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Pour un mois de janvier « chaud » !

28 décembre 2004

Avec la nouvelle année, la grève serait-elle revenue à l’ordre du jour pour les dirigeants syndicaux ? Après des mois de parlottes avec les représentants du gouvernement et du patronat – auxquelles ils se sont complaisamment prêtés, allant y compris jusqu’à l’acceptation d’un accord de restriction au droit de grève à la SNCF – ce serait un sain retour des choses. D’autant qu’entre temps les coups contre le monde du travail n’ont pas cessé de pleuvoir et qu’il s’en promet encore de sévères pour les jours qui viennent.

Dès ce premier janvier il va falloir payer davantage pour se soigner, non seulement pour les actes médicaux mais aussi en cotisant plus cher, en particulier aux mutuelles complémentaires. La réforme des 35 heures de Raffarin, c’est pour les uns davantage de travail avec des heures supplémentaires non majorées ou moins majorées, et pour les autres davantage de difficulté en conséquence à sortir du chômage. La loi Borloo c’est plus de « petits boulots » payés en dessous du Smic et plus de facilités pour licencier. Le projet de réforme de l’Unedic pour réduire la hausse du déficit, c’est une nouvelle réduction des indemnités pour les chômeurs. La suppression du lundi de Pentecôte comme jour férié, c’est un jour travaillé à l’œil, autant pour les salariés du public que pour ceux du privé.

S’ajoutent à ces mesures, les projets concernant les services publics qui vont se traduire partout, en dehors de nouvelles difficultés pour les usagers, par des réductions d’effectifs importants. A la SNCF (3000 à 5000 emplois) ; à la Poste (des milliers également avec la fermeture de bureaux, la concentration de centres de tris et la création d’une banque de la poste) ; à EDF/GDF la privatisation devra s’accompagner d’importantes coupes dans les effectifs ; dans l’éducation, Fillon après s’être « occupé » comme on sait des retraites, déposera le 12 janvier un projet d’orientation et avance d’ores et déjà une nouvelle carte scolaire, tablant dans le second degré, sur une diminution de 42 500 élèves, ce qui devrait justifier selon lui la suppression de 3 350 emplois d’enseignants titulaires et de 2 100 professeurs contractuels ! A l’hôpital, pourtant déjà sinistré – et on l’a encore malheureusement constaté notamment pour les services psychiatriques et les urgences, avec un éclat dont on se serait bien passé – c’est au nom de la « rentabilisation » que les restrictions budgétaires vont encore conduire à tailler dans les emplois.

Dans le privé, les licenciements n’en continuent pas moins et le chantage aux délocalisations s’étend insidieusement. Et partout, autant dans le public que dans le privé, les salaires ne rattrapent même pas le coût de la vie, alors que la hausse des prélèvements en réduit encore le montant à l’arrivée.

Des raisons de renouer avec la grève, il n’en manque certes pas ! Et à peu de choses près, ce sont les mêmes partout. Il pourrait alors sembler curieux – si ce n’était malheureusement la répétition d’une habitude – que pour des objectifs identiques, les dirigeants syndicaux échelonnent les appels à la grève : les postiers pour le 18 janvier, les cheminots pour le 19 janvier, les enseignants et les fonctionnaires pour le 20 janvier, quant aux autres… S’il est facile de comprendre, par exemple, que le personnel des casinos ait préféré faire grève à partir du 31 décembre – jour de grand boum pour ce genre d’activité – avec l’idée de faire un grand coup, il est quand même plus dur de faire avaler les raisons d’un éparpillement des dates pour les appels à l’action dans le secteur public. Frapper ensemble, ne serait-ce pas frapper un plus grand coup ?

Comme on le voit les dirigeants syndicaux n’ont pas vraiment décidé de se plonger dans la grève, tout au plus ils y mettent un doigt de pied, mais sans avoir vraiment l’intention de se mouiller à engager une véritable riposte, à la hauteur des attaques du gouvernement et du patronat. Cela ne signifie pas que les travailleurs doivent s’abstenir de participer aux mouvements auxquels ils sont appelés en janvier. Car ce serait donner au gouvernement et aux patrons l’assurance que rien ne s’oppose à continuer sur la même voie. Mais pour qu’il y ait une cohésion et une suite à la riposte ouvrière, il faut que les militants et les travailleurs combatifs s’en mêlent. C’est leur intervention qui pourrait permettre, en dépit de l’éparpillement volontaire, à ces journées d’action d’ouvrir quand même une perspective pour la suite. C’est pourquoi il est à souhaiter que la participation à ces journées dépasse les espérances des appareils dirigeants et mettent malgré eux à l’ordre du jour la question d’un vrai mouvement « tous ensemble ».

Louis GUILBERT

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