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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 3, mai-juin 1999 > Loi Aubry, Loi piège

Loi Aubry, Loi piège

RENAULT – CTR (RUEIL) : Réactions contre les 35 heures du patron !

Mis en ligne le 1er juin 1999 Convergences Entreprises

Au Centre Technique Renault de Rueil (Hauts de Seine), la direction avait anticipé sur son projet de RTT en annonçant que les congés seraient dorénavant pris obligatoirement entre le 2 et le 23 août. Une pétition lancée par des travailleurs d’une section syndicale CGT a recueilli en réaction 1200 signatures dont celles d’un grand nombre de cadres. Le ton était donné.

Lors des premières séances de négociations nationales, le patron de Renault annonça clairement ses intentions : retrait du temps de formation et des vingt minutes de pause du temps de travail effectif, annualisation et flexibilité – journées de travail pouvant aller jusqu’à douze heures et possibilité de travailler six jours par semaine – et, comme seule contrepartie, neuf jours de congés supplémentaires dont sept collectifs.

En réponse, l’intersyndicale CGT-CFDT appela à un débrayage le 4 mars. Il fut bien suivi : 400 grévistes à Rueil, 10 000 au niveau du groupe Renault.

La direction « réarrangea » alors sa position en portant le nombre des embauches à 6000 mais en contrepartie de 10 500 départs anticipés, ce qui équivaut à 4500 suppressions de postes (100 de moins que précédemment). Une parodie de négociation quand on sait que le nombre de préretraites est décidé d’avance avec l’Etat qui les subventionne.

Le 18 mars 13 000 travailleurs de Renault (sur un effectif de 44 000) débrayèrent de nouveau. Sachant, depuis le mouvement pour une augmentation de 1500 F mensuels en 1995, que seuls dans leur coin ils ne peuvent pas faire plier la direction, les travailleurs de Rueil appelèrent avec les syndicats à réunir tous les Renault dans une grande manifestation devant la direction générale à Boulogne Billancourt.

Voyant que le mouvement pouvait prendre de l’importance les dirigeants de la CGT décidèrent d’y mettre un frein en refusant au dernier moment le rassemblement commun, sous prétexte que les usines n’auraient pas été prêtes et qu’il n’y aurait qu’une poignée de militants pour faire le déplacement !

Au lieu d’une lutte commune on nous proposa… à l’instigation de la CGT et de la CFDT une consultation commune sur le contenu de l’accord ! Le 1er avril – ce n’était pas un poisson ! – tandis que la direction soumettait son projet à la signature, eut lieu la consultation. Les résultats sur l’ensemble de Renault furent sans équivoque : 84,51 % contre la signature. Cela n’empêcha pas les représentants syndicaux CFE-CGC, CFTC, CSC-SIR, FO et même CFDT (qui participait à la consultation) de signer.

Cette décision provoque en ce moment une crise interne à la CFDT et de vives réactions parmi les militants CFDT de Rueil, Lardy et Aubevoye qui ont diffusé sur certains sites des tracts très virulents contre la direction de la CFDT.

Cependant, la réaction de la CGT et des équipes locales CFDT hostiles à la signature ne fut pas de mobiliser pour faire respecter la décision majoritaire mais de miser sur les négociations locales qui se déroulent pourtant sur la base de l’accord central. Pour les syndicalistes elles ont l’avantage de faire miroiter quelques petits gains et de faire croire qu’on peut « limiter les dégâts » localement. Cela permettrait aussi à la CGT d’apposer sa signature dans certaines usines, celles par exemple où un grand nombre d’ouvriers usés par des années de travail aspirent à partir en préretraite.

La signature du dirigeant CFDT est peut-être dans la logique de la confédération de Notat. La politique de la CGT par contre a provoqué bien des réactions chez les travailleurs combatifs qui digèrent mal la nouvelle politique de Bernard Thibault. En refusant d’organiser une réaction de l’ensemble des usines Renault la CGT a contribué à détourner les travailleurs de la lutte, aidant ainsi à faire passer la politique anti-ouvrière du gouvernement.

Daniel DRIESY

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