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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 100, juin-juillet-août 2015 > Hôpitaux

Hôpitaux

Région lyonnaise : Mobilisation pour la sécurité à l’hôpital psy du Vinatier

Mis en ligne le 27 juin 2015 Convergences

Le 12 février dernier, plus de 300 personnes se sont rassemblées à Lyon devant l’ARS (Agence régionale de santé) pour demander des mesures concrètes pour assurer la sécurité des travailleurs et des moyens pour l’hôpital psychiatrique. Étaient présents principalement des travailleurs de l’hôpital psychiatrique du Vinatier, mais aussi des délégations d’autres établissements comme les hôpitaux psychiatriaques de Saint-Jean-de-Dieu ou de Saint-Cyr au Mont d’Or de la région lyonnaise. Quatre jours plus tard, le 16 février, une grève d’une heure était organisée dans de nombreux hôpitaux psychiatriques à l’échelle nationale en solidarité avec le Vinatier. Le slogan « Je suis infirmier au Vinatier » a circulé via les réseaux sociaux parmi les travailleurs de la psychiatrie, confrontés à des problèmes similaires, quel que soit l’hôpital. Au Vinatier, la mobilisation faisait suite à une série d’événements dramatiques.

Les « risques du métier », disent des cadres. Vraiment ?

Le 28 janvier 2015, un infirmier du Vinatier se fait gravement agresser à l’arme blanche par un patient. Cette agression a lieu au sein de l’Unité Flavigny, unité de pédopsychiatrie où sont hospitalisés des adolescents. Déjà en 2002, un infirmier avait trouvé la mort suite à une grave agression d’un adolescent à l’arme blanche au sein de la même unité. Cette fois, le jour même de l’agression, la direction de l’hôpital envoie un e-mail à tous les agents, se disant rassurée sur l’état de santé de la victime : beaucoup moins rassurant, plusieurs mois après l’agression cette personne n’a toujours pas pu reprendre le travail. La direction minimise dans ce drame l’absence du Dispositif d’alerte d’urgence (DAU), le petit boîtier d’alerte mobilisant tout le personnel en cas de crise, comme elle minimise l’ampleur du sous-effectif. Certains membres de la direction vont même jusqu’à dire qu’il est normal de se faire agresser, que ce sont les risques du métier !

Dès le lendemain, près de deux cents agents se mobilisent en solidarité avec leur collègue, répondant à l’appel de plusieurs organisations syndicales. Tout le monde pointe du doigt la défaillance du DAU. La remise en service immédiate d’un système d’alerte est demandée à l’unanimité, ainsi que la réouverture de lits et d’unités, et le renforcement des effectifs soignants. Dans un contexte où les réorganisations sont fréquentes depuis plusieurs mois (40 postes infirmiers supprimés en 2013, des unités de soin fusionnées…), le personnel a à cœur de défendre ses conditions de travail mais aussi les conditions d’accueil des patients à l’hôpital psychiatrique, qu’il voit se dégrader jour après jour.

Le soir même de cette mobilisation, la direction répond à la demande de remise en service du DAU, par la négative. L’argument employé est cette fois celui du budget : « Nous n’avons aucunement les moyens financiers et humains de cette évolution, elle est contraire aux orientations nationales rappelées récemment par la DGOS [Direction générale de l’offre de soins] et ne pourrait être approuvée et soutenue par l’ARS… Compte-tenu des contraintes financières nationales – 10 milliards d’euros annoncés d’économies à réaliser dont 3 milliards en 3 ans pour les seuls hôpitaux (…) » . En parallèle elle continue son entreprise de banalisation de cet événement gravissime : pas de fermeture, même temporaire, de cette unité qui n’a tourné pendant plusieurs jours qu’avec des remplacements car la totalité du personnel soignant était en arrêt maladie ; la cellule psychologique qui avait été annoncée n’a jamais vu le jour.

Les suicides, la colère…

Trois jours plus tard, un patient se suicide au sein de l’UHSA (Unité hospitalière spécialement aménagée). Le 1er février, c’est au sein de l’USIP (Unité de soins intensifs en psychiatrie) qu’une patiente met fin à ses jours. Et le 8 février, un infirmier de l’USIP se suicide à son domicile. C’est dans ce contexte que la mobilisation s’est poursuivie pour dénoncer des conditions de travail dégradées et le mal-être au travail, demander des moyens matériels et humains afin de travailler en sécurité et pouvoir effectuer une prise en charge des patients de qualité.

Le 16 février, suite à cette mobilisation, la direction présente à la soixantaine d’agents mobilisés un dispositif censé se substituer au DAU Mais il est très loin de régler le problème dans son ensemble.

9 juin 2015

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