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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 75, avril-mai 2011

SNCF, scores électoraux et perspectives de lutte

Mis en ligne le 22 avril 2011 Convergences Entreprises

Les élections professionnelles, pour les délégués du personnel (DP) et les comités d’établissement (CE), se sont déroulées le 24 mars 2011 à la SNCF.

Les précédentes remontaient à 2009. Dans cette entreprise de plus de 160 000 salariés, l’échéance avait quelque importance pour les appareils syndicaux qui y mesurent leur influence respective, de fait leurs places et leurs positions – en particulier pour négocier avec la hiérarchie. Sur fond supplémentaire, comme déjà en 2009, d’application de la loi du 20 août 2008 portant sur la « rénovation de la démocratie sociale », qui détermine désormais la « représentativité » des organisations syndicales (et donc les moyens et prérogatives dont elles disposent). Une organisation syndicale qui a obtenu 10 % des suffrages au niveau national, tous CE confondus à la SNCF, est représentative à l’échelle de l’entreprise. [1]

À l’échelle nationale, la CGT enregistre un recul de 1,8 point [2] par rapport à 2009 et Sud-Rail se maintient quasiment. Le léger recul s’est effectué au profit de l’UNSA et de la CFDT, qui gagnent respectivement 3 et 2 points. Les autres organisations syndicales n’atteignent pas les 10 % nécessaires pour être représentatives au niveau national. En réalité, la hausse de l’UNSA et de la CFDT dépasse de peu la baisse de la CFTC (quelque 4 points). À noter que le léger gain de l’UNSA a lieu chez les cadres qui sont proportionnellement de plus en plus nombreux dans l’entreprise. Rien de tel à l’« exécution » – dans les secteurs les plus ouvriers.

Les « bons » et les « mauvais » syndicats ?

De fait ces élections ne traduisent pas de changement par rapport à 2009. Il n’empêche, les médias et Guillaume Pépy (le PDG) se sont félicités de la progression de ce qu’ils appellent un pôle « réformiste » UNSA/CFDT. Ces syndicats, à eux deux, dépassent désormais le seuil des 30 %, ce qui leur permettrait de signer ensemble des accords d’entreprise. De leur côté, les directions de la CGT et de SUD-Rail, probablement un peu déçues de n’avoir pas engrangé de gains, sont soulagées de dépasser à elles deux le seuil des 50 % des suffrages exprimés (à supposer qu’elles s’entendent) permettant de s’opposer à un accord entre les autres organisations syndicales et la direction. Mais est-ce bien une garantie pour les cheminots ?

Passons sur le fait que les patrons n’ont jamais attendu d’avoir la signature de quiconque pour s’attaquer aux conditions de travail. Il ne faudrait pas oublier que les éventuels 50 % de la CGT et Sud-Rail, contre les 30 % de l’UNSA et CFDT ne protégeraient pas d’accords bien scélérats ! Ces dix dernières années, si un syndicat a apporté allégrement sa signature à des reculs imposés aux cheminots, c’est bien la CGT. L’accord sur les 35 heures qui pénalisait tout particulièrement les conducteurs a donné lieu à une grève combattue par la CGT. L’accord sur le « dialogue social » qui a fait passer le délai des préavis de grève de 5 à 13 jours, a limité les possibilités de réactions aux attaques de la direction. Et il ne faut pas oublier que, sur le plan national, la CGT est parmi les signataires de cette nouvelle loi sur la représentativité syndicale. [3]

Les luttes nécessaires, tous ensemble

Ce qui peut rendre des syndicats « contestataires », ce n’est pas leurs statuts ou leur nature, mais bien plutôt le mécontentement des cheminots lorsque la sale politique de la SNCF les pousse à bout et qu’ils réclament leur dû. La SNCF vit aujourd’hui au rythme d’importantes restructurations. Sous prétexte de « gérer par activités » (pour viser la rentabilité maximum de chacune des activités), l’entreprise est livrée depuis des années à un découpage entre branches de plus en plus cloisonnées et en filiales ou en groupes de filiales. Depuis quelques années, la moitié du chiffre d’affaires du groupe est faite par les filiales. Ces restructurations ont déjà des conséquences lourdes sur les conditions de travail. En dix ans, le nombre de cheminots de l’entreprise publique a diminué de 12 %, tandis que le nombre de salariés du privé travaillant dans les filiales du groupe SNCF, a augmenté de 109 %. C’est la course à la « pro­duc­ti­vi­té », c’est-à-dire la dégradation des conditions de travail, des effectifs, des salaires et la précarisation des statuts. Il ne manque pas de combats à mener ni surtout de perspectives à fixer pour que ces multiples combats locaux s’intègrent dans une lutte d’ensemble. Exigence face à laquelle les directions syndicales nationales sont pour le moins défaillantes.

12 avril 2011

Arthur KLEIN


[1Selon ces critères :

  • CGT et UNSA sont représentatives à l’échelle de l’entreprise et dans les 27 CE.
  • SUD-Rail et la CFDT sont représentatives dans l’entreprise et dans 22 CE.
  • FO est représentative uniquement dans 8 CE.
  • La CFTC n’est plus représentative dans aucune région (elle l’était encore dans 5 à l’issue des élections de 2009.

Le fait d’être représentatif permettant notamment de désigner des délégués syndicaux, de négocier des accords collectifs, de déposer des demandes de concertation immédiate (DCI), c’est-à-dire d’enclencher une procédure de préavis de grève.

[2Moyenne DP et CE.

[3Voir Convergences révolutionnaires N°65, de septembre-octobre 2009, « La nouvelle loi sur la représentativité », dans un dossier sur « le syndicalisme face à la crise ».

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Numéro 75, avril-mai 2011

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