Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2007 > juin > 11

Le contre pouvoir sera dans les entreprises et dans la rue

Telles que les choses sont emmanchées avec ce premier tour des législatives, Nicolas Sarkozy décrochera une écrasante majorité au second. Avec quelque 40 % des votants, l’UMP flanquée d’ex-UDF pendus à ses basques pour sauver leurs postes, peut décrocher quelque 80 % des sièges. C’est leur démocratie ! Mais ce mode de scrutin dit « majoritaire » est « étudié pour »… instauré par De Gaulle il y a 50 ans, pour gonfler les gagnants : à l’époque son parti gaulliste. Puis le parti socialiste flanqué du Parti communiste, des Verts et quelques autres, s’en est servi pour s’en trouver lui aussi « bouffi » à la chambre des députés. Et après le passage du septennat au quinquennat pour le mandat présidentiel, le phénomène a été amplifié encore par le choix du socialiste Jospin d’organiser la présidentielle avant les législatives, devenues sous-produit de la première. Voilà entre autres pourquoi le parlement comptera cette fois une belle majorité de députés sarkozystes.

Rien de réjouissant évidemment. Depuis des mois, Sarkozy serine son programme clairement dirigé contre les classes populaires. Les ministres de son gouvernement ont organisé un premier défilé de leurs mesures d’été et d’automne.

Le plafonnement de l’impôt à 50 % des revenus, comme la suppression des droits de succession, favorisera essentiellement les plus riches des riches.

L’incitation aux heures supplémentaires est d’abord destinée aux patrons qui en décident et vont empocher la ristourne, sous forme d’abattement de charges sociales sur ces heures. Les travailleurs n’ont qu’à suer davantage s’ils veulent gagner davantage, ce qui creusera encore le fossé entre ceux à qui on impose de travailler trop longtemps, et ceux qu’on jette au chômage.

Le service minimum en cas de grève dans les transports voire dans l’éducation, c’est un message destiné à l’ensemble du patronat. Car c’est également à celui du privé qu’il sera ainsi donné un feu vert pour contester toute grève, pas seulement dans les transports.

Quant à la révision du Code du travail et tout particulièrement du contrat de travail, elle vise à satisfaire ce patronat qui le trouve trop rigide. Les projets de remplacement du CDI par on ne sait trop quel contrat plus précaire sont encore dans les cartons. Mais on connaît la chanson selon laquelle les patrons embaucheraient davantage s’ils avaient plus de facilités légales… pour licencier !

Et pour financer ces nouvelles prodigalités au monde patronal, il y aura peut-être une nouvelle TVA… A coup sûr de nouvelles économies sur la Sécu, par l’instauration de « franchises » en matière de santé. Les travailleurs les plus pauvres vont devoir mettre davantage de leur poche, sinon ne plus se soigner comme ils le devraient.

Tout le programme de Sarkozy est une machinerie à fabriquer davantage de chômeurs et de pauvres, déjà rodée par le gouvernement dont il sort, mais également par les gouvernements socialistes antérieurs – tous ayant surenchéri dans les largesses au patronat, au détriment des travailleurs. Et encore aujourd’hui, le Parti socialiste exhorte à aller voter pour lui au second tour, comme s’il était de la plus haute importance qu’il ne perde pas trop de députés, alors qu’il n’affiche rien de positif pour les travailleurs. Et pour cause, voilà longtemps qu’il ne fait, lui aussi, que passer les plats aux possédants.

Sarkozy a donc la vedette. Un genre d’homme nouveau « qui dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit »… A voir. Car la seule inconnue, c’est la réaction des travailleurs et des jeunes aux mesures prises contre eux. Elle est de taille puisqu’ils se comptent en millions qui par leur travail font tourner la machine, mais peuvent aussi la gripper s’ils s’y décident et l’organisent.

Il est frappant de voir comment les responsables politiques, de droite comme de gauche, s’inquiètent des quelque 40 % d’abstentions à ce premier tour des législatives. Qui sont ces réfractaires, parmi lesquels beaucoup de jeunes selon les sondages ? Ils pourraient bien faire partie de la vaste troupe qui se prépare à résister et se mettre en marche, dans les entreprises et dans la rue ? Ce qui est une angoisse pour eux, est un espoir et une perspective pour nous.

Imprimer Imprimer cet article