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Leur fichu terrain d’élection...

31 mai 2006

Il paraît que le 29 mai était un anniversaire. Celui de la victoire du Non l’an dernier, au référendum sur la constitution européenne. Une bougie peut-être, mais pas du gâteau pour ceux que les médias appellent les « nonistes ». La préoccupation de tous est de préparer fébrilement, à droite comme à gauche, du Oui ou du Non, les prochaines échéances présidentielles et législatives de 2007.

Parmi les victorieux du Non à droite, il y a les Le Pen et de Villiers. Ce dernier a eu la vedette à la radio pour dénoncer la « trahison » de Chirac, qui n’aurait tenu aucun compte du Non et aurait commis le crime de continuer à participer aux négociations sur l’entrée de la Turquie dans leur Europe. Bref l’occasion d’une tirade de démagogie xénophobe et raciste.

Parmi les victorieux du Non à gauche, il y a Fabius qui ne semble pas en avoir tiré particulièrement de profit politique puisque les partisans du Oui et ceux du Non se sont réconciliés au congrès socialiste de novembre dernier. La victoire du PS et les éventuels futurs postes gouvernementaux sont à ce prix. C’est la favorite des sondages (et admiratrice de Blair), Ségolène Royal, qui incarne la synthèse en promettant de distinguer la « bonne Europe, parue utopique » de la « mauvaise, apparue bien réelle ». Et c’est le PS du Oui qui, quel que soit le candidat qu’il se choisira (s’il n’y en a qu’un), peut compter tirer les marrons du feu d’une éventuelle victoire électorale de la gauche en 2007.

Restent ceux qui ont crié victoire à la « gauche de la gauche », comme ils disent. Ils organisaient ce lundi, sous l’égide de « comités du 29 mai », quelques réunions, à Paris notamment sous la forme d’une « soirée anniversaire festive » avec la présence de Marie-George Buffet, Olivier Besancenot et quelques autres. Là aussi, les élections de 2007 pour seule ligne de mire. C’est pour cette perspective et elle seule que les uns et les autres affirment non pas franchement leur candidature, mais leur « disponibilité ».

La veille dans le Journal du Dimanche, José Bové avait annoncé qu’il était « disponible » pour représenter la gauche du Non à l’élection présidentielle et être le porte-parole de candidatures uniques aux législatives qui suivraient. Marie-George Buffet rétorquait en insistant sur la légitimité, comme porte-parole commun, d’une candidature PCF pour laquelle elle aussi était « disponible ». D’autres en pinceraient pour des candidats alternatifs moins marqués politiquement, comme le syndicaliste Claude Debons ou le président de l’association Copernic...

Mais quoi qu’il en soit, il s’agit pour tous de ramener la gauche, c’est-à-dire le PS au pouvoir et de réaliser les meilleurs scores pour négocier avec celui-ci une place dans une coalition gouvernementale mais déjà quelques « bonnes » circonscriptions pour les législatives.

Le titre le l’Humanité de ce lundi 29 mai était clair : « 29 mai 2005 ! Un an après, ce qui reste à faire. Mai 2007 ? » Entre les deux attendre ? L’appel « Pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes : il y a urgence ! » lancé le 10 mai par le PCF, diverses associations de gauche et une cinquantaine de personnalités (dont un certain nombre de responsables minoritaires de la LCR) ne l’est pas moins, qui tient à préciser que « si nous n’accédons pas au second tour de la présidentielle [le « si » est un euphémisme], nous nous mobiliserons pour battre la droite et l’extrême droite ». L’Humanité déplore le durcissement de la direction de la LCR qui n’a pas signé cet appel au nom du refus de tout accord parlementaire ou gouvernemental avec le PS. Certes. Mais la LCR a néanmoins demandé un petit strapontin d’observateur dans le comité d’initiative de l’appel. Comprenne qui pourra !

A l’heure du « bilan » d’anniversaire de cette prétendue gauche du Non, les choses sont claires. Ceux qui ont mené campagne commune il y a un an, sous prétexte de défendre des intérêts populaires, n’avaient d’yeux que pour leurs futures chances électorales. Nul doute qu’ils savaient voir loin, mais avec la vue basse !

Les événements qui, cette année, ont marqué l’actualité sociale n’ont guère changé la perspective politicienne de ce petit monde. L’explosion de révolte dans les banlieues ? Regrettable ! La lutte de la jeunesse contre le CPE ? Non prévue au programme et vite oubliée !

Voilà qui en dit long sur cette gauche de la gauche.

Et pourtant, c’est bel et bien la lutte de ces derniers mois, qui a mobilisé une partie de la jeunesse et a trouvé la sympathie du monde ouvrier, qui fait reculer patronat et gouvernement. La lutte et pas les urnes !

Mais la gauche de la gauche, c’est pas l’extrême gauche révolutionnaire !

Olivier BELIN

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