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Accueil > Éditos de bulletins > 2005 > février > 7

Il faut préparer la suite !

Les manifestations qui ont eu lieu partout en France samedi 5 février ont rassemblé entre 300 000 et 500 000 participants. Cela faisait un moment qu’il n’y avait plus eu autant de monde dans la rue, en fait depuis le mouvement contre la réforme des retraites. Des centaines de milliers de salariés du public et du privé se sont donc retrouvés pour exprimer leur refus de la politique du gouvernement Chirac-Raffarin, toujours prompt à satisfaire les moindres désirs du patronat.

En cause : en première ligne, la loi dite « d’assouplissement des 35 heures », qui doit être adoptée cette semaine à l’Assemblée. Cette nouvelle attaque contre les travailleurs autorise les patrons à augmenter encore leur quota d’heures supplémentaires et à payer les jours de RTT non pris. Des semaines de 48 heures, voire 60 heures, seraient désormais possibles en payant encore moins cher les heures supplémentaires ! Face à l’assaut de démagogie du gouvernement (« travailler plus pour gagner plus ») le slogan « augmentez les salaires, pas les horaires », a été repris à travers toute la manifestation. Les autres motifs de mécontentement étaient nombreux. Pour les salariés des services publics (poste, hôpitaux, transports) c’était aussi le manque d’effectifs et de moyens. Les enseignants dénonçaient la loi Fillon sur l’école, ainsi que les lycéens, ajoutant leur dynamisme aux cortèges, en colère devant la remise en cause du bac et les mesures accroissant la ségrégation sociale.

Le gouvernement s’est aussitôt empressé de minimiser l’importance de la mobilisation, soulignant que les salariés du privé étaient venus en moins grand nombre que ceux du public et affirmant haut et fort que toute cette agitation ne changerait rien à rien, que les réformes prévues auraient lieu. Mais cette manifestation représente quand même pour lui un nouvel avertissement. Des centaines de milliers de personnes s’opposent à sa politique, elles peuvent en entraîner d’autres. Le privé n’était pas encore assez massivement présent dans la rue, c’est un fait. Il aurait fallu être encore plus nombreux. Cette journée ne suffira pas à faire échouer les attaques : c’est pour cela qu’il faut préparer une suite. Après les précédentes journées des 18,19 et 20 janvier dans le secteur public, on en était au second avertissement. Mais il n’est pas possible de se contenter d’avertir… qu’on va encore avertir.

Il ne faut pas se cacher la réalité : seule une grève générale pourrait faire reculer patronat et gouvernement. Tous ensemble, les salariés en auraient la force. Un tel mouvement d’ensemble ne se décrète certes pas, mais il se construit. Et il faut savoir sur qui nous pouvons compter pour le faire. Le parti socialiste s’est montré samedi dans la manifestation, Aubry était en tête du cortège à Lille. Mais il n’y a rien à attendre d’anciens ministres qui ont participé à la dégradation de nos conditions de travail quand ils étaient aux affaires. Ce sont les lois Aubry sur les 35 heures qui ont mis en place la flexibilité et l’annualisation du temps de travail, le gel des salaires. Quant aux dirigeants des syndicats, ils nous appellent bien souvent en ordre dispersé et ne semblent jamais pressés de donner un lendemain à ces journées d’action. Ils visent essentiellement à retourner à la tables négociations avec le gouvernement et le patronat, mais n’annoncent surtout pas qu’ils ont la volonté de préparer le seul moyen qui pourrait changer d’une façon décisive le rapport de forces et contraindre nos adversaires à céder sur les revendications des travailleurs.

Un mouvement d’ensemble des salariés, du public comme du privé, est absolument nécessaire pour stopper toutes les attaques. Exiger des augmentations de salaires, 300 € supplémentaires pour tous, puisque le coût de la vie ne cesse de s’accélérer, interdire les licenciements dans le privé comme dans le public, obtenir des embauches dans les hôpitaux, l’enseignement, les transports, la poste, avec des vrais services publics, alors qu’il y a des millions de chômeurs, oui c’est possible. Et ça dépend de nous, de notre volonté de ne plus subir passivement toutes les attaques des patrons et du gouvernement à leur service, de notre capacité à prendre directement en mains la direction de nos luttes.

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