Sanofric : « Du caviar pour les actionnaires, le placard pour les salariés »
9 octobre 2012 Convergences Entreprises
En juillet dernier, la direction du groupe pharmaceutique Sanofi avait annoncé son intention de supprimer 1 200 à 1 500 emplois, sans doute pour que les « 900 » annoncés le 25 septembre apparaissent comme un « moindre mal ». Mais ces suppressions sont « hors site de Toulouse » ! Après avoir supprimé des emplois dans la fabrication, c’est maintenant dans la recherche médicale que Sanofi élague. La fermeture à terme du site de Toulouse (640 emplois directs menacés) reste d’actualité, même si la direction maintient le flou. 200 emplois restent aussi menacés sur le site de Montpellier. Il est évident qu’en voulant supprimer plus de 1 500 emplois, serait-ce « au volontariat », la direction de Sanofi nuit à la recherche, donc à la santé de tous. Alors même que les profits ont presque atteint 9 milliards d’euros en 2011.
Un PDG au sacré pedigree
Une telle attitude n’a rien d’étonnant quand on découvre le passé de Chris Viehbacher, le PDG depuis 2008.
Celui-ci est poursuivi aux États-Unis pour avoir, alors qu’il dirigeait le géant pharmaceutique GSK, lancé une campagne pour élargir le champ d’utilisation de l’Advair, un médicament réservé officiellement aux formes sévères d’asthme, à tous les asthmes, même modérés. Lui et d’autres dirigeants de GSK ont refusé de tenir compte de plusieurs études mettant en évidence les dangers parfois mortels de l’Advair et de sept autres médicaments (dont un antidiabétique – comme le Mediator) ayant entraîné 83 000 morts aux USA selon France24. Une affaire plus importante que celle du Mediator, pour laquelle GSK a déjà versé 3 milliards de dollars à la justice américaine.
Avec de telles méthodes, plus besoin de maintenir la recherche médicale : on prend les vieux médicaments et on étend leurs indications ! Tant pis si le médicament tue le patient, pourvu que les profits soient au rendez-vous !
Les jeudis de la colère
Sanofi a reçu récemment 130 millions d’euros de crédit-impôt-recherche et la seule région Midi-Pyrénées a versé 35 millions d’euros pour « l’amorçage » de l’Oncopôle de Toulouse. Et, dans sa note interne du 25 septembre la direction semble vouloir solliciter de nouveau des aides publiques…
Jean-Marc Ayrault a gentiment expliqué au PDG qu’il n’ignorait pas « la nécessité (…) d’une adaptation nécessaire au marché » mais que « cela doit se faire avec l’accord des organisations syndicales… » Montebourg tient le même langage. Heureusement, les travailleurs de Sanofi à Toulouse ont organisé chaque semaine d’été les « jeudis de la colère ». L’imagination était au pouvoir pour les slogans et les autocollants :
« Du caviar pour les actionnaires, le placard pour les salariés » « $A-NO-FRIC ! » « L’arrêt de notre recherche nuit à votre santé » « Oncopôle-emploi »...
Jeudi 13 septembre des délégations de nombreux sites Sanofi sont venues se joindre aux Toulousains pour dénoncer la « restructuration ». Une manifestation de 800 personnes a eu lieu avec des délégations d’autres entreprises toulousaines en lutte. Et jeudi 20 septembre, en attendant l’annonce du plan le 25, il y a eu une nouvelle journée de grève avec manifestation dans la ville.
Après l’annonce « officielle » (par « note interne ») du plan malgré le refus des syndicats de siéger aux cinq CCE faute d’avoir reçu le moindre document, l’AG de Toulouse a fait une nouvelle action devant le site jeudi 27 septembre. Une montée à Paris s’organise pour le 3 octobre, jour d’une réunion du Comité de Groupe, avec des travailleurs des autres sites.
À noter que, selon l’UD CGT de Haute-Garonne, et malgré la bonne santé du secteur aéronautique, ce sont plus de 2 000 emplois qui sont menacés sur le département (Air France, FRAM, Motorola, Thalès, etc.).
Félix RODIN, 27 septembre 2012
Mots-clés : Licenciements | Sanofi