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DOSSIER : Avril, mai, juin 2003. Renouveau des luttes, début de la contre-offensive des salariés

Yvelines (78) : les ambiguïtés de la FSU

Mis en ligne le 11 juillet 2003 Convergences Politique

Dans les Yvelines, à partir du succès de la journée du 6, la grève reconductible était entrée dans les discussions. On se répétait par le bouche à oreille qu’elle avait été votée dans le Val-d’Oise voisin, à Bezons ou Argenteuil ; elle commença à se généraliser au lendemain du 13, surtout dans le primaire et dans les établissements du Mantois. Elle devint massive dans le secondaire à partir du 19.

Jusqu’au 13, seules des organisations minoritaires dans le monde enseignant (CGT, Sud, CNT et souvent FO) oeuvraient réellement à l’extension. La FSU de son côté déclarait soutenir les personnels engagés dans la grève reconductible ; mais ce n’est qu’au lendemain du 13 qu’elle abandonna les formules ambiguës, le Snes appelant par courrier à s’y « engager sans attendre ».

Pourtant cette orientation de la FSU se traduisit de façon extrêmement variable. Dans le Mantois, là où le mouvement atteignait un niveau comparable à celui de la Seine-Saint-Denis, les responsables FSU s’y engageaient avec un incontestable dynamisme, organisant très tôt des actions en direction des autres secteurs (diffusions à La Poste, à Renault-Flins, manifestation interprofessionnelle à Mantes-la-Jolie plus fournie qu’en décembre 1995).

Endiguer l’influence de la Coordination

Ce pôle fort fut le point d’appui à partir duquel la FSU proclama très vite une « AG départementale des établissements en lutte des Yvelines », en réalité assez clairsemée. Les appels qui en sortirent étaient expurgés de toute revendication précise pour permettre la signature du Sgen-CFDT ce qui entraîna l’abstention, entre autres, de militants de FO et de la tendance « Ecole émancipée » de la FSU.

Mais cette AG (à l’entrée de laquelle flottaient les drapeaux de la FSU et eux seuls !) n’avait pas pour fonction d’étendre et de coordonner le mouvement à l’échelle de tout le département. Elle visait surtout à réaffirmer le leadership syndical et à se proclamer le plus vite possible direction départementale du mouvement en dehors de toute référence à l’AG Ile-de-France et à la Coordination nationale, ignorées tout au long des débats.

Ainsi, dans les Yvelines, la FSU majoritaire ne se lança dans la grève qu’aux moments et aux endroits où celle-ci menaçait de lui échapper. Aux autres on put observer des comportements beaucoup plus attentistes de responsables syndicaux trop englués dans la cogestion des établissements pour impulser le mouvement en s’appuyant sur les minorités les plus décidées ou ne croyant pas dans le mouvement et laissant la responsabilité de son échec à l’extrême gauche politique et syndicale, se contentant en tout cas au mieux de relayer avec plus ou moins d’énergie les appels aux « journées d’action ».

Ce qu’aurait pu être une politique d’extension

Dans bien des communes, aucune direction du mouvement n’émergea. Au plus quelques petites minorités se lancèrent-elles dans la grève reconductible pour se décourager après quelques jours. A contrario, l’expérience de l’AG Yvelines-Nord a montré quelle impulsion le mouvement pouvait recevoir du simple fait que les minorités les plus décidées trouvaient un cadre où discuter leur situation et rassembler leurs énergies.

Profitant de la manifestation du 13 mai, quelques partisans de la grève reconductible (de divers horizons politiques et syndicaux) s’étaient donnés rendez-vous dans une école maternelle : ils ne s’attendaient pas à s’y retrouver à une centaine. Pour les enseignants de maternelle et d’élémentaire, déjà engagés dans la grève en ordre dispersé depuis quelques jours, cette AG permit de tisser les liens indispensables ; pour les minorités du secondaire qui hésitaient à se lancer, elle donna l’énergie nécessaire. Par la suite, se tenant de une à deux fois par semaine, rassemblant jusqu’à 130 participants, elle resta un point de ralliement qui permit à bien des grévistes de rester dans le mouvement même quand il devint minoritaire.

C’est aussi à partir de cette AG 78-Nord que furent lancées des initiatives en direction d’autres secteurs : tracts aux ouvriers de Peugeot-Poissy, visites à l’hôpital de Poissy ou aux usines Norton et Thalès à Conflans, délégations aux AG des cheminots du dépôt d’Achères et aux employés municipaux de cette ville dont une forte minorité demeura en grève une semaine.

Si dans les Yvelines-Nord, le mouvement a pu prendre son essor, c’est parce qu’un cadre organisé était proposé, sans exclusive, à tous ceux qui voulaient œuvrer à généraliser et approfondir la grève. Précisément ce que ailleurs les directions syndicales (essentiellement FSU) se sont la plupart du temps bien gardées de mettre sur pied.

Julien FORGEAT

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Numéro 28, juillet-août 2003