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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 76, juin-juillet 2011

Usine SANDEN, en Bretagne : Quatre jours de grève chez un compresseur de salaires

Mis en ligne le 15 juin 2011 Convergences Entreprises

Située entre Saint-Malo et Rennes, l’usine japonaise Sanden a connu, début mai, quatre jours de grèves pour les salaires. C’est le plus grand conflit qu’a connu cette entreprise depuis sa création il y a 15 ans. Ce sous-traitant automobile de 780 salariés et d’environ 200 intérimaires produit des compresseurs pour la climatisation. Sanden est réputée pour ses salaires très bas et son application zélée du toyotisme, avec tout ce que cela signifie comme stress permanent. Avant ce mois de mai, beaucoup se disaient :« Ça ne bougera jamais, les gens ont trop peur. »

En 2009, Sanden avait fait payer la baisse des commandes en congédiant les intérimaires et licenciant des dizaines de salariés. Quand le marché est reparti, elle a imposé énormément de samedis travaillés grâce à un accord de modulation annualisé très défavorable aux travailleurs. Signe annonciateur de la montée de la colère, l’année dernière, pour la première fois, une journée de grève fut très suivie contre cet accord obtenant ainsi son retrait. Cependant les salariés ont continué à travailler souvent un samedi sur deux, faisant des semaines de 45 heures. Parallèlement, la direction a augmenté les cadences, détériorant ainsi les conditions de travail et de santé. En dix-huit mois, le nombre d’incapacités de travail a été multiplié par 2,5. Les accidents et le nombre d’arrêts maladie ont eux aussi beaucoup augmenté.

Les salariés cessent le travail

En avril dernier, lors des Négociations annuelles obligatoires, la direction a proposé 1,8 % d’augmentation, moins que l’augmentation de 2 % du Smic prévue cet été. Dans la foulée, annonce arrogante de nouveaux samedis travaillés. L’idée de lancer une grève dure commençant à faire son chemin parmi les ouvriers, le patron a alors proposé 2,8 % d’augmentation générale et individuelle face à une intersyndicale FO-CFDT-CGT qui réclamait 3,5 %. En échange de son « geste », la direction réclamait la conversion de deux jours de RTT salariés en RTT employeurs (c’est-à-dire avec fermeture de la boîte à la discrétion du patron). C’en était trop, l’intersyndicale appela à la grève le mardi 3 mai. Commencée par l’équipe d’après-midi, elle a été suivie par les équipes de nuit et du matin.

De 200 à 250 salariés (sur un effectif de 780) ont fait grève, notamment parmi le personnel administratif, certains chefs et même quelques cadres. Bien que minoritaire, la grève a quand même perturbé la production : des cadres venaient à 5 heures du matin pour constater ses effets, des responsables ont dû travailler sur la chaîne au côté des intérimaires... À un moment donné, seulement 2 300 compresseurs sortirent sur les 5 200 compresseurs produits habituellement par une équipe.

Jeudi matin 5 mai, grand rassemblement regroupant les grévistes des trois équipes sous les fenêtres de la direction : même des salariés du week-end vinrent grossir les rangs des contestataires. Ce fut l’occasion pour les travailleurs des différentes équipes de mieux faire connaissance, de discuter entre eux et de se rendre compte de leurs difficultés communes. La grève s’est poursuivie avec des jeux de palets, de cartes et des barbecues-galettes saucisses.

Le vendredi midi, une centaine de grévistes ont manifesté en dehors de l’entreprise aux cris de « salariés sous-payés ! » ou « Thiron du pognon ! » [du nom du DRH]. Pour la plupart, c’était leur première manifestation. Le cortège était très dynamique et les manifestants étaient heureux de recevoir le soutien bruyant des automobilistes. Tout s’est terminé par un pique-nique sur le rond-point de l’entreprise.

Cependant, la mobilisation marquant le pas, le mouvement a été suspendu le vendredi soir. Le lundi, les syndicats FO et CGT signaient l’accord.

Moins que ce que les ouvriers attendaient.... plus que ce que la direction voulait

La grève s’est finalement conclue avec 2,8 % d’augmentation générale et individuelle pour tous (plus que ce que la direction proposait initialement) et uniquement en augmentation générale pour les bas salaires. De plus, la direction a dû renoncer à prendre deux jours RTT aux salariés et les non-cadres ont gagné, entre autres, le droit à 4 jours de congés pour enfant malade.

Cette grève a permis de resserrer les liens et de poser les jalons pour l’avenir. Comme disait une ouvrière : « Cela fait des années qu’on travaille dur pour des salaires de misère. Sanden se moque de nous, il est temps qu’on se fasse respecter.  »

À PSA Rennes la révolte gronde

À 30 kilomètres de Sanden, l’heure est aussi à la révolte chez les 6 500 salariés de l’usine PSA. Dans cette entreprise historiquement très répressive et qui n’a jamais connu de grande grève, même en mai 68, les débrayages se succèdent depuis quelques mois. En février dernier, plusieurs jours de grève de centaines de travailleurs ont permis d’imposer des créations de postes et des diminutions de cadences. Récemment, l’équipe de nuit a fait ravaler sa fierté à la direction en obtenant la fin des horaires variables. Le vendredi 6 mai, dernier jour de la grève à Sanden, 150 ouvriers de PSA débrayaient à nouveau pour protester contre un samedi travaillé annoncé trois jours avant et un cortège défilait dans l’usine en scandant « et un, et deux et trois cents euros ! ». Dans l’industrie automobile bretonne les temps changent...

31 mai 2011

Gyslaine THOMAS

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