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Lettre ouverte à la Direction de Lutte Ouvrière (24 août 2008)

27 août 2008

Chers camarades,

Nous nous adressons à vous par cette lettre ouverte. Nous avons cru comprendre en effet qu’en cette rentrée vous aviez décidé de dialoguer avec nous par l’intermédiaire de tiers, particulièrement des journalistes, plutôt que directement comme il semblerait normal entre camarades d’une même organisation. Nous ne faisons donc que nous conformer à ce que nous jugeons quand même une étrange attitude.

En effet, avant même que vous nous informiez de votre décision de tenir le 21 septembre « une conférence nationale de Lutte ouvrière » destinée à nous exclure, vous en informiez la presse. A nous, vous vous contentiez de présenter cette réunion comme devant discuter de « nos rapports (ceux de la majorité et de la minorité regroupée dans la Fraction L’Etincelle) passés, présents et futurs », refusant explicitement de nous dire les propositions que vous entendiez y faire et la position que vous comptiez y défendre. A la presse vous indiquiez que cette conférence avait pour but d’entériner la séparation définitive entre la majorité et la Fraction.

Nous n’aurions rien su de vos intentions si l’une des journalistes auxquels vous avez fait vos confidences n’avait quand même jugé bon de s’informer de ce que nous pensions de votre initiative. Et ce n’est que le lendemain, vendredi 22, toujours sans nous en avertir directement, que vous avez mis sur votre site un communiqué (daté du jeudi 21 ?) explicitant vos intentions.

D’après ce communiqué lui-même, votre décision de nous exclure (car il s’agit bien de cela même si vous n’osez pas prononcer le mot et tentez de le camoufler en arguant d’une prétendue séparation voulue des deux côtés) aurait pour motif notre attitude d’une part lors des élections municipales de mars dernier, d’autre part envers la tentative faite par la LCR de bâtir un « nouveau parti anticapitaliste ».

Voilà qui justifierait l’avancement précipité d’une conférence nationale de notre organisation et ce nouveau tournant dans votre attitude à notre égard ? Car aussi bien lors de notre « suspension » en février dernier que dans les mois qui ont suivi, vous avez toujours affirmé explicitement que nos rapports seraient redéfinis lors du prochain congrès de Lutte Ouvrière prévu de longue date en décembre, comme il est de tradition.

Difficile d’y voir autre chose que des prétextes puisque les motifs que vous invoquez aujourd’hui pour précipiter cette exclusion datent… d’une bonne année maintenant, bien avant notre suspension. Si vous vouliez faire la preuve que celle-ci n’était que fausse barbe et justifier nos appréhensions, vous ne pouviez faire mieux.

Notre attitude lors des municipales ? Dès septembre 2007 nous refusions les alliances recherchées par vous auprès de la gauche, en particulier PS, en vous avertissant que vous alliez d’abord brouiller l’image politique de LO et ensuite vous faire rouler dans la farine. Cela n’a pas manqué. Le nombre d’élus de LO a été bien inférieur à ce que vous escomptiez (et une partie l’a été d’ailleurs sur des listes purement LO) et aujourd’hui il vous faut convaincre une partie de vos sympathisants déçus que vous n’êtes pas soumis à cette gauche ou du moins aux municipalités qu’elle détient. Wattrelos justement, que vous invoquez contre nous, est un excellent exemple. Là, le PS a décliné votre offre d’alliance après vous avoir lanternés. Mais plutôt que reconnaître votre échec, vous avez continué à refuser de faire une liste avec nous, ce que nous vous avons proposé jusqu’au dernier moment… et préféré vous en servir de prétexte pour nous suspendre.

Notre attitude vis-à-vis du NPA et de la LCR ? Dès septembre 2007 nous vous invitions à explorer les possibilités de construire un parti d’extrême gauche plus large, comme le proposait la LCR et comme nous-mêmes avions commencé à l’explorer. Depuis nous n’avons fait que continuer dans cette ligne. Nos discussions avec la LCR et notre participation aux initiatives diverses de préparation à un éventuel NPA (conférences ou comités divers) se font dans cet esprit. Nous ne savons pas si un nouveau parti est possible et quel parti. Nous avons bien des réserves et des objections à l’orientation et aux délimitations que la LCR elle-même semble vouloir donner à ce nouveau parti. Il suffit de lire nos textes, en particulier notre publication Convergences révolutionnaires, pour s’en convaincre . Mais refuser a priori d’explorer si la possibilité de construire un parti révolutionnaire plus large existe ou pas aujourd’hui dans ce pays, pour la seule raison que c’est la LCR qui le propose, nous semble effectivement relever d’un sectarisme qui a trop souvent été l’une des plaies du mouvement trotskiste dans les rapports entre les groupes qui le constituent (et que LO elle-même a bien souvent dénoncé).

