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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 60, novembre-décembre 2008

Sabotages de caténaires et arrestations médiatiques : Une affaire qui sent la manipulation

Mis en ligne le 2 décembre 2008 Convergences Politique

Le 11 novembre, une vingtaine de personnes soupçonnées d’avoir endommagé des caténaires de la SNCF pour immobiliser des trains étaient arrêtées dans diverses régions de France. Dans la petite commune de Tarnac (Limousin), cette arrestation donnait lieu à un déploiement de forces impressionnant : une centaine de policiers cagoulés et armés jusqu’aux dents, et même un hélicoptère. Les suspects étaient traités avec brutalité, certains enchaînés pendant des heures à des radiateurs, puis gardés à vue et interrogés pendant quatre jours, en vertu des lois « antiterroristes ».

Tous les grands médias reprenaient les accusations de terrorisme formulées par la police et la Garde des sceaux Michèle Alliot-Marie. La police n’a pourtant pas présenté la moindre preuve de leur culpabilité. Les seuls éléments à charge rendus publics frisent le ridicule : un emballage de lampe frontale et un horaire de trains jetés dans une poubelle, la détention d’une pince « coupe boulons », avoir été vus « à proximité de voies de chemin de fer » (sic) et surtout la participation du « chef présumé », Julien Coupat, à la rédaction d’un livre intitulé L’Insurrection qui vient . Cet ouvrage présenté comme « un manuel de terrorisme » est en réalité un texte assez fumeux, écrit dans un jargon intellectualiste très rébarbatif, qui s’apparente davantage à la littérature situationniste qu’à un guide pratique de la guérilla. De plus, ce livre n’a rien de clandestin : on peut le lire intégralement… sur Internet !

La plupart des jeunes gens arrêtés appartiennent à la mouvance autonome et étaient surveillés par la police depuis des mois, en particulier pour avoir participé à des manifestations à Gênes et, plus récemment, à Vichy contre la politique hostile aux immigrés de Brice Hortefeux. S’ils avaient commis les actes qui leur sont reprochés, on se demande d’ailleurs pourquoi la police ne les a pas pris sur le fait. De plus, il faut savoir que, pour placer des fers à béton sur des caténaires, il faut disposer d’un matériel spécifique assez encombrant : une échelle en bois de sept ou huit mètres ou une plate-forme mobile isolée comme en utilisent les techniciens de la SNCF, sans compter les dangers d’une opération sur des câbles où passe un courant de 25 000 volts ! Comment les suspects auraient-ils pu se procurer ce matériel et le faire disparaître au nez et à la barbe de la police ?

On notera aussi que cette affaire vient juste après deux épidémies successives de pannes et de retards de trains causés par des défaillances de caténaires. Elle vient à point pour faire oublier que ces pannes, au moins dix fois plus nombreuses que celles entraînées par les « actes de malveillance », sont pour l’essentiel liées à l’insuffisance d’entretien pour des raisons d’économies et de manque de personnel. Le plus grand « saboteur » de caténaires, en France, c’est donc la SNCF ou le RFF…

Indignation de la population de Tarnac

Cette arrestation a suscité une grande émotion dans la région de Tarnac où ces jeunes gens tenaient une « épicerie alternative », qui faisait office de lieu culturel et contribuait à redonner vie à la petite commune. À l’appel de l’ancien maire PCF de Tarnac, Jean Plazanet, et du maire de la commune voisine de La Villedieu, Thierry Letellier, lui aussi PCF, près de 150 personnes se sont réunies pour protester contre les conditions de ces arrestations et former un comité de soutien.

Ce comité revendique en particulier la libération des cinq personnes mises en examen (les autres ayant été mises en liberté sous contrôle judiciaire) et la requalification des accusations, entre autres la suppression du qualificatif de « terroristes » qui permet de refuser leur mise en liberté provisoire.

Il apparaît en effet de plus en plus clairement que ces personnes sont poursuivies de fait pour un « délit d’opinion » et de participation à un « réseau » et non pour des actes précis que la police est dans l’incapacité de prouver. Il est évidemment difficile de savoir si la police, pressée par le gouvernement d’obtenir des « résultats », a arrêté les premiers clampins qu’elle a trouvés dans ses fichiers ou si la manipulation a été organisée par le pouvoir, pour préparer l’opinion à la répression, en cette période où les effets de la crise pourraient susciter des réactions dans les mois et les années à venir.

Quoi qu’il en soit, nous devons apporter notre soutien aux « inculpés du 11 novembre » et exiger que ceux-ci bénéficient de la présomption d’innocence et soient libérés.

20 novembre 2008

G. R.

Site du Comité de soutien :

www.soutien11novembre.org


Le sabotage de… l’entretien

La SNCF recense chaque année 400 pannes de caténaires, les câbles électriques qui alimentent les trains. Depuis six mois, ces défaillances ont très nettement augmenté. Leurs effets les plus spectaculaires ont été l’immobilisation des trains dans le tunnel sous la Manche le 8 avril et le blocage de 20 000 voyageurs en gare à Montparnasse le 5 septembre. La SNCF a souvent invoqué des actes de malveillance, mais, en septembre 2008, Guillaume Pepy, le PDG de la SNCF, a dû reconnaître face à la grogne des usagers, que ces incidents sont dus au mauvais entretien. Un audit qui remonte à 2005 estime que la fragilité des installations est liée à 30 ans de sous-investissement et qu’il faudrait investir 400 millions d’euros sur quatre ans pour remettre les installations en état. Or RFF (Réseau Ferré de France, propriétaire du réseau) rechigne à investir. Les « actes de malveillance » viennent donc à point pour faire oublier ces carences.

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