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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 75, avril-mai 2011 > DOSSIER : Le nucléaire en question

DOSSIER : Le nucléaire en question

Sous-traitance dans le nucléaire, un roman à lire : La centrale

Mis en ligne le 22 avril 2011 Convergences Culture


La Centrale

d’Élisabeth Filhol

Éditions P.O.L., mars 2010.


Sur le même sujet, ne pas manquer ce court roman, magnifique et terrible. L’auteur nous fait vivre, en caméra subjective en quelque sorte, les « missions à durée de chantier » de deux jeunes intérimaires du nucléaire, deux potes sortis de la terminale STI génie électronique d’un lycée de Lorient. Travailleurs nomades, logés en caravane ou mobile home pour les trois à cinq semaines que dure un arrêt de tranche, d’une centrale à l’autre. Tour des agences d’intérim qui investissent les alentours des centrales, pour un contrat DATR, « Directement affecté aux travaux sous rayonnement », avec plafond annuel d’irradiation. Hantise du petit geste idiot, du grain de sable qui fera exploser le dosimètre et vous mettra sur le banc de touche jusqu’à l’année suivante. Pose des plaques d’étanchéité « en circuit pri­mai­re ». Travail dangereux, « mais quand on accepte ce genre de contrat, des missions on en trouve partout ». Le soir, autour de la table, la cause commune, le « thème de prédilection, c’est la gestion de la dose ». L’angoisse permanente. Les rapports « compliqués » entre ceux qui prennent les doses et ceux qui organisent… Et il arrive qu’un camarade craque, refuse de descendre dans la piscine, en laissant les deux autres se répartir la dose. La rumeur, la honte… et parfois le suicide. Rien de spectaculaire, mais la hantise silencieuse au quotidien de ceux qui revêtent des « bleus en tenue blanche de spatio­nau­te ».

Tout est dit, avec à la fois une extrême concision et une grande précision technique. Des mots sobres mais qui dégagent une bouleversante fraternité ouvrière. Une performance littéraire qui, en 140 pages donne un saisissant raccourci de la condition prolétarienne en ce xxie siècle, à l’époque du capitalisme non pas « sauvage » comme l’on dit, mais hautement technologique et de ses méthodes sophistiquées de gestion de l’emploi « par la dose » ou, plus généralement, par l’appréhension et l’effroi.

Huguette CHEVIREAU


Et, pour en savoir plus sur Élisabeth Filhol et ses sources d’inspiration, se reporter à son interview de février 2010 par Aurélie Mongour sur le site Evene : http://www.evene.fr/livres/actualit....

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Numéro 75, avril-mai 2011

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