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Accueil > Éditos de bulletins > 2004 > décembre > 20

Chômage, licenciements, bas salaires... faut-il une tête de Turc ?

Les opposants à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, dans un premier temps annoncés comme largement majoritaires en France, seraient devenus minoritaires après le discours de Chirac si on voulait en croire les divers sondages. Si c’est vrai, c’est plutôt réjouissant.

Il n’empêche que le débat sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne remplit les média et infecte les consciences. On voudrait nous amener à penser que ce sont les bas salaires des travailleurs turcs et pas la politique des patrons français et du gouvernement Raffarin qui font baisser les revenus des travailleurs et qui amènent un chômage à 10% en France ! On nous ferait presque croire que la privatisation de l’EDF, d’Aéroport de Paris ou de la DCN, que la remise en cause des services publics, que les licenciements d’Areva-Alstom à Saint-Ouen ou que l’attaque contre la Sécu, ce serait de la faute de la Turquie !

Sarkozy, s’était distingué à la fin de la semaine dernière en exprimant son refus et en avait rajouté sur le même registre que nombre de politiciens français, allant d’une partie de la gauche à la droite et à l’extrême droite. Sous couvert de buts apparemment estimables – cessation de l’occupation du nord de Chypre, reconnaissance du génocide arménien, droits de l’homme et de la femme – il s’agit en réalité de courtiser une opinion chauvine. Ce qui se cache derrière les prétendues bonnes intentions de ces politiciens – qui ne vont pas jusqu’à demander à l’impérialisme français de reconnaître ses crimes dans ses anciennes colonies et notamment le massacre d’un million d’Algériens – sont des préoccupations bien moins recommandables. En particulier celle d’exploiter à des fins électorales les sentiments, anti-Islam, anti-arabes et anti tous les étrangers en général, qui se greffent sur l’idée mensongère selon laquelle la concurrence des bas salaires dans les pays pauvres serait la cause du chômage et des licenciements en France.

En quoi les travailleurs turcs menaceraient-ils nos emplois ? Quand Renault s’installe en Turquie – ce qu’il a fait depuis de nombreuses années et sans attendre une entrée officielle de la Turquie dans l’Union européenne – c’est d’abord pour vendre des véhicules dans ce pays et dans sa région. Mais dans les pays les plus pauvres du globe, Renault et tous autres patrons français, se gardent bien la plupart du temps d’investir car ils n’y trouvent ni acheteurs, ni infrastructures, ni main d’œuvre qualifiée, ni sécurité suffisante des investissements.

Le discours mensonger sur les délocalisations, présentées comme principales responsables des fermetures d’entreprises en France, a pour but de blanchir les patrons français et le gouvernement qui les sert. C’est pourtant eux qui sont responsables du niveau élevé du chômage en France, alors même que les bénéfices des grandes sociétés sont à leur sommet.

L’entrée éventuelle de la Turquie dans l’Europe n’est pour rien dans le chômage en France. L’entrée des immigrés non plus ! Ce sont les profits fabuleux extorqués en faisant travailler davantage chaque salarié ayant un emploi, qui sont la véritable cause de la diminution des effectifs. Et les dernières mesures engagées par le gouvernement pour prétendument permettre de « gagner plus en travaillant plus »… en abaissant « le coût de la main-d’œuvre » et en cassant l’actuel Droit du travail, ne peuvent, elles, qu’accroître le chômage. Sans compter que c’est directement le gouvernement qui supprime des emplois à l’hôpital public, à La Poste, à la SNCF, ou même à l’EDF via la privatisation. Dans toutes ces attaques, qui devraient davantage polariser notre attention et susciter nos réactions et nos luttes, la Turquie n’est pour rien et encore moins les travailleurs turcs !

Nos ennemis s’appellent Seillière, Dassault, Bouygues, Chirac ou Raffarin. C’est eux qui profitent de la situation en baissant nos salaires, en augmentant nos charges de travail. C’est eux qui précarisent, qui suppriment des emplois. Et ils sont bien français. Si nos principaux ennemis sont les patrons français, les travailleurs turcs, eux, sont nos frères de classe !

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