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DOSSIER : Tous ensemble contre les mille et un visages du chômage et des licenciements

Un million de chômeurs en fin de droits... mais combien sous la ligne de flottaison statistique ?

Mis en ligne le 29 mai 2010 Convergences Société

Taux de chômage à 10 %, 4 millions de demandeurs d’emploi, un million de chômeurs en fin de droits. Mais le chômage ainsi comptabilisé n’est que la pointe de l’iceberg. Car, depuis quarante ans, la précarité n’a cessé de se développer bien au-delà de la statistique officielle. En fait, c’était même le seul reproche que les filles dont parle Florence Aubenas dans son livre Le quai de Ouistreham, lui ont fait : pourquoi les désigner, elles, comme précaires, alors que c’est la situation de la plupart des travailleurs en France ? Être chômeur ou ne pas l’être n’est plus une question tranchée. Une multitude de situations intermédiaires font que la mesure du chômage ne se réduit plus à un chiffre.

Entre le chômage de longue durée, le chômage par intermittence, le chômage partiel, les interruptions de carrière à cause d’une maladie ou pour s’occuper des enfants, les temps partiels subis, les contrats au rabais (intérim, CDD, contrats aidés, alternance...) et les bas salaires, le problème est toujours le même : ce n’est pas l’absence de travail qui est en cause, c’est surtout l’absence d’un revenu suffisant ou l’incertitude sur l’avenir du revenu. Pendant longtemps, les patrons ont parlé du salaire des femmes comme d’un « salaire d’appoint ». Ce mépris affiché avait ceci de vrai qu’un salaire suffisait à faire vivre une famille. Aujourd’hui, deux salaires sont souvent indispensables et, quand l’un est au chômage, c’est la galère pour deux.

Quand le niveau de chômage est élevé, les travailleurs sont contraints d’accepter les emplois qui restent : à durée déterminée, à temps partiel, sous-qualifié par rapport au diplôme, etc. Ceux qui acceptent ne sont évidemment plus « chômeurs »...

On touche là à la fonction même du chômage de masse dans le système capitaliste. Il ne concerne pas que les chômeurs mais maintient une pression sur l’ensemble des travailleurs.

Maurice SPIRZ


Des chiffres qui en disent long

  • 29 % de CDI parmi les sortants de Pôle Emploi. Sortir de Pôle Emploi ne signifie pas sortir du chômage. En septembre 2009, sur les 459 600 chômeurs rayés des listes, 44 %, donc moins de la moitié, avaient un emploi, et seulement 29 % un CDI.

En réalité, 27 % ont eu un problème avec la déclaration de situation mensuelle (oubli, retard, etc.), soit 124 000 chômeurs miraculeusement exclus des chiffres. À ceux-là s’ajoutent 8 % en maladie, maternité ou vacances, 3 % qui ne voient plus l’intérêt de s’inscrire, 2 % arrivés à la retraite et 10 % casés en formation.

  • 49 % des salariés du privé ont connu une période de chômage, sans compter leur première recherche d’emploi. La durée moyenne de chômage est de 16 mois.
  • 28 % des femmes ont arrêté de travailler pour s’occuper de leurs enfants, pendant 4,5 ans en moyenne. Cet arrêt est parfois volontaire, mais vient souvent du manque de crèches. Un chômage déguisé sous le nom de parentalité...
  • 493 000 intérimaires fin 2009. Après être passé de 400 000 en 1998 à plus de 650 000 en 2007, leur nombre a chuté d’un tiers en 2008 à cause de la crise, mais remonte depuis 2009.
  • 358 000 contrats aidés signés en 2008. Malgré les 4,6 milliards d’aides de l’État versés en 2007, ils ont aussi subi la crise (464 500 contrats signés en 2007).
  • 1 247 200 salariés en sous-emploi (temps partiel subi ou chômage partiel) en 2008. 76 % sont des femmes.
  • 169 600 salariés en « convention de reclassement personnalisé » ou autre « accompagnement des licenciements économiques » en 2009. Leur nombre a doublé par rapport à 2008 en conséquence de la multiplication des plans sociaux. Tant qu’ils sont comptés là, ils n’apparaissent pas dans les chiffres du chômage !
  • 258 400 jeunes en CIVIS (Contrat d’insertion dans la vie sociale) en décembre 2009. Les jeunes de moins de 25 ans peuvent s’engager en CIVIS auprès d’une mission locale, pour un an renouvelable, dans le but d’obtenir un emploi « durable » (CDI ou CDD de plus de 6 mois). Ils bénéficient d’un accompagnement renforcé de la part de la mission locale et reçoivent un maigre subside quand ils n’ont pas de travail (1 800 € par an maxi !). Alors que 30 à 35 % des jeunes en CIVIS avaient un emploi en 2007, ils n’étaient plus que 20 % début 2009 à cause de la crise. Au final, le bilan du CIVIS n’est pas terrible : au terme d’un an, 18 % seulement ont un emploi durable.
  • Un million de jeunes de 16 à 25 ans s’est rendu en mission locale pour un entretien en 2008. Cela fait un jeune sur huit et 23 % de plus que cinq ans avant. 564 000 ont décroché un contrat de travail, mais seulement 80 000 en CDI.
  • Un emploi sur quatre occupé par un jeune de moins de 26 ans bénéficie d’une aide de l’État en 2008.
  • 411 000 jeunes en alternance (290 000 apprentis et 120 000 contrats de professionnalisation) en 2009. Ils étaient 288 000 en 1993. Pour beaucoup, l’alternance n’est pas une formation, mais une alternative au chômage et cela touche des niveaux de plus en plus élevés. En 1993, les formations de niveau bac et supérieures n’existaient quasiment pas en alternance. Aujourd’hui, elles concernent 42 % des apprentis. Pourtant, la formation n’offre pas toujours de perspectives.

À titre d’exemple, La Poste embauche un millier d’apprentis par an à différents niveaux. Elle a même décidé de ne plus embaucher que par cette voie. Pour être facteur, il faut passer un an en CAP « tri, acheminement et distribution » et donner « satisfaction » pour être gardé en CDI. Sinon, c’est retour à la case départ avec un diplôme parfaitement inutile.

Au passage, les salaires peuvent être inférieurs au SMIC, sont exonérés de charges sociales et les employeurs touchent une « indemnité » du Conseil régional (exonérations et aides totalisaient 3,9 milliards en 2007).

Sources : Insee, Dares.

M. S.

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