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Accueil > Éditos de bulletins > 2006 > janvier > 16

Villepin ne lutte pas contre le chômage mais contre les travailleurs

Lundi, alors qu’il présentait un énième plan de lutte contre le chômage, Villepin a eu au moins le mérite de souligner le sort réservé à la jeunesse ouvrière. L’entrée dans la vie active est devenue un véritable purgatoire qui durerait en moyenne entre 8 et 11 ans ! CDD, intérims, stages, sont désormais des passages obligés. Le chômage touche 22,8 % des moins de 25 ans, une proportion qui atteint 38 % dans les « zones urbaines sensibles ».

« C’est au problème particulier des jeunes que nous voulons nous attaquer » a annoncé le premier ministre. Traduisez : « C’est en particulier aux jeunes que nous allons nous attaquer ». La mesure phare de son projet : le contrat première embauche (CPE).

C’est le prolongement du contrat nouvelle embauche (CNE), entré en vigueur en Septembre 2005 et qui permet au patron de licencier sans motif pendant les 2 ans suivant sa signature. Faciliter les licenciements pour faire baisser le chômage, c’est ce qu’ils voudraient nous faire avaler ! Villepin avait choisi de limiter cette mesure aux entreprises de moins de 10 salariés... Avant de décider qu’il pouvait bien aller jusqu’à 20, et sans cacher son intention de généraliser ce système. C’est exactement ce qu’il essaie de faire, 6 mois après : le CPE concernera les travailleurs de moins de 26 ans dans toutes les entreprises de plus de 20 salariés.

Et d’argumenter : depuis septembre, déjà 280.000 CNE ont été signés. Est-ce la preuve de son efficacité pour l’emploi ? Pas du tout : ces emplois auraient de toute façon été créés. Mais dans des conditions moins défavorables au salarié. En plus, motus et bouche cousue quant au nombre de CNE rompus, le gouvernement prétend n’avoir aucun moyen de les compter... Comme c’est pratique !

Un autre volet de ce plan est, lui, passé à la trappe. Il y a quelques mois, alors que Hewlett Packard annonçait 1240 suppressions d’emplois, Villepin s’était dit choqué que cette entreprise se permette un plan social après avoir touché de l’argent public. Et de déclarer que le gouvernement planchait sur un projet visant à demander des contreparties aux subventions et allègements de charges - qui, rappelons-le, s’élèvent environ à 20 milliards d’euros par an. Eh bien, le conseil d’orientation pour l’emploi vient de rendre son verdict : « L’exigence d’une contrepartie d’emploi au versement d’une aide n’est pas un gage d’efficacité de cette aide ». Prends l’oseille et tire-toi !

Sans oublier cet arrêt rendu la semaine passée par la Cour de cassation : une entreprise qui fait des profits peut licencier sous le régime, avantageux pour elle, du licenciement économique. Il suffit d’invoquer des difficultés « prévisionnelles ». Après la guerre préventive, le plan social préventif. Bien sûr, les patrons n’avaient pas attendu cette jurisprudence pour pratiquer les licenciements boursiers. Cette nouvelle provocation du gouvernement a pour objectif réel de faire plonger une partie d’entre nous dans le chômage et la précarité, pour mieux faire pression sur l’autre. Et faciliter les chantages de plus en plus nombreux qu’exercent les patrons des grands groupes. Comme Disney, qui menace d’accroître encore la flexibilité en imposant jusqu’à 12 heures de travail le même jour. Comme Bosch qui cherche à faire accepter les 40 heures payées 35. Comme Fenwick qui a augmenté le temps de travail hebdomadaire de 3 heures. Et comme Hewlett Packard qui veut purement et simplement supprimer 8 jours de RTT.

Mais même ce gouvernement cynique et brutal sait qu’il peut perdre beaucoup à multiplier les attaques contre les travailleurs. D’ailleurs, certains ministres l’ont mis en garde. Car ils se souviennent qu’en 1994, Balladur avait dû remballer son projet de « smic-jeune » face à un mouvement de colère de la jeunesse, sortie dans la rue. Tous ensemble, nous pouvons faire de leurs cauchemars une réalité et imposer le seul plan d’urgence contre le chômage : l’interdiction des licenciements, la suppression des subventions au patronat et l’utilisation des fonds pour la création d’emplois utiles dans le secteur public, la suppression de tous les contrats précaires, l’augmentation de tous les salaires de 300 € par mois.

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