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Accueil > Éditos de bulletins > 2008 > décembre > 15

Contagieuse, la révolte de la jeunesse contre la crise ? Que oui !

Depuis le samedi 6 décembre où la police grecque a froidement abattu à Athènes un adolescent de 15 ans, c’est tous les jours que lycéens, étudiants et jeunes travailleurs ont manifesté non seulement dans la capitale et à Thessalonique, les plus grandes villes du pays, mais également dans des villes plus petites et des îles. Indignée par cet assassinat, la jeunesse grecque a laissé exploser sa colère contre la police et un gouvernement réactionnaire tout dévoué à sauvegarder les privilèges de la richesse.

Travailleurs floués et banques renflouées, ça ne peut plus durer !

Si la télé, en Grèce comme ici, a surtout braqué ses projecteurs sur des vitrines cassées et des cocktails Molotov lancés contre des CRS, il est évident que la révolte a des racines sociales. C’est celle de la « génération des 700 euros », d’une jeunesse qui vit de boulots mal payés, ou crève du chômage. La grande masse des travailleurs est également malmenée, sous le coup d’attaques contre la sécurité sociale, contre les retraites, contre les services publics dont les budgets sont réduits ou qui sont privatisés. D’où une dégradation sérieuse du niveau de vie, orchestrée par un gouvernement discrédité par de fracassants scandales, dont celui de juteux pots de vins versés à certains de ses membres par l’Eglise, en échange de l’octroi de vastes terrains. Et c’est ce même gouvernement qui, face à la crise qui secoue la Grèce comme le reste du monde, vient d’annoncer un plan de sauvetage des banques de 28 milliards d’euros, l’équivalent de 4 ans de dépenses pour l’éducation ou 5 ans d’investissements pour la santé.

Elles sont là, les raisons de la colère des jeunes et de la solidarité à leur égard des classes populaires qu’on a pu mesurer par la participation massive, le mercredi 10 décembre, des travailleurs, tous secteurs confondus, à une journée de grève et manifestation (pour la deuxième fois en deux mois), contre la vie chère.

Le gouvernement de Caramanlis, de droite, par crainte d’un rapprochement entre une jeunesse révoltée et des travailleurs mécontents, avait tenté de faire annuler cette mobilisation prévue de longue date. Mais les directions syndicales aussi peu disposées qu’elles soient à un mouvement profond du monde du travail, avaient maintenu l’appel craignant probablement que le mécontentement des travailleurs s’exprime de toute façon sans elles.

Leurs craintes… et nos espoirs

En France, l’éventuelle contagion que pourrait susciter dans la jeunesse les événements de Grèce préoccupe Sarkozy et son gouvernement. Ils ont lieu d’être inquiets. L’explosion de colère de la jeunesse grecque n’est pas isolée. Elle s’ajoute à d’importants foyers de révolte en Espagne et en Italie, qui sont loin d’être éteints. Et voilà des lycéens en France qui ont commencé à se mobiliser, massivement dans différentes régions, jusque dans de petites villes. Eux aussi s’opposent, non seulement à l’hémorragie des effectifs et une nouvelle réforme des lycées qui va encore pénaliser les filles et fils de travailleurs, mais à une situation générale scandaleuse où par un claquement de doigt, des dizaines de milliards sont promis aux banques tandis que des dizaines de milliers de travailleurs le sont au chômage total ou partiel.

En mai 68, c’est la révolte des jeunes qui en France avait donné le signal d’une grève générale qui a forcé un général prétendu intraitable à céder sur bon nombre de revendications…

L’histoire ne se répète pas… à l’identique. Elle peut faire mieux. Ceux qui n’ont que leur travail pour vivre sont bien plus nombreux aujourd’hui dans le monde qu’ils ne l’étaient en 1968, plus exploités encore. Ils finiront par réagir collectivement pour ne pas payer la facture de la crise. Ils se donneront les moyens d’imposer leur propre plan de sauvegarde qui fera sauter les verrous de la sacro-sainte propriété privée et des sacro-saints profits bourgeois. La jeunesse peut-elle une nouvelle fois allumer la mèche ? Ce qui se passe dans différents pays indique que oui.

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