Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2007 > novembre > 5

Les choses sérieuses peuvent commencer

Il y en a quand même, dans ce pays, qui ne s’en sortent pas si mal. Le Président de la République par exemple, qui s’est fait accorder 140 % d’augmentation la semaine dernière par le parlement. Alors banco : un salaire de 20 000 euros mensuels pour tous ! Sarkozy reste d’ailleurs un petit joueur par rapport à ses amis qui lui offrent des vacances sur leurs yachts à Malte ou dans des villas de luxe aux Etats-Unis : tous ces très riches, actionnaires et autres, auxquels Sarkozy a voté l’été dernier ce « bouclier fiscal » de 15 milliard d’euros.

Voilà qui rend encore plus révoltantes les attaques en cours contre l’ensemble des travailleurs et de la population. Les premiers dans le collimateur sont bien sûr les cheminots, agents de la Ratp et d’Edf-Gdf, dont les régimes de retraite sont sur la sellette. Des retraites pourtant faibles puisque les cheminots non cadres perdent en moyenne 39 % de leur salaire quand ils partent, contre 29 % pour les salariés au régime général (près du quart d’entre eux ont moins de 1100 € de pension par mois). Ca n’empêche pas Sarkozy de préparer une réforme où leurs pensions seraient encore amputées de plusieurs centaines d’euros par mois, en partant plus tard. Travailler plus pour gagner moins !

Un problème purement cheminot ? C’est précisément ce que le gouvernement voudrait nous faire croire, pour que les autres travailleurs ne se sentent pas également visés, et pour que les cheminots restent seuls à se battre. Pourtant, toutes les retraites sont visées, puisque le gouvernement annonce déjà que le nombre d’annuités nécessaires pour une retraite dite « pleine » devrait augmenter dès 2008 pour passer à 41 ans, puis à 42 ans, pour tous.

Les retraites, c’est une partie importante de notre niveau de vie et elles sont déjà bien trop faibles. Gouvernement et patronat prétendent qu’elles seraient inexorablement menacées parce qu’il n’y aurait plus assez d’argent dans les caisses, à cause de l’augmentation de l’espérance de vie. Trop peu d’actifs, en proportion, à cause du vieillissement ? Mensonges. Il y a trop peu d’actifs à cause des licenciements dans le privé, des suppressions de postes dans le public, du chômage et de l’augmentation de la masse des travailleurs précaires et pauvres, qui n’alimentent plus les caisses de protection sociale. Tout est dans tout. Et bientôt rien de rien dans notre poche si nous ne savons pas arracher le maintien des retraites et le retour à 37,5 ans pour tous, l’augmentation générale des salaires d’au moins 300 euros mensuels, l’interdiction des licenciements dans le privé et des suppressions de postes dans le public. Ce qui ne pourra se faire que par une lutte d’ensemble. Tout est lié, l’attaque ciblée de Sarkozy contre les régimes spéciaux ne nous le fera pas oublier ! Et si son désir secret est de vaincre une grève dure des cheminots pour que la défaite serve de leçon à tous les autres, il dépend de nous qu’il se casse le nez. Il dépend de nous que les coups de colère récents des personnels d’Air-France, des marins-pêcheurs, des travailleurs de petites entreprises aux salaires indignes et de celles en butte aux vagues répétés de licenciements, convergent.

Les cheminots et salariés de l’Edf-Gdf ont donné un fort avertissement avec la journée du 18 octobre et ses suites. A nouveau, la plupart de leurs fédérations appellent à une prochaine journée le 14 novembre, de grève reconductible chez les cheminots, alors que de leur côté les fonctionnaires (enseignants, hospitaliers, employés des ministères) sont appelés à faire grève le 20 novembre. Manifestement, les directions syndicales n’ont pas voulu d’un rendez-vous tous ensemble et il faudra encore les asticoter pour y arriver. Mais il est dans l’air qu’une jonction soit possible, si les cheminots continuent après le 14 novembre, à l’appel des syndicats ou en passant outre, si ces derniers décevaient une détermination profonde.

Et nous, tous les autres qui avons aussi des problèmes de retraite, de salaire, de précarité et d’emploi, et éprouvons de plus en plus de dégoût de voir des milliards aller aux rentiers et aux actionnaires au lieu de permettre de vivre à ceux qui produisent les richesses et en assurent le transport, nous devons nous préparer à nous y mettre aussi.

L’affaire devient sérieuse. Il est temps d’agir, pour ne plus subir.

Imprimer Imprimer cet article