400 milliards de dollars. Elles au moins ne seront pas à nouveau à découvert !

C’est le volet « investissements » de son plan qui permet à Obama de parler de « grands travaux » et de se comparer ainsi à Roosevelt. Drôles d’investissements de l’État où le gouvernement s’est engagé à «   ne créer aucun emploi public ». Le financement se fera par crédit d’impôts. Ainsi, les 100 milliards pour l’Éducation se résument à des avantages fiscaux pour l’investissement dans la formation professionnelle et pour la rénovation ou la construction d’établissements scolaires : en somme, des cadeaux à l’école privée (un marché juteux aux États-Unis) et aux bétonneurs. Rien pour l’Éducation publique. Les mesures portant sur la fameuse «   croissance verte » qui permettrait de sortir le capitalisme de la crise... enrichiront elles aussi surtout les entreprises de travaux publics. Et moins d’un quart des crédits (98 milliards) sont consacrés aux infrastructures, alors que, selon la Société des ingénieurs civils, il en faudrait vingt fois plus rien que pour remettre en état les routes, ponts et réseaux électriques du pays.

… peut en cacher un autre

Si les mesures du plan de relance d’Obama ont largement été mises en avant par la Maison blanche, le contenu du nouveau plan de sauvetage du système financier bien plus coûteux, 2 000 milliards de dollars d’engagements pour l’instant, reste plus discret. Son auteur, Tim Geithner, avait promis que ce ne serait pas une réédition du plan Paulson. Or il s’agit d’un quasi-copier-coller, en plus cher. À une différence près  : l’administration Bush avait renoncé à l’idée de racheter les « actifs toxiques » des banques. Obama propose la création d’une structure publique, dotée de 1 000 milliards de dollars, dont la fonction sera de le faire. L’État rachèterait au prix fort ces titres qui n’ont plus de prix en bourse car plus personne n’en veut.

Le second paquet de 1 000 milliards doit permettre à l’État de voler au secours des banques en difficulté en achetant des parts de leur capital. Mais attention, pas de nationalisation, a dit le nouveau Président. L’État injecte de l’argent dans les institutions financières au moment où elles vont le plus mal, pour s’en retirer au profit du privé quand elles iront mieux, sans demander à contrôler l’usage des subventions massives accordées.

Enfin, le gouvernement propose de donner un coup de fouet au crédit en encourageant la titrisation des nouveaux prêts. C’est le procédé qui permet à l’établissement émetteur du crédit de se débarrasser du risque en revendant sa créance sous forme de titres échangeables sur les marchés, cette même titrisation qui a été le facteur d’amplification et de propagation de la crise des subprimes.

Raphaël PRESTON

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