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Accueil > Éditos de bulletins > 2006 > septembre > 18

Diviser, pour mieux empocher

Fillon, Sarkozy sont partis en guerre contre « les régimes spéciaux » de retraites. Qui est en ligne de mire ? Pas les parlementaires ! Ils continueront de partir avec leur pactole... Ce sont les électriciens, les gaziers, les cheminots, les postiers, les agents de la RATP qu’on montre du doigt. Si ces travailleurs ont la possibilité de partir en retraite à 50 ou 55 ans, ils sont loin d’être les privilégiés qu’on veut désigner à la vindicte populaire ! Leurs retraites n’ont rien de mirobolant. Elles sont calculées sans les primes, qui composent une bonne partie de leur salaire. Et bien peu partent à taux plein : il faut avoir cotisé 37 ans et demi, c’est-à-dire avoir été embauché à 17 ans et demi pour ceux qui partent à 55 ans... Ces départs anticipés viennent contrebalancer des travaux durs, des horaires variables impliquant des nuits ou des week-ends.

La véritable question, c’est : pourquoi ces quelques « avantages » ne sont-ils encore accessibles qu’à une minorité de salariés, quelques 5 % du total ? Parce que tous les autres se sont déjà fait plumer ! Depuis une quinzaine d’année, toutes les catégories de travailleurs ont été successivement attaquées, tranche par tranche, selon la « tactique du salami ».

Balladur en 1993 allonge progressivement la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 pour les salariés du privé. Il impose en même temps le calcul de la retraite sur les 25 dernières années au lieu des 10 meilleures, l’indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires.

Les salariés des « régimes spéciaux » ont évité de passer à la moulinette générale grâce à leur grève en 1995 contre la tentative de Juppé. C’est au nom du principe de l’ « équité » que les Fillon, Sarkozy et Cie reviennent aujourd’hui à la charge. Mais nous sommes tous attaqués ! En 2003, Fillon avait aussi décidé d’allonger le temps de travail pour tous, public et privé, à 41 ans puis 42 ans. Il remet le couvert aujourd’hui, en annonçant qu’à partir de 2008 tout le monde passera à 41 ans, mais qu’ensuite, il faudra se préparer à passer à 42 ans... pour commencer ! Il promet à tous un avenir fait d’une retraite tellement misérable que nous serons contraints de continuer à travailler pour assurer nos vieux jours ! A condition d’en avoir la possibilité...

Les sondages proclament que l’opinion est favorable à cette réforme, et Sarkozy sur France 2 y va de son couplet : « Celui qui dira qu’il est normal que les uns cotisent 40 ans pour que les autres cotisent 37 ans et demi, celui-là ne respectera pas les Français ». Tiens donc, Sarkozy respecterait les travailleurs ?

Parlons-en des injustices et des inégalités. Avec la situation qui se dégrade depuis 25 ans et voit des millions de travailleurs condamnés au chômage, il y a de quoi. Mais les gros actionnaires et autres PDG voient leur compte en banque toujours plus fourni et le bénéfice des géants du CAC 40 a bondi de 23 % au premier trimestre. Ces nouveaux chantres de l’équité n’ont pas un mot sur ces inégalités-là ! Pour eux il y a seulement des salariés qui coûtent trop cher. Les caisses de retraites se vident, mais c’est justement à cause du chômage et de tous les dégrèvements de cotisations sociales en faveur des patrons. Et ce serait encore aux travailleurs de payer la note ?

Sarkozy et les siens veulent nous dresser les uns contre les autres. Et surtout, essayer de nous faire céder les uns après les autres.

Quant aux politiciens de gauche, ils ont succédé à la droite sans défaire la réforme Balladur et cela risque d’être pareil pour la réforme Fillon si la gauche passe en 2007. En tout cas, il n’y en a pas un mot dans le programme du PS. Ségolène Royal et Lionel Jospin se sont contentés de dire qu’il faudrait « une réforme »... Sur le terrain des urnes ils jouent tous sur une éventuelle majorité contre les travailleurs à ce sujet. A nous de nous placer sur le terrain où nous sommes les plus forts, celui de la lutte tous ensemble pour imposer une harmonisation - mais vers le haut cette fois ! - et l’amélioration de nos conditions de vie.

C’est de notre travail que viennent les richesses et quand nous l’arrêtons c’est toute l’économie qui peut être bloquée. Il n’y a rien à attendre des élections de l’an prochain, mais tout de notre détermination à ne pas nous laisser plumer.

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