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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 38, mars-avril 2005

Editorial

Un si lointain dimanche de référendum...

Mis en ligne le 7 mars 2005 Convergences Politique

Chirac s’est donc prononcé : ce sera le dimanche 29 mai. Dans 12 semaines. Les commentateurs s’étonnent. D’habitude (car le recours au référendum comme moyen de diversion est devenu une longue habitude en France) il n’y a que trois ou quatre semaines entre l’annonce et la tenue.

Chirac prend-t-il le risque de laisser le temps au Non de grignoter peu à peu du terrain et finalement de l’emporter ?

Le mécontentement social grandit et s’exprime : mouvement des lycéens contre la loi Fillon, mouvements encore limités et dispersés sur les salaires et même journées d’action que se sentent obligées de programmer les confédérations syndicales... Or s’il est une raison qui pourrait pousser à aller aux urnes à la fin mai et y mettre un bulletin Non, c’est bien le mécontentement devant les coups redoublés qu’assènent les patrons et le gouvernement. Dire Non à Chirac, Raffarin et toute leur bande est vraiment la seule raison qui pourrait faire changer une opinion qui aujourd’hui, selon les sondages, soit serait plutôt pour le Oui (parce qu’à juste raison ses sentiments la portent à être favorable à l’Europe, objet officiel de ce référendum), soit surtout se contre-fiche du référendum en écrasante majorité. Point besoin d’ailleurs des sondages, il suffit d’interroger ses collègues de travail ou ses voisins sur ce qu’ils pensent du référendum. Du quoi... ?

Si Chirac prend un risque (un bien petit risque sans doute mais on ne sait jamais... De Gaulle lui-même a fini par se faire prendre à son propre jeu...) c’est justement pour cette raison. Car il lui faut sans doute une majorité de Oui, mais il lui faut aussi éviter une abstention trop massive qui ridiculiserait le référendum, son résultat quel qu’il soit et toute tentative pour utiliser politiquement celui-ci.

Or les tentatives entreprises il y a déjà des mois pour en faire l’enjeu de l’année n’ont jusqu’ici guère produit d’effets. Celles de la droite pour dramatiser l’éventualité de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne n’ont pas vraiment remué les électeurs. Le pré-référendum du Parti socialiste n’a concerné qu’une demi-douzaine de prétendants à la candidature aux prochaines présidentielles. Bien difficile de soulever l’intérêt des gens pour une consultation dont le résultat ne changera rien à leur sort (et sans doute même pas au sort du gouvernement même au cas où l’image de Chirac serait un peu écorné par une rebuffade de l’électorat) et ne changera pas plus à celui de l’Europe que ses classes dirigeantes continueront à construire dans leur seul intérêt même si, en France ou ailleurs, une majorité d’électeurs disent Non à la constitution Giscard.

Ce sont les lycéens qui ont raison, assez jeunes encore pour ne laisser aucune manœuvre politicienne les détourner de manifester leur opposition à une loi Fillon qui obère l’avenir d’une partie d’entre eux et qui - Oui ou Non le 29 mai - s’appliquera si la rue ne la balaie pas.

Ce sont les travailleurs qui entrent en lutte ici ou là pour les salaires ou contre les licenciements, dès aujourd’hui, dans des conditions difficiles vu l’immobilisme des dirigeants syndicaux, qui ont raison.

Et le rôle de l’extrême gauche, plutôt que de sauter à pieds joints dans le piège qui est tendu aux travailleurs, est de répéter que l’intérêt de ceux-ci, qu’ils décident finalement de voter Oui, de voter Non ou de s’abstenir, est de réserver toute leur énergie à préparer le mouvement d’ensemble qui seul pourrait changer radicalement leur sort... et peut-être celui de toute la classe ouvrière européenne.

6 mars 2005


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