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Spectacles et coulisses

La semaine dernière, le président de la République s’est glissé dans le rôle de grand-prêtre des hommages nationaux. Pendant toute une semaine, les rassemblements se sont succédé, qui n’ont pourtant pas eu le succès de la manifestation d’il y a un an, quand l’émotion suscitée par les assassinats à Charlie Hebdo et l’hypermarché Cacher avaient fait descendre des millions de gens dans les rues. Cette année, la cérémonie officielle place de la République à Paris a rassemblé quelques maigres centaines de personnes, malgré Johnny Halliday ! Et on n’en est plus, comme l’an dernier, à la défense de la liberté d’expression. On en est aux chœurs de l’armée et à la légion d’honneur imposée à des victimes de Charlie Hebdo qui l’auraient dégueulée de leur vivant. L’État, le gouvernement, l’armée prétendent s’occuper de tout. La mode est à l’état d’urgence et aux manifestations étroitement contrôlées, quand elles ne sont pas interdites !

Ça ne sent pas l’eau de Cologne !

Autre pays, autre diversion. En Allemagne, c’est l’extrême-droite et une partie de la droite qui tentent de récupérer l’émoi suscité par des agressions sexuelles commises à la gare de Cologne, au Nouvel an. Des agressions entourées de flou, notamment sur leur planification éventuelle par des organisations mafieuses. Mais quelques réfugiés syriens étant parmi les « suspects », tous les réactionnaires hostiles à l’accueil des réfugiés crient haro sur ces derniers ! L’extrême-droite surtout a appelé à manifester, elle qui en temps ordinaire se préoccupe bien peu des droits des femmes ! Heureusement, une bonne partie de la population ne tombe pas dans le piège et des contre-manifestations ont eu lieu. Il n’empêche que les politiciens de droite qui cherchent à récupérer la situation, notamment les Chrétiens sociaux de Bavière, une région où la traditionnelle fête de la bière ne compte plus les agressions sexuelles, se sont vautrés dans l’exploitation de ce nouvel an glauque de Cologne. Et avec eux, toute une partie de l’extrême droite et de la droite en Europe.

Leur urgence et la nôtre !

Il y a donc la politique-spectacle, tout ce racisme et nationalisme nauséabonds que les prétendues élites des partis et gouvernements distillent. De l’autre, derrière ces manœuvres de diversion, il y a ceux qui n’oublient pas de défendre leurs intérêts de classe : les patrons qui en veulent toujours plus. Ceux des hôpitaux ou de la SNCF, qui s’apprêtent à supprimer des milliers de postes en 2016. Ceux de Pentair qui font des bénéfices mais veulent fermer l’usine picarde de Ham, laissant 133 travailleurs sur le carreau et une petite ville dans la misère.

Les organisations patronales, le week-end dernier, se sont offert une tribune dans la presse, réclamant « un plan d’urgence audacieux pour l’emploi ». Bien sûr, il n’y est pas question d’interdire les licenciements et de partager le travail entre tous sans perte de salaire (la seule audace possible pour en finir avec le chômage). Il s’agit au contraire de s’en prendre au CDI ; de faciliter les licenciements (soi-disant « pour l’emploi »  !) ; de plafonner davantage encore les indemnités qu’un travailleur peut obtenir, souvent après des années de procédure, aux Prud’hommes ; d’introduire de nouvelles exonérations de cotisations sociales et aides financières de l’État. Les 40 milliards d’euros offerts par le gouvernement ne leur ont pas suffi !

La suite, on la devine : le gouvernement va y trouver des idées à appliquer ! Et c’est à ce nouveau train de mesures patronales scélérates que ressemblera le « plan d’urgence pour l’emploi » du gouvernement. Un joli travail d’équipe entre gouvernement et patronat pour imposer de nouveaux reculs sociaux.

Ils sont tous contre nous, mais nous sommes autrement plus nombreux qu’eux, et à des postes stratégiques pour faire tourner l’économie. Si en 2016 nous savons compter sur nos propres forces pour nous défendre, si nous préparons la riposte en ne nous laissant pas berner par leurs manœuvres de diversion, alors oui, l’année sera bonne !

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