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Accueil > Éditos de bulletins > 2006 > octobre > 9

Assez donné pour leurs profits et leurs bijoux !

Après l’annonce des suppressions d’emplois à Peugeot-Citroën, c’était au tour du PDG d’Airbus, Christian Streiff, d’annoncer, il y a quelques jours, des suppressions d’emplois dans son groupe. Le nombre n’est pas précisé, mais l’objectif clairement annoncé : économiser 30 % des coûts de fonctionnement, soit 2 milliards d’euros par an, sur le dos des travailleurs. Et déjà, le gel des embauches a été décrété début septembre, un millier d’intérimaires ont été informés de la fin de leur contrat pour décembre.

Le prétexte, ce sont les retards pris pour la livraison de l’A380, le nouveau gros porteur de la compagnie, qui devraient coûter à Airbus 4,8 milliards d’euros. Ils seraient dus à des problèmes de câblage, causés par l’utilisation dans l’usine de Hambourg d’un autre logiciel que celui fourni par le siège. La direction ferait payer aux salariés les conséquences de ses propres cafouillages.

Pourtant, l’entreprise n’est même pas en difficulté. Ses usines tournent à plein régime, avec un carnet de commandes pour plusieurs années qui représentait 202 milliards d’euros fin 2005. Quant aux dividendes versés aux actionnaires de EADS, dont Airbus est une des principales filiales, ils ont augmenté de 30 % par rapport à l’année précédente. Mais ce ne serait pas assez ! Dans une interview au Monde, Streiff dit vouloir augmenter la productivité de 20 % en quatre ans.

En plus des salariés d’Airbus, dans la seule région Midi-Pyrénées, près de 60 000 salariés travaillent dans les entreprises sous-traitantes ou liées à l’activité d’Airbus. Ils constitueraient, avec les intérimaires la principale « variable d’ajustement ». C’est-à-dire une grande partie des victimes des restructurations.

Quant à la polémique entre gouvernements français et allemand, sur fond de guéguerre entre les dirigeants du groupe bicéphale EADS, elle consiste à savoir dans lequel des deux pays seront effectuées les plus grosses fournées de licenciements. Ce qui mériterait bien une riposte commune, en France et en Allemagne !

Les objectifs du PDG du groupe Peugeot-Citroën, annonçant une semaine plus tôt la suppression de 10 000 emplois en Europe occidentale (soit 7,5 % des effectifs), dont plus de 7 000 en France, sont du même tonneau. La prétendue « morosité » du marché automobile est un prétexte. Si les ventes de PSA en Europe ont stagné au premier semestre 2006, c’est après des années de progression et elles continuent de grimper au niveau mondial. Quant à la baisse du « résultat net » au premier semestre 2006, invoquée alors que le chiffre d’affaire est en progression, elle n’est due qu’aux « frais » prévus pour la fermeture de l’usine de Ryton, en Angleterre (2000 licenciements), et la restructuration de la filiale Faurécia. Les plans de licenciements occasionnent quelques dépenses ! Mais la Bourse ne s’y est pas trompée, qui a salué l’annonce des suppressions d’emplois d’une augmentation de l’action PSA de 6 %.

A Airbus comme à PSA et dans bien d’autres entreprises, il s’agit de faire payer les travailleurs pour accroître les profits. « Baisser les coûts  », cela signifie pour les salariés des gels de salaire, des conditions de travail dégradées, avec des cadences toujours plus fortes. Les patrons exigent toujours plus d’efforts de la part des travailleurs, soi-disant pour « redresser la situation ». Mais les profits ne cessent de battre des records.

C’est ainsi qu’on a pu lire dans la presse de cette semaine que les patrons des entreprises de produits de luxe, haute couture, parfums, bijoux, voient la vie en rose. « Il y a de plus en plus de riches dans le monde... et les riches sont de plus en plus riches » se félicite le patron de Gucci, le troisième groupe de luxe mondial. Les actionnaires d’EADS, de PSA, de tous ces groupes qui bloquent les salaires, réduisent les effectifs et accroissent la charge de travail et les cadences de ceux qui restent, sont de leurs bons clients.

Jusqu’à ce qu’un coup de sang de notre part renverse le rapport de forces.

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