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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 10, juillet-août 2000 > Les rapports LO-LCR

Les rapports LO-LCR

Quand la LCR se tourne sur sa droite... et LO sur elle-même

Mis en ligne le 1er août 2000 Convergences Politique

L’annonce que Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire s’apprêtent à se présenter séparément aux prochaines élections municipales pose non seulement dans ces deux organisations mais aussi pour tous les militants et sympathisants de l’extrême-gauche, la question de savoir où en sont les rapports entre elles.

Nos deux courants, la tendance Révolution ! de la LCR et la fraction L’Etincelle de LO, qui ont milité et militent pour un rapprochement des deux organisations sur une base révolutionnaire, sont confrontés une nouvelle fois à la nécessité de définir la politique à proposer à leurs organisations respectives.

Voici donc un des deux premiers points de vue venant des deux courants qui collaborent à l’édition de Convergences Révolutionnaires.


Il n’y aura donc pas de listes communes LO-LCR aux prochaines municipales. Les raisons sont maintenant évidentes.

L’unité sur une politique claire...

La LCR, bien qu’elle affirme rechercher en priorité l’alliance avec LO, est loin d’une rupture franche et nette avec la gauche plurielle. Elle continue à lorgner sur sa droite, toujours au moins implicitement à la recherche de possibles alliances avec une partie de cette gauche.

Comment interpréter autrement, en effet, la volonté exprimée dans la résolution de son congrès de faire voter pour les listes de la gauche plurielle au second tour, voire fusionner les listes des révolutionnaires avec elles ? Ceci en complète contradiction avec la proposition de la même résolution de se présenter dans ces élections en opposition radicale au gouvernement et aux partis de gauche qui le soutiennent. Où est la cohérence de ces deux attitudes ?

La direction de la LCR s’est d’ailleurs chargée très vite de détromper tous ceux qui, de bonne foi, pouvaient considérer que ses propositions n’étaient qu’une tactique électorale qui pouvait après tout se discuter. Par une lettre d’Alain Krivine, publiée dans Rouge du 22 juin dernier, elle proposait à tous les porte-paroles des partis de gauche et d’extrême gauche de prendre position en commun... pour demander au gouvernement de reprendre le dossier de l’accord signé par le MEDEF et les confédérations CFDT et CFTC !

Une mobilisation du monde du travail, de tous les salariés et chômeurs, est certainement nécessaire devant l’offensive patronale. Et il convient certainement que les organisations révolutionnaires en fassent la proposition au mouvement ouvrier, syndicats, associations et partis de gauche qui se prétendent opposés aux projets du MEDEF.

Oui, il convient de proposer la mobilisation. Pas de demander au gouvernement de « reprendre un dossier », avec lequel il a déjà dit, ne serait-ce que par la voix de Martine Aubry, qu’il était d’accord sur l’essentiel. La trop fameuse loi Aubry introduisant la flexibilité a-t-elle été autre chose que la première phase de cette « démolition générale du socle des acquis sociaux » ?

Et voilà que la direction de la LCR propose aux partis de gauche qui ont soutenu la politique anti-ouvrière du gouvernement depuis trois ans... de se rencontrer pour dire ensemble à ce même gouvernement qu’on est prêt à le soutenir en espérant qu’il va s’opposer au MEDEF ! À moins de prêter à la direction de la LCR une incroyable naïveté, on ne peut que voir dans sa démarche une volonté de ne pas s’opposer de front à la politique de la gauche plurielle, une crainte de rompre trop complètement avec celle-ci. Une démarche qui éclaire, qu’elle le veuille ou non, la signification de ses propositions pour les municipales.

En tout cas, pour nous, il est certain que, aujourd’hui, après trois ans de gouvernement de la gauche plurielle, pour ne pas parler des deux décennies précédentes, il est hors de doute que l’unité de l’extrême gauche est toujours souhaitable, dans les élections et encore bien plus sur le terrain de la lutte de classe, mais seulement sur une politique claire, cohérente et sans faiblesse pour cette gauche pro-patronale.

... mais l’unité ?

Cela pourrait justifier l’attitude intransigeante de LO vis-à-vis de la LCR... si cette intransigeance avait pour seule et vraie raison les faiblesses coupables de la LCR pour la gauche plurielle ou le gouvernement Jospin.

Mais il faut bien constater que la direction de LO a multiplié les démonstrations de sa volonté de prendre, quoiqu’il arrive, ses distances d’avec la LCR. Et sa volonté aussi de ne rien faire pour gagner la LCR et ses militants à la politique qu’elle estime devoir être celle des révolutionnaires.

Il suffit, hélas, de récapituler sa politique depuis les européennes pour faire la démonstration que LO n’a fait alors alliance avec la LCR que pour s’assurer le minimum des 5 %... et des élus, mais avec la ferme intention de rien faire de plus pour maintenir l’unité avec la LCR, même sur le terrain où elle l’avait amenée.

Le refus d’envisager de poursuivre la campagne des européennes par une campagne sur le Plan d’urgence, comme l’a proposé, avec d’autres, à plusieurs reprises, Convergences Révolutionnaires, ne fut que la première indication de cette attitude.

L’intransigeance de LO sur des points « secondaires » (voir la note de la majorité dans LO du 22 juin) dans les négociations pour des listes communes, son insistance à refuser une partie locale dans la profession de foi, ses réticences à accepter des candidats extérieurs à LO ou la LCR ? Comment y voir autre chose qu’une manière de mettre des obstacles artificiels... au cas où les vrais n’auraient pas suffi ?

Et que signifie la proposition, deux jours après celle de la LCR, d’une rencontre aux organisations politiques et syndicales qui se sont déclarées opposées au projet du MEDEF... mais pas à la LCR (ni d’ailleurs aux organisations de chômeurs...) ? La LCR serait-elle moins opposée au projet du MEDEF... que la CGC, FO ou la CGT, ou encore le PCF ?

Aujourd’hui, LO et la LCR semblent donc reparties dans les vieilles ornières dont elles semblaient l’une et l’autre avoir voulu sortir à l’occasion des élections européennes. Allons-nous assister à une répétition de la décennie qui a précédé ces européennes, où les errements de l’une justifiaient ceux de l’autre organisatiol et vice-versa ? La dérive sur la droite de la LCR, le repliement sur soi de LO ? L’attitude sectaire de LO, la recherche d’alliés dans la gauche gouvernementale de la part de la LCR ?

Le mouvement révolutionnaire tout entier aurait pourtant bien besoin d’une autre politique : l’affirmation d’une opposition sans compromis avec le gouvernement et la gauche plurielle doublée de la volonté de rassembler tous ceux qui peuvent adhérer à cette politique de lutte de classe radicale.

Le 29 juin 2000

Jacques MORAND

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