Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 26, mars-avril 2003 > DOSSIER : Les Etats-Unis en guerre : contre l’Irak, contre les peuples, (...)

DOSSIER : Les Etats-Unis en guerre : contre l’Irak, contre les peuples, contre leur peuple

Un pays riche... en pauvres

Mis en ligne le 23 mars 2003 Convergences Monde

Des statistiques gouvernementales américaines indiquent pour 2001 un total de 32,9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, soit 11,7 % de la population. Elles étaient 31,6 millions en 2000, la détérioration continue donc. Il y a eu pire à la fin des années 50 ou dans la première moitié des années 80 (sans remonter aux années 30). Mais depuis 1993, les statistiques officielles indiquaient une amélioration régulière, jusqu’à ce que la courbe s’inverse avec les difficultés économiques dès le début de 2001 [1].

Quelque 20 millions de personnes ne survivent que grâce à l’aide alimentaire, délivrée de plus en plus chichement, depuis que le républicain Reagan dans les années 80, puis le démocrate Clinton dans les années 90, ont pris des mesures contre la déjà maigre protection sociale étatique. Animés, l’un comme l’autre, de la pieuse et hypocrite intention de ne pas laisser les pauvres s’installer dans l’assistanat, ils ont introduit des « réformes » pour les obliger à travailler, sous peine de perte de toute allocation. Avec Clinton l’aide sociale imputée au budget fédéral a été supprimée. A charge pour les 50 Etats de la distribuer, ou pas, selon des critères plus durs. Sur l’ensemble du pays, le nombre des bénéficiaires de l’aide sociale a baissé de 27 % entre 1996 et 1998. Et comme toujours, les femmes, les gosses, les immigrés de fraîche date, ont trinqué les premiers. A noter que les Etats-Unis détiennent le triste record du taux de pauvreté enfantine pour les pays développés. Un jeune sur 6 a la vie dure.

Les Etats-Unis ont aussi cette spécificité sur les autres pays industrialisés, d’avoir des ghettos quasi irréductibles, surtout « noirs » ou « latinos ». Ce vers quoi le démantèlement des protections sociales en Europe occidentale conduit.

En fait, sur une population laborieuse de 146 millions de personnes, 5,6 % vivent sous le seuil de pauvreté. Autre statistique : 38,3 % des « 16 ans et plus » qui vivent sous le seuil de pauvreté travaillent pourtant.

La remontée du chômage

Les dirigeants américains se sont flattés que le pays ait connu, de 1991 à 2001, dix années d’expansion et que le taux de chômage qui avait frisé le pic des 10 % au début des années 80 (10,8 % à la fin 82, niveau jamais atteint depuis la seconde guerre mondiale), soit descendu à 5,5 % au milieu des années 90, et à 4 % en 2000. C’était faire l’impasse sur l’escroquerie, comme partout certes, des statistiques du chômage que certains instituts non officiels évaluent à 11 %, voire 15 % de la population active. C’était faire l’impasse aussi sur la baisse du niveau de vie liée au remplacement des emplois bien payés par des emplois au salaire minimum, ou inférieurs s’ils sont temporaires ou à temps partiel. Entre 1979 et 1995, la disparition de 22 millions d’emplois a touché le secteur industriel manufacturier, propre aux « cols bleus » relativement bien rémunérés. La création de 29 millions d’emplois dans la même période, l’a été surtout dans les services (commerce de détail, aide médicale, emplois de bureaux). Pour l’essentiel, c’étaient des emplois mal payés qui ont remplacé des emplois mieux payés. La baisse des salaires réels est évaluée à 20 % sur les 25 dernières années du 20e siècle. La baisse de l’indemnisation du chômage a suivi une pente parallèle. Seuls 47 % des chômeurs bénéficieraient du système d’indemnisation contre 75 % il y a 25 ans. [2]

Et en 2001 et 2002, chaque mois, le nombre officiel des chômeurs a inexorablement grimpé pour atteindre les 6 millions à ce jour.

Lydie GRIMAL


A bas les 13 000 familles !

Selon le magazine Fortune, si entre 1970 et 1999 le salaire moyen annuel a augmenté de 10 %, la rémunération annuelle des 100 PDG américains les mieux payés a cru de 2 884 % !

Environ 13 000 familles les plus riches disposent d’un revenu presque égal à celui des 20 millions de ménages les plus pauvres.


Sous le seuil de pauvreté en 2001 (selon le U.S. Census Bureau)

Selon l’origine, l’âge, la situation familiale… Nombre total (en milliers) Pourcentage(de la population considérée)
Origine (encore partiellement caractérisée par les autorités américaines sous l’appellation de « race »)
- Blancs 22 739 9,9 %
- Noirs 8 136 22,7 %
- Hispaniques 7 997 21,4 %
Age
- moins de 18 ans 11 733 16,3 %
- 18 à 64 ans 17 760 10,1 %
- 65 ans et plus 3 414 10,1 %
Statut
- né aux USA 27 698 11,1 %
- nationalité étrangère 4 023 19,7 %
Type de famille
- couple blanc marié 2 242 4,5 %
- femme seule assumant charges familiales
— blanche 1 939 22,4 %
— noire 1 351 35,2 %
— hispanique 711 37,0 %

[1Le seuil de pauvreté, déterminé par les services du recensement américains, est une statistique évaluant un revenu monétaire minima avant impôts, calculé selon l’indice officiel des prix à la consommation, la taille de la famille et l’âge de ses membres. A titre indicatif, la fourchette donnée pour l’année 2001 va de 8 494 dollars par an (soit environ 700 euros mensuels) pour une personne seule de plus de 65 ans à 34 238 dollars pour une famille de 9 personnes ou plus (320 euros mensuels par tête).

[2Selon Michael YATES, « Le mouvement américain après le 11 septembre », dans « L’autre Amérique, les Américains contre l’état de guerre » (Editions Textuel, septembre 2002).

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article