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Accueil > Éditos de bulletins > 2005 > février > 21

Ça déménage !

Notre ministre de l’économie, Hervé Gaymard, occupait donc un 600 m2 dans le 8e arrondissement de Paris, près des Champs-Elysées. Après s’être fait le chantre de l’austérité, la révélation de ces 14 000 euros de loyer mensuel aux frais de l’Etat, c’était dur à assumer… Mercredi soir, il déménageait ! Quant au gouvernement, il s’est empressé d’édicter des règles sur le logement des ministres, sans doute pour rassurer « la France d’en bas » : les appartements ne pourront excéder 80 m2, plus 20 m2 par enfant… Cela s’appliquerait-il aussi au logement social ? Ce serait une excellente nouvelle pour tous les mal logés et tous ceux qui sont depuis des années sur les listes d’attente des offices HLM !

Si le ridicule de cette affaire nous a bien fait rire, cela nous rappelle à quel point tout le monde ne vit pas au même tarif… A commencer par les dirigeants des grands groupes cotés au CAC 40 et leurs actionnaires. Ils annoncent des profits sans précédent pour 2004. Il y a une semaine, BNP Paribas ouvrait le bal en annonçant un bénéfice net de 4,7 milliards d’euros. L’Oréal a vu son bénéfice net augmenter de 143 % par rapport à l’année dernière, multiplié par deux fois et demie (imaginons la même augmentation du smic et de tous nos salaires !). Son PDG touche le plus gros salaire de France : 6 millions d’euros en 2003. Total enregistre un bénéfice record de 9 milliards d’euros, dont 3,3 milliards seront distribués sous forme de dividendes. Renault connaît une progression de 43 % avec un résultat net de 3,5 milliards d’euros. Son PDG, Louis Schweitzer, a aussitôt décidé d’augmenter la rémunération des actionnaires de 29 %. Ces grandes sociétés choisissent de distribuer une part croissante des profits à leurs actionnaires : en 2004, les entreprises françaises leur ont versé 18 milliards d’euros de dividendes.

Et nos salaires ? Des années qu’ils sont bloqués, à un niveau parfois extrêmement bas : dans le secteur privé, les trois quarts des branches imposent un salaire à l’embauche inférieur au Smic ! Avec l’augmentation du coût de la vie, notre pouvoir d’achat a considérablement baissé. C’est dans ce contexte que le gouvernement nous sert sa nouvelle rengaine, « travailler plus pour gagner plus »… A part que ce ne sont visiblement pas les mêmes qui travaillent et les mêmes qui gagnent ! Ces profits record pour une minorité de riches viennent du gel des salaires et d’une pression accrue sur nos conditions de travail. Les sociétés qui font les plus gros bénéfices sont aussi celles qui suppriment le plus d’emplois, contraignant des salariés qui restent à produire toujours plus. La productivité ne cesse d’augmenter, tout comme la flexibilité des horaires.

L’unique préoccupation du gouvernement, c’est de permettre aux capitalistes de dégager un maximum de profits. Au détriment du monde du travail, mais aussi de l’ensemble de la société. D’une main, il verse de nouvelles aides au patronat, de l’autre, il impose des plans d’austérité aux services publics.

Il n’y aurait pas assez d’argent pour la santé, pour les transports publics, pour l’éducation, entre autres ? Cette blague ! Les lycéens ont bien raison de descendre dans la rue pour protester contre la casse du bac et l’école encore plus inégalitaire que Fillon leur prépare. Les premiers reculs du ministre de l’éducation montrent combien le gouvernement craint ce mouvement de la jeunesse. Il sait que la colère lycéenne peut être contagieuse. Les travailleurs sont des millions, ils font tourner l’économie. S’ils se mobilisaient à la suite des lycéens, ils auraient la force de faire reculer le gouvernement et les patrons. La journée du 10 mars n’est sûrement qu’une journée d’action de plus, dans l’esprit des dirigeants syndicaux. Mais dans un contexte où le gouvernement est déstabilisé par les manifestations lycéennes (rappelons que les lycéens manifesteront à nouveau le 8 mars), ce peut être une nouvelle étape, en vue de construire le mouvement d’ensemble qui nous manque tant aujourd’hui.

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