Le 18 octobre, et après !
22 octobre 2007 Éditorial des bulletins L’Étincelle
Le jeudi 18 octobre a été une journée spectaculaire. A la SNCF, RATP et EDF-GDF, le nombre de grévistes a battu tous les records, même de 1995. En arrêtant presque totalement le trafic ferroviaire, les cheminots ont montré la force dont dispose la classe ouvrière quand elle cesse le travail. Cette première mobilisation réussie ne peut qu’encourager à la suite, que tous ensemble nous devons assurer la plus large possible.
Le gouvernement a lancé des attaques en bloc contre le monde du travail. Des franchises médicales aux lois anti-immigrés, en passant par le blocage du Smic et l’attaque contre les « régimes spéciaux » de retraite, nous sommes tous concernés. Car toutes nos retraites sont visées, toutes devraient baisser en 2008. Sarkozy veut pousser le bouchon de cette prétendue « réforme » lancée par Balladur contre les travailleurs du privé en 1993. « Réforme » pour eux, ça veut dire des durées de cotisations jusqu’à 41 ou 42 annuités pour une retraite complète, c’est-à-dire des pensions moindres. Attention d’ailleurs : une grande partie des cheminots que Sarkozy voudrait nous présenter comme des privilégiés touchent des retraites de 1000 euros ou moins.
On nous répète qu’il y aurait trop d’inactifs et que les cotisations ne suffiraient plus. Mais un moyen de faire rentrer plus de cotisations, c’est d’embaucher, de liquider le chômage et d’augmenter les salaires ! Cela permettrait de revenir, déjà, aux 37,5 annuités pour tous.
Un autre moyen serait d’aller se servir dans les caisses du patronat. Entre les millions de l’UIMM, les milliards des gros actionnaires ripoux d’EADS et autres firmes, les autres milliards du paquet fiscal accordé aux plus riches, il est bien difficile de croire qu’il n’y a plus d’argent pour nos retraites. De même quand on sait qu’il suffirait d’arrêter les exonérations de charges sociales pour le patronat pendant un an pour boucher le trou de la sécurité sociale.
Toutefois, l’enjeu est bien plus large que les retraites. Il y a tout le reste, à commencer par les salaires et les emplois, qui concernent les travailleurs de tous les secteurs, public ou privé.
Ce qui a donné de la force à la grève du 18, c’est celle du 19 et des jours suivants ! De nombreuses assemblées de grévistes à la Sncf ou la Ratp ont voté la reconduction. Outrepassant la volonté de la direction de la CGT d’en rester à une grève « carrée » de 24 heures.
Beaucoup de cheminots, évidemment, ont marqué la pause dans l’attente de nouvelles consignes des fédérations en faveur d’une grève vraiment reconductible et qui s’adresserait aussi aux autres travailleurs du public et du privé. C’était du moins le prétexte invoqué par la direction de la CGT pour ne pas appeler les cheminots à reconduire et rester seuls. Mais il est maintenant urgent de savoir ce que sera la suite. Il est évident que ce n’est pas en une journée, ni par la grève d’un seul secteur, que l’on fera reculer le gouvernement, encore moins que l’on pourra renverser le rapport de force entre salariés et patronat.
Cela dit, la plus grande vigilance est de rigueur à l’égard des directions syndicales que le gouvernement reçoit à la queue leu leu. Quelles qu’elles soient, ces directions ne s’opposent pas franchement à l’idée d’une réforme des retraites. Quand elles ne s’apprêtent pas franchement à les négocier à la baisse, comme la CFDT ou cette FGAAC qui a le culot d’avoir « gagné » pour les conducteurs de train… cinq ans de boulot en plus !
La seule perspective qui permette d’emporter la victoire, c’est la poursuite du mouvement et surtout son élargissement à l’ensemble des secteurs. Dans chaque entreprise, chaque secteur, nous devons nous préparer à l’épreuve de force contre le gouvernement et le patronat.
Le 18 octobre, les cheminots ont donné le signal du départ. A nous tous maintenant, d’accrocher nos wagons.