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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 14, mars-avril 2001 > Retraites

Retraites

Retraite à la carte… biseautée

Mis en ligne le 1er avril 2001 Convergences Politique

Face à l’offensive du MEDEF contre les retraites, la CFDT a brandi sa formule de « retraite à la carte », séduisante par l’une de ses implications, mais pas magique du tout, à y regarder de plus près.

La possibilité de pouvoir partir avec une retraite pleine et entière dès que les quarante années de cotisation sont atteintes, ce qui n’est pas possible aujourd’hui, semble tentante. Un travailleur ayant commencé par exemple à travailler à 15 ans – et il y en a un certain nombre dans la génération qui accède aujourd’hui à la retraite – en partant à 60 ans aura cotisé 45 ans, soit 5 ans de plus que la limite actuelle. Et pour rien car sa pension sera calculée sur la même base que s’il avait cotisé 40 ans. S’il avait eu le droit de partir après ses 40 annuités de cotisation, il aurait pu cesser le travail à 55 au lieu de 60 ans.

Ce serait évidemment bien normal d’offrir une telle possibilité à tous ceux déjà assez usés par 40 ans d’exploitation et qui ne rêvent que d’une autre vie.

Est-ce cette justice que vise la CFDT lorsqu’elle propose que « notre système de retraite repose sur la notion de durée de cotisation et non plus sur la notion d’âge » ? A noter au passage que les récents accords sur l’ARPE signés entre patronat et syndicats, ont circonstanciellement et provisoirement fait un pas dans cette voie, puisqu’ils prévoient la possibilité de départ à 58 et même 57 ans pour ceux qui ont dépassé les 40 années de cotisations. La CFDT en proposant sa « retraite à la carte », avec le choix du moment du départ par le salarié, a cependant d’autres visées.

Une perche tendue au patronat et au gouvernement

Là où elle montre le bout de l’oreille, c’est en présentant sa « retraite à la carte » comme une solution aux licenciements massifs des plus de 50 ans dont les entreprises françaises ont pris maintenant l’habitude : « La retraite à la carte permettrait de résoudre ce problème progressivement, en transformant ces départs collectifs en départs individuels répartis dans le temps. En outre, nombre d’entre eux subissent un licenciement, alors qu’ils ont déjà une durée complète de cotisation et pourraient donc accéder à la retraite » écrit la CFDT, dans un document du 4 décembre 2000 résumant ses objectifs.

Une façon donc de faire des « plans sociaux » à moindre coût, pour la Sécu, pour l’Assedic… et pour les patrons. Comment ces derniers ne seraient-ils alors pas eux aussi appâtés par la formule de la CFDT ?

Chacun doit pouvoir choisir, écrit la CFDT, « le montant de sa retraite, avec un taux inférieur en partant avant, et un taux supérieur en partant après la durée pivot ». Autant dire qu’un travailleur qui aurait commencé, comme beaucoup de jeunes aujourd’hui, à travailler à 23 ans et n’aurait donc que 37 ans de cotisation à 60 ans, pourrait continuer à travailler jusqu’à 63 ans pour atteindre les 40 annuités. Ou pourquoi pas, s’il a connu des années de galère dans sa carrière, avec des longues périodes de chômage et de bas salaires, et s’il juge sa pension totalement misérable au bout de la période minimum pour une retraite « pleine et entière », il « bénéficiera » ainsi de la possibilité de continuer jusqu’à 65 et même 70 ans !

Evidemment le Medef en demande encore plus et exige non pas 40 ans mais 45 ans de cotisation minimum. La CFDT a déjà fait un pas vers l’allongement de la durée de cotisation en renonçant aux 37,5 années que le gouvernement de droite de Balladur avait remplacé par 40 dans le privé, et elle préconise le passage à 40 annuités pour tous les régimes : « Puisque tous les régimes vont connaître des difficultés, tous doivent être concernés par la réforme » ne craint-elle pas d’écrire. Les anciens grévistes des services publics de novembre-décembre 95 apprécient sans aucun doute un tel sens de la justice !

Quant à savoir si la CFDT sera ferme ou pas sur un allongement au-delà de 40 années de cotisations, le moins qu’on puisse dire est que ses dirigeants ne sont pas clairs sur la question.

Le 16 Mars 2001, Louis GUILBERT

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