Pas d’abstention pour nos revendications, tous ensemble le 10 mars
7 mars 2005 Éditorial des bulletins L’Étincelle
Chirac vient de fixer son référendum sur la constitution européenne au 29 mai. Voilà qui fait monter d’un ton les partisans du « oui » ou du « non » à ce texte long comme un bottin, comme s’il allait changer notre vie quotidienne.
Dans l’immédiat, il y a des choses plus sérieuses qui viennent d’elles-mêmes à domicile : toutes ces « douloureuses » à commencer par la feuille d’impôts. Elle est signée par un personnage connu, Hervé Gaymard, fils d’un pauvre cordonnier. C’est lui, pas avare de l’argent des contribuables pour ses 14 000 euros de loyer, qui a le culot d’écrire : « Nous prenons devant vous l’engagement d’œuvrer pour que chaque euro dépensé en votre nom soit un euro réellement utile » !
Nous ne doutons pas que l’argent de nos impôts soit utile. Mais à quoi et à qui ? Aux grands patrons de l’armement, de l’automobile et tous les autres, auxquels l’Etat ristourne une belle partie des charges sociales et fiscales, entre autres. La Cour des Comptes vient de rappeler que les sommes colossales que touchent les patrons au titre de l’« aide à l’emploi » sont dépensées en pure perte. Le chiffre record de 10 % de chômeurs est là pour le rappeler. Et ce qui est donné au patronat est retiré aux services publics. Le successeur d’Hervé Gaymard au ministère de l’économie, Thierry Breton, annonce qu’il va les mettre à la diète. Comme il l’a fait pour France Telecom, dont il était le Pdg, en supprimant des milliers d’emplois ? Encore un ministre qui prétend « désintoxiquer les Français de la dépense publique » en s’attaquant à l’hôpital, aux transports ou à l’école.
Trop, c’est trop.
Ce mardi 8 mars, dans tout le pays, les lycéens seront à nouveau dans la rue, contre cette loi Fillon, votée à la va-vite, mais que la colère des jeunes peut encore faire remballer. « Retrait de la loi Fillon ! Des moyens pour l’éducation ! » Les lycéens sont loin d’avoir dit leur dernier mot.
Les travailleuses et travailleurs, de leur côté, ne restent pas sans réactions. Les luttes isolées ne manquent pas. Ici contre les suppressions d’emploi et fermetures d’entreprises. Là pour un meilleur salaire. Là encore contre la fermeture d’une maternité, contre celle d’un guichet de poste. Ce n’est pas pour rien que la manifestation à Guéret, pour les services publics, a été un succès. Vingt ans d’attaques continues contre les services publics, ça suffit ! Mais il faut que les mécontentements convergent.
Cette semaine est annoncée comme « sociale ». Le mardi, les lycéens. Le mercredi, les chercheurs. Le jeudi, grève et manifestation tous ensemble, à l’appel de tous les syndicats et organisations lycéennes.
Des revendications à imposer, nous n’en manquons pas.
L’emploi évidemment. L’embauche massive dans le privé comme dans le public, où les conditions de travail ne cessent de se dégrader. Et le respect des 35 heures, plutôt que d’imposer le chômage aux uns, les heures supplémentaires aux autres.
Les salaires évidemment. Car tout augmente : de l’essence au loyer, en passant par le timbre poste, les mutuelles et assurances, les impôts locaux et les prix en général. Les pleins pouvoirs d’achat, oui ! C’est-à-dire au bas mot 300 euros d’augmentation par mois et pour tous.
Il faut que nous soyons nombreux le 10 mars. Certes, aucun dirigeant syndical n’évoque une suite. Ils proposent une journée, puis une autre, mais pas un objectif de riposte générale et musclée, avec des étapes fixées, pour encourager et rallier les hésitants.
Mais cela dépend de nous tous aussi. Jeudi prochain, tous ensemble, nous voterons avec nos pieds, contre la politique gouvernementale et patronale :
« Non » au blocage des salaires, aux attaques contre les services publics et aux suppressions d’emplois ! « Oui » à l’interdiction des licenciements, aux embauches massives et à une augmentation de 300 € uniforme pour tous ! Dans cette lutte-là, pas question de s’abstenir !