En tout cas ne feignez pas de découvrir en ce mois d’août 2008 notre politique à ce sujet (de plus en la présentant faussement). Depuis un an vous la connaissiez parfaitement, au moment de notre suspension encore plus. Ni alors ni depuis vous ne l’avez évoquée ni discutée comme une cause qui entraînerait notre exclusion.

Nous avons donc bien l’intention non seulement d’assister (droit que votre communiqué veut bien nous accorder alors que c’est strictement le nôtre, garanti par les statuts de notre organisation) mais de participer à la conférence nationale où vous avez l’intention de mettre en question notre appartenance à Lutte Ouvrière.

D’abord évidemment pour refuser notre exclusion et appeler les camarades de la majorité à la refuser, même si les rapports de la majorité avec la Fraction et du coup aussi le statut de cette dernière doivent être redéfinis (comme nous en étions jusque-là convenus ensemble).

A ce propos d’ailleurs, nous proposons que l’ensemble des camarades organisés dans les cellules de la Fraction soient invités à cette conférence et pas seulement ceux à qui jusque-là vous aviez bien voulu conserver le titre de membres de LO. Ils sont évidemment impliqués au premier chef par les décisions qui en sortiront, il serait donc normal qu’ils assistent aux débats à l’issue desquels elles seront prises. Depuis la constitution de la Fraction vous nous imposez de ne pas compter dans les effectifs de LO les camarades que nous recrutons et organisons avec nous. Mais par ailleurs vous nous avez accusés parfois de leur présenter d’une façon biaisée et distordue les discussions qui pouvaient avoir lieu et les décisions qui pouvaient être prises dans les différentes instances de LO. Voilà pour vous l’occasion d’avoir le débat devant eux et de vous adresser directement à eux.

Enfin, au moment où les patrons et le gouvernement ne cachent pas leur intention de continuer l’offensive contre les travailleurs et les couches populaires que Sarkozy depuis son accession à la présidence a redoublée par rapport à ses prédécesseurs, qui avaient déjà fait pas mal en la matière, nous pensons que Lutte Ouvrière aurait mieux à faire et à débattre qu’à exclure ses opposants. Comment commencer à organiser la riposte et la contre-offensive depuis si longtemps nécessaire ? Telle est à notre avis la tâche de l’heure d’une organisation ouvrière révolutionnaire. Tel devrait donc être l’objet d’une conférence nationale de notre organisation (le seul d’ailleurs qui justifierait la précipitation à l’avancer dès septembre). Nous proposons donc d’inscrire à l’ordre du jour la possibilité et les modalités d’une campagne sur le principal sujet de préoccupation de la classe ouvrière : la lutte contre la baisse du pouvoir d’achat et l’augmentation des salaires, pensions et minima sociaux, en même temps que contre la précarité qui grandit et le chômage qui repart à la hausse.

Une telle campagne concernerait l’ensemble des classes laborieuses. Elle pourrait être proposée à l’ensemble des organisations qui se réclament du mouvement ouvrier, partis, syndicats, associations, ou de la gauche (une belle occasion de s’adresser au PS ou au PCF et à leurs militants cette fois non dans les élections mais sur le terrain de la lutte de classe, occasion que vous ne devriez pas manquer de saisir ?). Et, au vu des positions prises encore récemment par les uns et par les autres, c’est l’ensemble de l’extrême gauche, LCR et NPA compris, qui pourrait se retrouver au coude à coude et unie dans cette action. LO a là une occasion de montrer que l’existence d’une extrême gauche révolutionnaire n’est pas seulement utile aux travailleurs en période électorale.

Nous sommes évidemment prêts à débattre directement avec vous de ces propositions à tout moment, directement, sans intermédiaire et sans attendre une quelconque conférence nationale.

Veuillez recevoir, chers camarades, nos salutations communistes révolutionnaires trotskistes.

Le 24 août 2008

La Fraction L’Etincelle de Lutte Ouvrière.

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