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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 67, janvier-février 2010

… et en France, la « Sécu », une couverture maladie de plus en plus mitée

Mis en ligne le 16 février 2010 Convergences Société

À l’instar de Mickael Moore dans son documentaire Sicko, bon nombre de Français sont persuadés de la supériorité de leur système de soins sur tout ce qui se fait ailleurs dans le monde. Alors que celui-ci a pris du plomb dans l’aile, et depuis désormais pas mal d’années.

Une CMU pas si universelle

Le gouvernement Jospin, en créant la Couverture Maladie Universelle (CMU), n’a pas réellement offert de couverture universelle. La CMU fonctionne sur le principe d’un panier de soins. Le bénéficiaire a droit à un certain nombre de prestations dans l’année. S’il a à nouveau besoin de prestations déjà utilisées, il lui faut... attendre l’année suivante. L’association Médecins du Monde [1] (MDM) dénonçait en 2006 la présomption de fraude accueillant les « ayants droit » lors de leur inscription. Le dispositif devrait en principe couvrir 20 % de personnes en plus, bien souvent ignorantes de leurs droits.

La création d’un marché de la santé

La « libéralisation » de la santé s’est accélérée ces dix dernières années. Le chiffre d’affaires des assurances et mutuelles a augmenté de 65 % entre 2001 et 2008, avec une prime aux assurances qui réalisent + 101 % contre + 55 % pour les mutuelles. Le remboursement intégral par la Sécu s’est réduit comme peau de chagrin depuis le plan Barre de 1976. Le PS inaugure pour sa part en 1982 le forfait hospitalier. Depuis, distinguant une médecine vitale et de confort, le taux de remboursement a baissé à 70 %, 35 % et même 15 % pour bien des médicaments et un nombre croissant ne sont tout simplement plus remboursés.

Depuis vingt ans, le nombre de médecins formés chaque année est descendu de 8 500 à 3 500. La faiblesse voire l’absence de concurrence met les praticiens en position de force : d’un côté 40 % d’entre eux refusent les patients CMU selon Médecins du monde, de l’autre le dépassement d’honoraires se généralise, en particulier chez les spécialistes. Là encore, la pratique est presque aussi vieille que la Sécu : elle a autorisé les premiers dépassements d’honoraires en 1960 et créé le « secteur II conventionné à honoraires libres » en 1980. Aujourd’hui, les dépassements d’honoraires en clinique atteignent 2 milliards d’euros par an ! Ce n’est pas un hasard : l’hospitalisation en milieu privé à but lucratif a progressé jusqu’à atteindre 23 % du total ; c’est un record en Europe ! La concentration capitaliste touche les cliniques : la Générale de Santé en possède 180. Son concurrent Vitalia assure quant à lui 20 % de rentabilité à ses actionnaires... Comment ? En se réservant les interventions simples et juteuses, et en laissant à l’hôpital les soins de longue durée, voire le suivi post-opératoire si le chirurgien de la clinique a loupé son coup de bistouri. Ainsi le traitement par pompe à insuline est déjà quasiment privatisé, entre autres à une filiale de Nestlé. Au passage, le coût a été multiplié par trois.

Mathieu PARANT


[1Eh oui, au pays de la Sécu une partie des soins est assurée par des associations humanitaires ! Médecins du monde a assuré 38 000 consultations en 2008 dans 21 centres...

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Numéro 67, janvier-février 2010