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Accueil > Éditos de bulletins > 2008 > février > 25

« Casse-toi alors, pauvre con ! »

« Casse-toi alors, pauvre con ! ». Non, ce n’est pas (pas encore) le slogan des prochaines manifs anti-sarkozystes. Seulement la réaction rageuse d’un président contesté par un badaud du salon de l’agriculture. Les temps sont durs pour ce président m’as-tu vu… ou trop vu déjà ? Sa cote n’était pas au plus haut, et voilà que sa vulgarité fait le tour de la planète et passe en boucle dans les médias !

Mais ce qui est grotesque, c’est le débat entre les politiciens de droite et de gauche pour savoir s’il est « insupportable » qu’un président soit malpoli, comme le dit François Hollande au nom de la gauche, ou s’il s’agit seulement d’un « style », « direct et viril », comme plaide la droite. Débat bien à l’image de ce qui oppose la gauche et la droite, sur la manière plutôt que le fond de la politique.

Hollande aurait sucré aux cheminots leur retraite, mais autrement ! Royal aurait supprimé autant de postes de profs, mais différemment ! Les mêmes maux, mais pas les mêmes mots !

Sarkozy n’a certes que de la hargne contre ceux d’en bas qui dénoncent sa politique, ceux qui ne croient pas que les heures supplémentaires, l’acceptation de n’importe quel boulot, vont les sortir du pétrin. Comme s’il suffisait de se lever tôt pour mieux vivre, alors que ce sont au contraire ceux qui dorment sur leurs placements financiers qui font fortune.

Pour nous, travailleurs ce qui est « insupportable » chez Sarkozy, ce n’est pas que son langage déflore la fonction présidentielle ! C’est sa politique de brutales attaques contre le monde du travail, ces prétendues « réformes » (mises en chantier déjà par la gauche lors des précédents gouvernement) contre les retraites, contre la santé, contre l’éducation, contre le contrat et les conditions de travail, qui se traduisent par un formidable hold-up dans la poche des plus pauvres, pour distribuer grassement aux plus riches.

Car tandis que la hausse des prix de l’alimentation et des carburants frappe de plein fouet les familles ouvrières, tandis que de prospères entreprises comme Michelin, Arcelor ou Unilever, continuent à licencier et à fermer des sites, ce sont ces industriels et actionnaires que le gouvernement arrose de milliards de subventions. Et ce n’est pas fini, il faudrait encore que les retraités attendent 41 voire 42 annuités pour une pension dite complète, il faudrait encore que les gosses aient moins de profs et d’adultes dans des établissements déjà délaissés, il faudrait encore que le pouvoir d’achat soit grevé par une TVA dite « sociale ».

Les politiciens, de gauche comme de droite qui se présentent aux municipales et nous promettent de « vivre mieux » ici, ou « vivre autrement » là, ne nous disent pas comment, avec des taux de chômage qui atteignent parfois jusqu’à 40 % dans certaines cités ouvrières et des revenus en baisse ! A coup sûr, la conservation ou la conquête de mairies dans ces villes de dizaines de milliers d’habitants apportera davantage à leur carrière ou aux trésoreries des entreprises qu’ils arroseront, gestion municipale oblige, qu’aux plus pauvres de ces communes.

Mais les candidats des grands partis ne nous demandent pas seulement de leur ouvrir les portes de mairies, ils veulent surtout faire avaliser leur politique, menée aujourd’hui au gouvernement par la droite, demain si elle y revient par la gauche. Un succès servirait précisément à la gauche à préparer son retour. Il s’agit donc bel et bien d’un enjeu national. Aux travailleurs, donc, d’en profiter pour renvoyer à Sarkozy son fameux « Casse-toi… » . Mais à eux de faire un geste d’autant plus percutant qu’il ne renforcera pas la gauche, dont la politique mérite le même désaveu.

Non à la droite malpolie, comme à la gauche policée !

Ce sera possible en apportant le maximum de suffrages à l’extrême gauche là où elle s’affirme, là où des listes de Lutte Ouvrière ou de la Ligue Communiste Révolutionnaire se présentent sur leur programme et sous leurs couleurs. Ces voix pour l’extrême gauche seront un gage pour la lutte indispensable à engager, tous ensemble. Car les travailleurs n’arracheront une amélioration de leur sort qu’en usant de leur langage salé à eux, celui du rapport de forces.

Oui, casse-toi… et le plus vite sera le mieux.

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