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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 2, mars-avril 1999

Editorial

Une offensive anti-ouvrière coordonnée et planifiée

Mis en ligne le 1er avril 1999 Convergences Politique

La loi Aubry, dite bien à tort « des 35 heures », a pu faire illusion pendant un temps. En tout cas auprès de ceux qui voulaient espérer et croire en la gauche envers et contre tout.

Les différents accords déjà signés, ce que l’on peut déjà savoir sur ceux qui sont en train de se négocier, ne laissent plus place au doute. Il est impossible de bonne foi de s’accrocher à la version officielle suivant laquelle la loi Aubry serait destinée à créer des emplois, tout en améliorant les conditions de vie et de travail des salariés par la diminution du temps de travail.

Le nombre d’emplois créés jusqu’ici, en ce début du mois de mars 1999, dépasse à peine une vingtaine de milliers. Officiellement, sans que les travailleurs ni même les syndicats aient les moyens véritables de le vérifier. Dans certains cas même, dont l’automobile est le plus spectaculaire mais certainement pas le seul, l’accord va finalement se traduire par une diminution nette du nombre des emplois – un comble dans l’application d’une loi dont le premier but était, paraît-il, de réduire le chômage.

La loi Aubry au centre du dispositif anti-ouvrier

C’est ridicule en regard des trois millions de chômeurs et des trois millions de précaires, c’est-à-dire trois autres millions de chômeurs intermittents, partiels ou déguisés. C’est révoltant en regard des subventions qui sont consenties par l’Etat aux patrons signataires. C’est suffisant pour convaincre de trahison les directions syndicales qui donnent leur signature, quel que soit le prétexte avancé : jours de congés supplémentaires (généralement à la disposition du patron), embauches d’intérimaires ou de temps partiels (le plus souvent travaillant déjà dans l’entreprise) ou nombre d’emplois prétendument préservés.

Flexibilité totale des horaires sur l’année, voire sur plusieurs années ; travail du samedi rendu obligatoire ; temps de pauses retirés du calcul de la journée de travail ; augmentation des cadences, de la pénibilité et de l’intensité du travail ; blocage des salaires, qu’on veut appeler par un doux euphémisme modération salariale, etc. Ces accords sont d’abord, et dans tous les cas, l’occasion pour les patrons de remettre en cause un certain nombre d’acquis obtenus au cours des luttes passées.

Pour poursuivre son offensive contre la classe ouvrière et accroître encore un peu plus l’exploitation des salariés, il est évident que le patronat s’est rallié autour de l’étendard déployé par Martine Aubry.

Et la loi Aubry n’est qu’un des volets du dispositif au service des possédants mis en place par le gouvernement : privatisations, baptisées à l’usage de Robert Hue ou Jean-Claude Gayssot ouvertures du capital, plus nombreuses que sous le gouvernement précédent : France Télécom, Air France, Aérospatiale, Crédit Lyonnais ; poursuite du plan Juppé contre la sécurité sociale et au détriment de la santé de la population, avec ses fermetures de services d’urgence, de maternités de proximité, de lits d’hôpitaux ; attaques du ministre de l’éducation Claude Allègre, sous prétexte de réforme de l’enseignement, contre les enseignants et les conditions de l’éducation de la jeunesse.

En accédant au gouvernement, la gauche plurielle a bien repris sans état d’âme et ouvertement le rôle qui lui était dévolu d’état-major de la bourgeoisie dans la guerre que celle-ci mène en permanence aux travailleurs. Et elle entend bien continuer. Ainsi, alors que les attaques sous le drapeau de la loi Aubry se développent à plein, une nouvelle offensive sur un nouveau front, celui des retraites, se dessine déjà.

En envisageant (car c’est bien de cela qu’il s’agit, même si pour l’instant on ne parle que d’étude de différents scénarios possibles ou de rapports confiés à des hauts fonctionnaires) de porter à 42 ans et demi le nombre d’annuités nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein, Jospin fait mieux que la droite. Mieux que Balladur qui l’avait porté de 37 ans et demi à 40 pour le privé. Mieux que Juppé en 1995 qui avait essayé, sans succès grâce à la réaction des cheminots et des travailleurs d’autres services publics, la même chose pour le public.

Préparer la riposte d’ensemble

Après les salariés en activité, les chômeurs, les jeunes, voici donc le tour des retraités. Pas une seule catégorie ne peut espérer être épargnée. L’ensemble des classes populaires a bien affaire à une offensive de la bourgeoisie, systématique, tous azimuts, dirigée, coordonnée, planifiée même peut-on dire, par le gouvernement.

Les résistances sectorielles, les contre-offensives locales, les combats partiels, bien que loin d’être aussi nombreux qu’il le faudrait, existent. Ils sont nécessaires, légitimes, indispensables. Ils peuvent préparer la riposte d’ensemble, pas la remplacer. De la même manière qu’il ne suffit pas qu’un syndicat ne signe pas un accord nuisible s’il ne se met pas en situation de préparer le futur combat pour les revendications.

A une offensive sur tous les fronts, systématique et coordonnée, seule une contre-offensive de même ampleur peut s’opposer avec succès : un mouvement d’ensemble, pour des objectifs d’ensemble.

Car une contre-offensive générale, sous peine d’être dévoyée comme cela est déjà arrivé dans le passé, devra se donner des objectifs qui correspondent aux intérêts de toutes les couches populaires et exploitées, un programme tel le plan d’urgence mis en avant déjà par Arlette Laguiller durant la dernière campagne des élections présidentielles.

Aujourd’hui il est défendu par la liste LO-LCR dirigée par Arlette Laguiller et Alain Krivine pour les élections européennes.

Certes ce programme d’urgence, défendu aujourd’hui par le seul courant communiste révolutionnaire, n’aura de sens que s’il devient celui de l’ensemble des travailleurs puisque c’est la lutte d’ensemble qui seule peut l’imposer. Mais la campagne en faveur de la liste LO-LCR doit justement être l’occasion de le proposer à l’ensemble des travailleurs comme aux autres tendances du mouvement ouvrier.

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