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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 54, novembre-décembre 2007

Sous la LRU, la colère de la jeunesse contre cette société

Mis en ligne le 21 novembre 2007 Convergences Politique

Sur les 85 universités que compte le pays, une soixantaine étaient représentées à la coordination nationale des 17 et 18 novembre, bloquées ou en tout cas « mobilisées » (AG, organisation de manifestations)… ou bien fermées par décision administrative, parfois après évacuation par la police.

La première cible du mouvement est la loi « Liberté et responsabilité des universités » (LRU), ou « loi Pécresse » (du nom de la ministre de l’Éducation), votée en express en plein été, le 10 août dernier. Dans le pot-pourri des mesures proposées, les points les plus critiqués sont la place accrue donnée à des représentants patronaux dans les conseils d’administration des universités, l’introduction de « souplesse » dans le traitement des profs (possibilité de moduler salaires et charges de cours au « mérite »), l’aggravation de la précarité des personnels (enseignants comme non enseignants). Et d’une manière générale l’« autonomisation financière » des facs (de fait, le nom diplomatique du désengagement de l’État) qui risque d’entraîner à terme l’augmentation des frais d’inscriptions ou d’aggraver les inégalités déjà existantes entre diplômes et universités.

Sur la loi elle-même, les organisations syndicales sont divisées : Sud-étudiants réclame son retrait comme, du côté des personnels, la FSU, la CGT ou le Sgen-CFDT. L’Unef (le syndicat étudiant largement majoritaire) a d’abord refusé d’en exiger l’abrogation.

Mais les étudiants mobilisés discutent de bien d’autres choses que de la LRU. Dans les assemblées générales, c’est souvent de précarité qu’il est question (plus d’un étudiant sur deux doit exercer une activité salariée), mais aussi de la chasse aux sans-papiers et des mouvements sociaux des salariés. La première coordination nationale étudiante des 10 et 11 novembre exigeait le « retrait inconditionnel » de la LRU, mais évoquait aussi la lutte contre la loi Hortefeux sur l’immigration, réclamait la création de postes aux concours d’enseignement (plus de 10 000 emplois devant être supprimés dès cette année dans le secondaire) et appelait avec insistance à se joindre aux luttes des cheminots sur les retraites et à la journée de grève de la fonction publique prévue le 20 novembre. Tous objectifs ou revendications que la seconde coordination a confirmés.

Ce sentiment du caractère global de la colère, et de la nécessité d’y répondre de la façon la plus large et unitaire possible, sont notables. Comme si, depuis le succès de la grève cheminote du 18 octobre, l’automne sentait la possibilité d’une revanche sociale sur l’arrogance de la politique de Sarkozy. Notable encore, la réactivité des étudiants : plusieurs universités ont tenu de grosses AG dès que l’information a commencé à circuler. Peut-être un réflexe hérité du mouvement contre le CPE du printemps 2006.

La mobilisation étudiante reste pour l’instant tiraillée entre des minorités radicales et impatientes (souvent elles aussi issues du mouvement anti-CPE) et de nombreux étudiants indécis ou inquiets des tentatives de blocage.

De son côté, le gouvernement a semblé vouloir jouer l’intimidation, en envoyant ses flics débloquer les fac de Nanterre, Grenoble ou encore Rennes. Certains que la provocation ne se retournera pas contre lui ? Sarkozy et Fillon jouent en tout cas avec la mèche d’une colère de la jeunesse qui est visiblement bien là.

18 novembre 2007

Benoît MARCHAND

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