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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 41, septembre-octobre 2005 > DOSSIER : L’impérialisme français en crise ?

DOSSIER : L’impérialisme français en crise ?

Total : du sang et des profits

Mis en ligne le 20 septembre 2005 Convergences Entreprises

En août 2005 TotalFinaElf, 4e groupe pétrolier mondial, annonçait pour le premier semestre près de 65 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+16 %) et 6, 29 milliards d’euros de bénéfices (+ 44 %). Un record pour une entreprise française.

Un geyser de profits...

Né de la fusion fin 1999 de Totalfina (elle-même fusion du français Total et du groupe belge Fina) et d’Elf, TotalFinaElf emploie quelque 132 000 personnes réparties dans 80 pays. En Afrique équatoriale, vieille chasse gardée de l’ex-Elf Aquitaine, et notamment au Congo-Brazzaville, en Angola, au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, Total s’est arrogé une position de quasi-monopole. Comment ? Exemple du Congo : 30 ans après l’indépendance, ce pays est encore totalement sous la dépendance de la multinationale française qui y agit comme un État dans l’État, sous-évaluant systématiquement le prix du baril, ne déclarant jamais la quantité de pétrole extraite, ne payant jamais d’impôt à l’État congolais. Un pillage pur et simple, sur lequel les dirigeants congolais, généreusement arrosés, ferment les yeux. Si certains d’entre eux décident de contester ses règles, ou de faire de l’œil à des concurrents, la compagnie n’hésite pas à les destituer : ainsi, en coulisse, celle qui était encore Elf permit en 1997, au prix d’une guerre civile particulièrement meurtrière, au dictateur Sassou Nguesso de renverser le président alors en place, Pascal Lissouba, tombé en disgrâce après avoir décidé d’ouvrir le marché pétrolier congolais aux multinationales américaines.

... grâce à un pillage planétaire

Mais TotalFinaElf ne sévit pas qu’en Afrique : on la retrouve aussi en mer du Nord, en Amérique du Sud (Bolivie, Venezuela), en Indonésie, au Moyen-Orient et notamment en Irak où la compagnie française avait négocié avant 2003 de juteux contrats avec le régime de Saddam Hussein... pour l’après embargo. Les méthodes y sont tout aussi infâmes qu’en Afrique noire : en Birmanie, par exemple, dans les années 1990, en échange de son soutien à la junte militaire au pouvoir, Total obtient le permis d’exploiter un très important gisement de gaz au sud du pays, la protection de l’armée, et elle bénéficie du travail forcé des habitants de ces régions pour construire son gazoduc. Celui-ci achevé en 1998, les villageois n’en continuent pas moins d’être raflés, désormais pour construire une route d’accès.

En Afrique, l’ex-Elf servait souvent de couverture à ses barbouzes et à sa diplomatie secrète avec les dictateurs. Inversement, Total, aujourd’hui comme hier, a besoin de l’État pour défendre ses intérêts planétaires, aussi bien en contrôlant des dictatures africaines qu’en s’opposant à la politique américaine en Irak. Sur ce point, la privatisation des compagnies pétrolières françaises intervenue dans les années 1990 n’a rien changé.

A. M.

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