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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 90, novembre-décembre 2013

Un gouvernement qui Valls avec le Front national… et swingue avec le patronat

Mis en ligne le 16 novembre 2013 Convergences Politique

Bon nombre de salariés, déçus par la droite et maintenant par la gauche, ne voient pas pourquoi ils « n’essaieraient » pas le Front national. La progression des scores du Front national n’est certes pas si fulgurante que cela, mais régulièrement commentée sur les lieux de travail, et de moins en moins pour en dire du mal. Oui, c’est vrai, il n’y a plus de différence entre cette gauche au gouvernement et la droite. Mais ceux qui se disent qu’il n’y a qu’à « essayer » l’extrême droite se mettent sacrément le doigt dans l’œil électoral. L’extrême droite mènerait une politique réactionnaire sur le plan des libertés et des droits individuels et collectifs et tout aussi radicale contre le monde du travail [1].

Ni Front national, ni Front républicain, mais un Front des luttes !

En attendant, on assiste surtout à une sale comédie politicienne : c’est à qui, des dirigeants UMP et PS, concurrencera le mieux le Front national dans sa haine anti-pauvres et anti-immigrés. Valls, Copé, Fillon et Le Pen nous servent le même ragoût avarié.

Entre-temps, les premiers en appellent à un « Front républicain » contre les candidats FN aux élections partielles : autrement dit, pour la gauche, à une « solidarité républicaine » avec cette droite qui demande au gouvernement d’en faire encore plus pour écraser les travailleurs. Comme si le gouvernement ne s’était pas déjà assez aplati devant les exigences du grand patronat.

Certes, quand les travailleurs ont du mal à montrer leur force, voire à concevoir qu’ils en ont une, il est plus facile d’accuser les immigrés, clandestins ou réguliers, que les patrons profiteurs et licencieurs. Et le danger existe de voir le FN prendre le pouvoir à certains échelons (municipalités par exemple) et d’éventuellement entrer au gouvernement. Ce serait aujourd’hui sous la forme respectable que Marine Le Pen veut désormais donner à son parti, par le processus électoral, sans bandes militarisées dans les rues et en alliance avec d’autres partis bourgeois, et pas seulement forcément de la « droite dure ». Ce ne serait donc pas l’ordre fasciste, mais certainement un ordre réactionnaire en matière sociale comme sociétale, absolument contraire aux intérêts de la classe ouvrière.

Cette perspective est évidemment à combattre. Mais certainement pas en se contentant d’agiter toute une rhétorique contre « l’extrême droite », voire le « fascisme », comme le fait la gauche, tout en appelant à un « front républicain ». Aujourd’hui, ces seuls anathèmes sont bien incapables de dissuader une partie des classes populaires de regarder du côté du parti de Le Pen, précisément à cause de la politique antipopulaire de la gauche au gouvernement et du discrédit qui va avec. C’est cette gauche au gouvernement qui apparaît l’ennemi principal à une partie de la classe salariée.

En revanche, il y aurait une politique radicale à mener contre cette bourgeoisie et le grand patronat qui multiplient les charrettes de licenciements pour démultiplier leurs dividendes. De cela, la famille Le Pen ne parle jamais. Quitte à « essayer » une véritable politique, il serait vital que les salariés fassent enfin irruption sur la scène politique pour que ce soient eux qui imposent leurs exigences et non le grand patronat. Mieux vaut leur faire craindre de casser la baraque capitaliste que se défouler à perte sur la petite vaisselle électorale.

Reste donc à l’extrême gauche à dénoncer radicalement la politique du PS, et de surtout ne pas craindre… d’être extrême, sur le terrain de classe prolétarien ! L’extrême gauche ne peut espérer être entendue qu’en accompagnant sa dénonciation de la nature anti-ouvrière du FN d’une dénonciation radicale de la politique gouvernementale. Et, bien entendu, en ne faisant aucune concession à la gauche gouvernementale, en ne se compromettant d’aucune façon avec elle.

30 octobre 2013, Léo BASERLI


[1Voir notre article sur le « programme » du FN.

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